Comme la plupart des projets de l’actuel président de la République celui sur les régions crée du désordre et divise les français.

Inspirée par une vraie bonne intention, simplifier la vie administrative, sa proposition est une fausse bonne solution. Elle a été façonnée dans la précipitation sur base de petits arrangements et elle apparaît incohérente à beaucoup.

Le pire dans cet exercice de découpage est bien le projet de région « Limousin-Poitou-Charente-Centre »  assemblage catastrophe de pays dont on ne savait que faire et qui n’ont aucun lien entre eux.

En réalité l’intérêt de ce « fusionnage » ne saute pas aux yeux. L’argument des grandes régions « à dimension européenne »  ne convainc pas, celui des économies laisse dubitatif et sceptique.

L’UMP aux coté des extrémistes et des autonomistes

Dans l’Est il est proposé de fusionner, - le mot est malheureux -, l’Alsace et la Lorraine. La Champagne prévue dans un premier temps a été écartée et on a oublié d’expérimenter l’addition du territoire de Belfort.

Le président de la région Alsace et son homologue Lorrain ont annoncé leur accord au cours d’un « sommet » à Wingen sur Moder. On suppose qu’ils ont été mandatés par leurs assemblées.

Pourtant à considérer les réactions qui se font jour on n’a pas le sentiment d’une complète adhésion des alsaciens. Le président de l’UMP et un grand nombre de parlementaires UMP sont opposés. Des secrétaires départementaux adjoints de l’UMP mènent un combat plus radical aux cotés des extrêmes et des autonomistes. (DNA 19/6/14)

En effet ce projet génère un effet pervers. Il redonne du souffle aux autonomismes avec le sentiment très net du repli identitaires

Certaines de ces oppositions, virulentes et tonitruantes sont fondées sur l’irrationnel en agitant la crainte de voir disparaître l’Alsace.

Qui pourrait imaginer une disparition de l’Alsace ? Qui pourrait la voir, « rayée de la carte » comme l’écrivent MM. Bourhis et Lebold de l’UMP? (DNA 18/6/14)

Cet argument destiné à faire peur fait penser à ceux utilisés pendant la campagne pour notre malheureux référendum : Colmar va voir supprimée sa préfecture et sera sous tutelle de Strasbourg !

Car les partisans de « Touche pas à l’Alsace »  suscitent un autre sentiment irrationnel et stupide : la peur de la Lorraine.

Le repli identitaire

Ces arguments fallacieux sont, comme toujours fondés sur le conservatisme et, il faut bien le reconnaître, sur le repli identitaire.

On veut préserver quelle identité administrative? Voyons la réalité en face. Le référendum a porté un mauvais coup à l’Alsace dont elle mettra longtemps à se relever. Le sentiment qui en résulte est que  notre identité est fondée sur une mosaïque d’intérêts particuliers géo localisés. Ce qui se dégage d’avril 2013 c’est que le Haut-Rhin voulait rester le Haut-Rhin, Colmar s’opposait à Strasbourg, chacun voulait continuer à régner sur son petit pré carré.

Il y a donc quelque chose de désespérant dans ces réactions fondées sur l’immobilisme et qui, aux yeux des autre régions, à commencer par la Lorraine, portent atteinte à la crédibilité de l’Alsace et à la confiance qu’elle peut avoir en elle.

 Remettre sur le métier ce mauvais projet

Le projet Hollande est globalement mauvais, vide de tout contenu, générateur d’irrationnel. On peut ne pas être d’accord avec la fusion de l’Alsace à la Lorraine mais il

faut en débattre sereinement, arguments contre arguments. Il faut organiser une vraie concertation et, en tous les cas, remettre l’ouvrage sur le métier

Quant à ceux qui crient « Touche pas à l’Alsace » ils desservent l’Alsace et le temps pourrait advenir où les mêmes décerneraient des brevet de pureté alsacienne en maniant la notion de souche alsacienne.

Je conclurai en citant un comédien alsacien important, acteur dans de nombreux grands films et pièces de théâtre qui, dialoguant avec moi, me disait son ras le bol d’une certaine Alsace, « cette grosse endormie sous sa couverture de choucroute et de victimisation »

Provocation d’artiste sans doute un peu excessive mais destiné à nous réveiller.