Sur la face est de la médiathèque Malraux se trouve la très belle phrase du général De Gaulle: “ A ma droite j’ai et j’aurais toujours André Malraux. La présence à mes cotés de cet ami génial, fervent des hautes destinées, me donne l’impression que par là, je suis couvert du terre à terre”

Je n’ai cessé de dire et d’écrire ce que Malraux représentait de génial et de fabuleux à travers les générations...écrivain, combattant de la liberté, guerrier antifasciste, artiste et critique d’art, ministre, orateur...

J’ai eu l’immense bonheur de l’entendre me confier son voeux que “nous maintiendrions...” Il me l’avait dit, chez lui, à Verrière le Buisson.

Toute sa vie vie Malraux a été de manière sublime et flamboyante un combattant contre tous les fascismes.

Son engagement en faveur de la culture est aussi une proclamation forte qui n’a cessé de m’inspirer. Comment ne pas être sensible à sa phrase: ”Publier la culture c’était d’abord redonner au public le goût de croire dans la force de l’art”

Toute la vie, toute l’oeuvre, tous les combats de Malraux ont été inspiré par l’humanisme.

Ma fierté et mon honneur auront été de donner à ce site des anciens silos du  port le nom de “presqu'île Malraux” et d’y installer la grande médiathèque, lieu éminent de culture, de rencontres et de convivialité.

Je suis outré par la petite querelle mesquine et subalterne qui est développée avec gourmandise dans le journal local et qui a été provoquée par l’éradication d’une citation d’écrivain. J’ai donné mon point de vue sur le respect qu’il convient de manifester aux oeuvres d’art...Où s’arrêterait la censure et la destruction si cette voie devait être suivie? Pourquoi détruire telle phrase au nom de tel “idéal” et refuser à tel autre “idéal” de bénéficier du même traitement. 

Puisqu’il est question de Céline dont je condamne avec la dernière énergie l’intolérable anti sémitisme on pourrait se demander si la destruction de sa phrase est une amorce à une éradication plus complète. Faut-il brûler ses oeuvres, les faire disparaître des librairies, des bibliothèques? Tous les critiques qui considèrent “Voyage au bout de la nuit” comme un chef d’oeuvre doivent-ils être condamnés?

Pourquoi avoir déclenché cette querelle aujourd’hui qui a soulevé plus de révolte que de soutien contre l’éradication d’une citation anodine?

Pourquoi de manière entièrement manipulée, évoquer une phrase de Brecht qui aurait été refusée? Pourquoi ces mesquineries de boutiquiers alors que le nom géant de Malraux est à lui seul une proclamation contre le fascisme, lui qui a combattu aux côté des communistes en Indochine, qui a créé les brigades internationales contre Franco en Espagne et qui a commandé la Brigade Alsace Lorraine pour libérer l’Alsace du joug nazi. Lui enfin qui était judéophile et dont Jean Lacouture, dans son dernier ouvrage, évoque la fascination pour la religion, lui qui était agnostique et “qui refusait le refus de dieu”. 

Avec Malraux on ne cesse de côtoyer l’essentiel et cette querelle de petit politicien est totalement indigne. 

Mais où donc se trouve la dignité aujourd’hui? Où donc s’exprime le courage?  

Sans aucun rapport avec une quelconque actualité je retiens ce chiffre: au temps de l'occupation nazie en France un peu moins de 1% de français étaient engagés ou concernés par la résistance.

La passivité pour ne pas employer un mot plus dur serait-elle réellement la caractéristique de cette si permanente “majorité silencieuse”?