Deux éléments, qui ressortent des contributions actuelles des têtes de listes sur la culture, m’interpellent à des degrés divers.

1)   Presque chaque liste évoque avec constance : la culture alsacienne et le bilinguisme. C’est comme s’il y avait une surenchère : qui sera le plus alsacien ! Est ce bien la question ?

Et d’ailleurs, qu’est ce qu’être alsacien en 2010 ? Parler le dialecte, avoir un arbre généalogique « pur », être blond ? Avoir au minimum 1m70 ?  Boire de la bière dans les fêtes dédiées à ce breuvage ? N’aimer que la choucroute ?

NON, l’Alsace a changé, elle est diverse elle est métissée comme elle le fut au temps où les suédois livrèrent bataille en Alsace où les optants de 1872 se sont exilés et où des prussiens sont venus peupler l’Alsace, où des travailleurs italiens, portugais, polonais sont « devenus » alsaciens. Cette évolution se poursuit et il faut y voir un enrichissement.

Moi qui suis né à Strasbourg avec le dialecte sur ma langue et dans mon cœur je suis évidemment partisan que l’Alsace cultive ses traditions MAIS, il y ne doit y avoir aucune exclusivité ! Je suis pour LA CULTURE EN ALSACE dont la CULTURE ALSACIENNE EST UNE COMPOSANTE mais elle n’en est pas l’exclusivité ;

Bref la culture en Alsace doit être riche de ses diversités, elle ne doit pas se replier sur elle même et craindre la confrontation avec la culture d’autres régions d’Europe.

2)   Jacques Cordonnier et certains de ses partisans, sur mon blog, opposent « l’art » et « la culture ». Là encore il conviendrait de s’entendre sur le sens des mots. La culture est riche, multiple et diverse. L’art en est une des plus éminentes composantes. Mais, vénérer et cultiver (!) notre patrimoine architectural, musical, littéraire, pictural n’est pas à proprement de l’art au sens création, ou alors création du passé. Chacun peut se cultiver, mais chacun n’est pas forcément destiné à être un artiste, un créateur. Enfin je rappelle que privilégier le mot art dans le domaine qui nous intéresse : l’action publique, constitue un retour en arrière, une régression en quelque sorte. En effet sous la quatrième République existait un ministère des « beaux arts » et c’est Malraux, cité par Jacques Cordonnier, qui créa le ministère de la Culture, étendant ainsi le champ d’action concerné par l’ouverture à toutes les œuvres de l’esprit.

Je déduis de cette préférence de l’art à la culture et même de la péjoration du mot culture une volonté de privilégier l’élite et de ne pas la laisser perturber par le « vulgus » qui aurait accès aux mêmes niveaux de connaissances et de jubilations par la culture que l’élite. Serait ce cela une conception de droite de la culture ?

Ce n’est pas la mienne.