Je me permets d’estimer que la proposition d’accorder le nom d’une place de Strasbourg au 17 octobre 1961 n’est pas une urgence ni une nécessité.

De quoi s’agit-il ? De commémorer, en l’inscrivant de manière définitive dans notre ville, les massacres commis le 17 octobre 1961 par la police française de manifestants algériens dans les rues de Paris à l’appel du FLN.

Faits en effet horribles comme il y en eut malheureusement trop pendant ce conflit.

Ces massacres ont été évoqués le 17 octobre 2012, par le Président de la République François Hollande dans un communiqué que par souci d’honnêteté je vais citer ici : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes »

Voilà. La reconnaissance officielle a été formulée par la France et l’hommage aux victimes également.

Ces tragiques événements ne peuvent occulter tous les faits et exactions terribles qui se sont malheureusement déroulés pendant la guerre en Algérie.

 

Les jeunes soldats Strasbourgeois et Alsaciens tombés dans ce conflit ont leurs noms gravés collectivement sur différents monuments aux morts.

Par ailleurs une «Association pour l’édification d’un monument à la mémoire des soldats du Bas-Rhin morts pour la France en Afrique du Nord » a pour objectif de créer un monument à Strasbourg rendant hommage aux 300 soldats morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1964. Notre éminent collègue Aziz Méliani en assure le suivi et ce monument devrait être inauguré au cours de l’année.

Je veux toutefois évoquer un événement particulièrement tragique qui est, à l’indépendance de l’Algérie, le massacre des Harkis, supplétifs engagés dans l'armée française de 1957 à 1962.

Le 14 avril 2012, Nicolas Sarkozy a officiellement reconnu la responsabilité du gouvernement français dans « l'abandon » des harkis après la fin de la guerre d'Algérie en 1962. Cela aussi est un de nos grands remords.

Au total, le nombre de harkis tués après le cessez-le-feu est estimé selon les historiens à 60 000 à 70 000. De nombreux harkis furent également arrêtés et emprisonnés.

Aucune rue ni aucune place de notre ville n’est dédiée à la mémoire de nos soldats ni des supplétifs qui ont portés l’uniforme de la France. Et la date du massacre d’Oran le 5 juillet 1962 reste gravée douloureusement dans les mémoires j’ai eu à ce sujet de nombreux messages demandant que l’on commémore cette date.

Je veux ajouter que la tragédie d’octobre 1961, en plus de réveiller d’anciennes douleurs, en plus de diviser les Français, n’a aucun rapport direct avec notre ville aussi je ne vois pas pour quelle raison Strasbourg ferait un acte de repentance particulier alors que les plus hautes autorités de notre pays l’ont accompli et que d’autres dates méritent d’être inscrites dans nos mémoires.