En tout génie s’attarde un adolescent. Marc Zuckerberg et Bill Gates sont des super génies de l’informatique et…des affaires, ils savent aussi être de magnifiques adolescents. Pour se déstresser de leur vie de milliardaires, toujours à la recherche de quelque innovation, ils ont renoué avec un exercice issu, à n’en pas douter, de leurs souvenirs d’étudiants espiègles: se verser un seau d’eau glacée sur la tête. La pratique n’est pas dénuée d’effets thérapeutiques et des neurones surchauffés en ont surement besoin.

C’est ainsi que Marc Zuckerberg- 30 ans et 30 milliards de dollars de fortune - défia son concurrent Bill Gates -44 ans, 77 milliards de dollars - Filmé et balancé sur la toile « le défi » enflamma l’univers des stars et sous stars de tous ordres. On connaît le procédé de la chaine des « nommés ».

Le truc est habile : vous vous versez un seau d’eau glacée sur la tête et du coup vous aidez la lutte contre la maladie de Charcot. Qui pourrait être rétif à cet argument ?

Mais le seau n’est pas versé en toute discrétion dans un coin de jardin, chaque aspersion se fait sous les sunlights. Le douché est immédiatement promu au rang de star, buzz sur la toile garanti !

La grande majorité de ceux qui sont malicieusement nommés par un douché acceptent à leur tour de se glacer le crâne et les commentaires admiratifs qui accompagnent le seau d’eau les exonèrent de tout ridicule, il s’agit exclusivement d’une B.A.!

Si la sphère médiatique et son unanimisme laudatif permettaient que l’on prenne un peu de recul on pourrait jeter un regard neutre et objectif sur les têtes douchées.

On pourrait peut être constater qu’ils ont tous l’air ridicules souvent accompagné de gloussements ou de caquètements désopilants.

On aurait le droit de dire que pour la grande majorité le fait d’être vedettarisé, l’emporte sur l’acte de générosité, que c’est leur motif principal.

On constaterait aussi que faire dorénavant, en toute discrétion, un don en faveur du cancer, du sida, d’autres causes humanitaires, sera très ingrat. À moins de rechercher, en accompagnement, des exercices de type « Fort Boyard »… Ramper au milieu d’une colonie d’araignées, plonger dans un aquarium infesté de piranhas,  grimper sur des cocotiers enrobés de barbelés, caresser des serpents couvant leurs œufs, chatouiller des lions dans leur cage, chaque exercice filmé servant une noble cause.

Le «  Ice bucket challenge », comme tout le monde le dit en bon français, constitue un pas de géant, un progrès colossal en faveur de la société du spectacle chère à Guy Debord.

Issue de la pensée unique l’unanimité benoite qui entoure le seau d’eau, est révélatrice de l’air du temps.

Pourtant il n’est pas prouvé que voir son maire, son député, son président, bref son élu, grimaçant et couinant sous un seau d’eau, le rende plus sympathique et plus efficace.

Quant aux dons, signalons le, il est toujours permis de les effectuer loin des caméras et, comme dit le philosophe : « La vraie générosité est discrète ».