Bonne et heureuse année à vous tous et à chacune et chacun de vous .

Mesdames, Messieurs, chers amis,

Dans des domaines bien particuliers de la littérature il existe des genres singuliers ou rares.

C’est ainsi qu’il y a des litanies, des béatitudes, des commandements, des psaumes, des épîtres, des lamentations.

Il existe aussi des salutations, un genre mineur de la littérature sociale et populaire cultivé à certaines époques dans des régions comme par exemple l’aramtrar ou l’alcabasasse

En parcourant récemment des documents d’archives pour un petit travail sur l’évolution de l’imprimerie et ses relations avec l’altimétrie dans la région du Donon, je suis tombé par le plus grand des hasards sur un texte ancien, curieux, d’une langue d’extraction indo européenne traduit en français usuel.

Certains y ont vu une patte plutôt de type dynastie Mandchoue voire tibétaine.

Il a eu controverse. Rien n’est plus fertile que les débats intellectuels mais l’origine chinoise ou extrême orientale a été résolument abandonnée.

Malgré des efforts de recherche soutenus, il n’a pas été possible de lever l’anonymat de l’auteur.

En analysant la première phrase de l’exorde on songe finalement à un moine d’un ordre contemplatif. La suite ferait plutôt penser à un moine dans le siècle, un séculier, sinon carrément à un moine soldat.

De surcroît il y a de curieuses ressemblances qui dégagent comme des relents contemporains auxquels il ne faut évidemment accorder aucune espèce de signification.

Si l’ambiance était suffisamment libre et conviviale, pas trop officielle, je le lirais bien.

Voici  ce que des chercheurs, linguistes et philologues ont appelé les 50 salutations

  • Je vous salue journalistes pleins de phrases, le lecteur est avec vous.

C’est là où l’on songe à un religieux mais à l’évidence d’un siècle passé car aujourd’hui on aurait ajouté le téléspectateur et l’auditeur sont avec vous.

Je continue à lire.

  • Je salue tous les journalistes
  • je salue ceux qui ont une haute conception de leur mission,
  • je salue ceux qui font leur métier avec passion,
  • je salue ceux qui font leur métier avec honnêteté,
  • je salue les autres,
  • je salue ceux qui se lèvent le matin en se demandant comment ils vont « allumer »  le tandem,
  • je salue ceux qui le savent déjà la veille,
  • je salue ceux qui ont des opinions et qui croient qu’elles ne transparaissent pas dans leurs papiers,
  • je salue ceux qui veulent que leurs opinions transparaissent dans leurs papiers,
  • je salue ceux qui estiment que leur papiers leur appartiennent et qui ne songent pas à les offrir à leurs lecteurs,
  • je salue ceux qui ont déjà leur papier tout fait quand ils font croire à leur interviewé qu’ils vont vraiment lui demander son avis,
  • je salue ceux qui règlent des comptes,
  • je salue ceux qui veulent de l’originalité et rien que de l’originalité
  • je salue ceux qui acceptent de comprendre et qui sont indulgents,
  • je salue ceux qui accomplissent l’exploit d’écrire tous les jours,
  • je salue ceux qui aiment le bel ouvrage d’écriture,
  • je salue les folliculaires et ceux qui scribouillent
  • je salue ceux qui connaissent le vertige de la page blanche,
  • je salue les malins, les habiles, les experts.
  • je salue ceux qui travaillent d’arrache pied matin, midi et soir et peut-être la nuit et qui sont incollables
  • je salue les spécialistes et les pointus,
  • je salue ceux qui sont entrés en journalisme comme on entre en religion,
  • je salue ceux qui y sont par hasard,
  • je salue ceux qui ne parleront jamais de la vitalité culturelle de leur ville, ni des TAPS, ni des Conversations, ni du Parlement des philosophes, jamais, jamais…
  • je salue ceux qui dénient aux élus la possibilité de la comprendre la culture
  • je salue les mêmes qui sont convaincus qu’ils « sont » la culture
  • je salue ceux qui savent, qui savent encore et qui savent toujours et eux seuls
  • je salue ceux qui sont convaincus qu’ils « sont » et « font » les politiques, les hommes comme les actions
  • je salue ceux qui aux gibelins sont guelfes, et aux guelfes, gibelin.( j’expliquerai tout à l’heure…)
  • je salue les sceptiques,
    • je salue les enthousiastes,
    • je salue ceux qui ont de l’humour et qui savent rire d’eux même en même temps qu’ils rient des autres,
    • Je salue ceux qui passent des nuits à dénicher sur le net des sites politiques d’opposition pour en faire la « réclame » dans leurs papiers
    • je salue ceux qui ne se font jamais engueuler par des élus et qui en sont frustrés
    • je salue ceux qui connaissent la jubilation de se faire engueuler et qui en tirent leur miel
    • je salue ceux qui se souhaitent des élus intelligents et qui comme monsieur de Soubise les cherchent avec leur lanterne
    • je salue ceux qui connaissent des élus qui comptabilisent le nombre de titres et de photos, d’enregistrements et de diffusions qui leur sont consacrés,
    • je salue ceux qui ont la belle obsession de leurs auditeurs et de leurs lecteurs
    • je salue ceux qui cherchent à mettre la barre plus haut
    • je salue les journalistes parisiens de passage et qui avouent pouvoir dire et écrire n’importe quoi parce qu’ils ne reverront pas leurs victimes,
    • je salue ceux qui débarquent de la capitale pour faire des dossiers sur la ville en réussissant à faire acheter des pages de publicité à ceux qu’ils vont brocarder,
    • je salue ceux qui murmurent et chuchotent
    • je salue ceux qui font des micros trottoirs en fuyant ceux qui ne sont pas mécontents
    • je salue ceux qui sont libres et qui luttent pour ceux qui sont enfermés
    • je salue ceux qui sont loin de France, embastillés, pour délit d’opinion
    • je salue les journalistes malmenés, torturés, et ceux qui ont été assassinés pour avoir tenu à écrire et à dire
    • je salue ceux qui sont disparus
    • je salue ceux qui sont retenus
    • je salue ceux qui sont revenus,
    • je salue la liberté de la presse car elle est fille de la vie
    • je salue ceux qui maintenant ne vont pas applaudir,
    • je salue ceux qui en aurait envie mais qui pensent que cela ne doit pas se faire
    • je salue ceux qui vont peut-être le faire quand même

    Pour tous sans exception je forme des vœux de santé et de sucés.

    bonne et heureuse année 2005