Que les choses soient claires et que personne ne s’y trompe, nous sommes de fervents supporters de notre Racing.

C’est la mort dans l’âme que nous avons assisté aux sinistres péripéties des trois dernières années, la gestion Ginestet, la vente à Hillali, la catastrophe de la faillite, la ville dont le club porte le nom, spectatrice impuissante.

Nous qui avons connu un Racing triomphant  nous sommes catastrophés par l’inconscience de ceux qui ont laissé filer les choses et la municipalité de Strasbourg ne peut s’exonérer de ses responsabilités.

Aujourd’hui, cinq divisions (cinq !) en dessous du niveau qui était seul digne de notre ville européenne on nous présente les choses comme si nous étions encore en haut de l’affiche. Pourtant le Racing n’est malheureusement plus qu’un club amateur comme un autre et n’a plus le statut de club professionnel.

Les victoires sportives en CFA 2 sont louables - on va monter en CFA 1 -  mais ne nous consolent pas de sa chute spectaculaire, due à de lourdes erreurs de management.

Tous ces événements nous ont obligé à comprendre que c’était bien une logique purement financière qui conduisait les appétits des récents dirigeants.

Aujourd’hui on nous annonce officiellement des miracles sportifs à venir parce que le club serait dirigé par pur amour du football.

L’exception Racing : de l’argent public en-dehors de toute règle normale,

C’est avec cet argument que la municipalité repentante a fait voter contre toute règle normale (il y a un barème de critères concernant tous les sports) de très fortes subventions. C’est aussi avec cette logique de repentance qu’elle a acheté le Centre de formation auquel un club amateur n’a d’ailleurs pas droit.

Le tout puissant adjoint Fontanel nous a été annoncé officiellement en conseil municipal que le repreneur actuel injectait 2,3 millions d’euros de sa poche dans un club dont il veut relever le challenge sportif, par amour du football.

Qui pouvait être insensible à une telle argumentation fondée sur un tel geste d’abnégation philanthropique en faveur de notre Racing ?

Après avoir posé les questions qu’il fallait nous nous sommes laissés gagner par l’engagement financier, la générosité et l’altruisme sportif du repreneur et nous avons voté ces subventions de 750.000 euros au total qui constitueraient un complément au 2,3 millions du repreneur.

Or nous apprenons avec consternation qu’il n’en est rien. Le repreneur n’a pas mis un seul centime dans le Racing.

Pire il vit « sur la bête » comme on dit, une « bête » que nous croyions exsangue.

Alors qu’on nous avait laissé entendre qu’après  qu’il « ne restait plus qu’une chaise »  au Racing, voilà que, telle la miraculeuse multiplication des pains, cette chaise a généré quelques 700.000 euros de trésorerie qui apparaissent soudainement et sur laquelle vit l’actuelle direction.

Pire encore nous apprenons que les intentions du repreneur étaient - et sont - purs calculs spéculatifs.

Une rente à vie

Son projet consiste à faire fortune en n’ayant pas investi le moindre centime sinon 150.000 euros pour l’achat à son profit personnel, de la marque dont il est maintenant seul propriétaire et qu’il compte faire fructifier. Son but  consiste à réussir des remontées sportives, saison après saison, (bravo et tous nos vœux) mais cela signifiera, au bout du chemin, une valeur financière de sa marque de1,5 millions pour 150.OOO de mise initiale (valeur 250 000 en CFA 1 ; 400 000 en Nationale ; 900 000 en Ligue 2 et 1,5 million en L1.).

Ces sommes seraient des « contreparties annuelles »  à la location de la marque par son propriétaire au club. Même si le propriétaire quittait le club il aurait droit à une rente annuelle d’un minimum de 150.000 euros et d’un maximum de 1,5 millions annuels.

Si tout se déroulait selon le plan des succès sportifs escomptés le propriétaire de la marque empocherait 3,2 millions en cinq ans, pour 150 000 euros d’investissement. Ceci résulte des conventions que le repreneur veut faire signer à l’association support.

Ah cet irrésistible amour du sport !!!

Avec l’argent du contribuable

Or, pour l’instant c’est avec de l’argent public et exclusivement avec de l’argent public que cette spéculation est en marche.

Dès lors, avons nous le droit de nous taire ?

En nos qualités d’élus municipaux nous voulons rappeler que les 750.000 euros d’argent du contribuable n’ont été votés que parce que le généreux mécène allait investir lui même avec ses fonds propres et privés.

Ce n’est pas notre conception du service public, nous n’avons pas été élus pour cautionner les spéculations financières privées sur le dos du contribuable.

Nous avons aujourd’hui le sentiment d’avoir été dupés. On nous menti, on a menti aux supporters et à tous les strasbourgeois.

Que le fan club du repreneur ouvre les yeux et se rassure ! Nous demandons que le plan de financement initialement annoncé soit respecté, que le repreneur tienne parole. Qu’il apporte au club les 2,3 millions d’euros promis, qui auraient dores et déjà dus être versé. Qu’il n’en fasse pas une opération spéculative aussi énorme à travers les incroyables conventions qu’il a proposées à l’association.

Le football professionnel, ce qui n’est plus aujourd’hui le cas du Racing, est bien évidemment sous tendu par des flots de millions dont l’exemple extrême et le plus choquant est celui du PSG.

Il nous semble tout à fait logique que des financiers s’intéressent à un club en y investissant des fonds, eux même. Mais si les repreneurs ne comptent que sur leur habileté à faire payer le contribuable nous ne pouvons être d’accord.

Il appartient à la municipalité de faire respecter les engagements et de s’opposer à des conventions aussi unilatéralement spéculatives, au profit d’un seul.

Quant à ceux qui ne veulent voir que les résultats sportifs qu’ils sachent que la période qui vient de s’écouler démontre que tout est possible si le repreneur investit !