Droit de réponse sur une polémique de bas étage… pour une polémique de haute volée. 

Je n’avais pas connaissance de l’interview de mon collaborateur Thibault Fourrier avant sa parution, et je la récuse absolument tant elle traduit en rien la réalité des faits. Je dois souligner d’abord combien je trouve cette polémique ridicule, et combien me paraît tout aussi risible l’accident qui l’a engendrée, à savoir la suppression de la porte des toilettes sur laquelle figurait la « fameuse » citation de Céline. Cette affaire de très bas étage vise manifestement à souiller un maître d’ouvrage qui, dans un monde pétris de consensus mou et insignifiant, a pourtant initié et accompagné dans la durée un projet particulièrement audacieux. Je suis donc choqué par cette interview, et me permets d’intervenir pour souligner aussi fortement que possible combien le dialogue que j’ai noué avec Robert Grossmann fut de qualité, et combien celui-ci nous a soutenus en tant que créateurs en prenant systématiquement le parti du projet. Je le dis avec d’autant plus de clarté et de sincérité que, par ailleurs, mes opinions politiques ne rejoignent en rien les siennes. Je tire d’ailleurs également mon chapeau à la nouvelle municipalité qui a accepté ce projet en héritage sans en dénaturer ce qui en fait sa qualité.

Je dois ensuite souligner que ce projet défend le parti de la littérature qui ne doit cesser de se défendre, et de se développer, contre les attaques dangereuses dont elle peut faire l’objet. Cette piètre polémique est donc pour moi l’occasion de réaffirmer avec vigueur mon désir de voir ce projet se poursuivre dans le temps, et de voir les murs de la médiathèque André Malraux accueillir dans l’avenir de nouvelles citations. La meilleure réponse à faire est me semble-t-il celle-ci, à savoir faire débat par surcroît de littérature. C’est défendre ce qui fait notre richesse, à nous citoyens de tout bord, à savoir la culture vivante et contradictoire, celle qui suscite polémiques de haute volée. C’est inviter notre nouveau prix Nobel de littérature à  nous offrir une phrase. C’est poursuivre avec acharnement, nous aujourd’hui comme les responsables à venir demain, la mise en valeur des trésors de la littérature. C’est savoir accueillir et défendre les textes qui constituent ce trésor, y compris même lorsque ces textes sont l’œuvre de personnages aussi abjects que Louis-Ferdinand Céline.

Ruedi Baur