Quels sont les faits ? Le ministre de l’éducation du Bade Wurtemberg, Helmut Rau, a déployé tous ses efforts pour faire de la langue du voisin, le français, la première langue étrangère de sa région.

Cette initiative doit être saluée avec enthousiasme et reconnaissance. Elle tient compte des réalités géographiques et politiques de la vallée du Rhin supérieur au XXI ième siècle.

Un bilinguisme réciproque faisant sur chaque rive du Rhin de la langue du voisin une langue familière est de nature à renforcer de manière réelle et efficace tous les efforts de coopération entrepris. Je peux parler en connaissance de cause de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau.

Un recours devant le tribunal administratif de Mannheim vient d’anéantir cette volonté. « Le maire de Karlsruhe est content, les parents d’élèves jubilent » rapporte l’article des DNA.

Nos voisins veulent apprendre l’anglais. Ils ne veulent pas du français. Dont acte. Une des raisons évoquées dans cet article est que très peu d'allemands cherchent à travailler en France alors que plus de français vont travailler en allemagne. Humiliant non?

Mais, rien ne saurait exprimer de manière plus réaliste et plus cruelle que l’anglais est bien la langue internationale qui a dominé et écarté toutes les autres langues et notamment le français. L’anglais serait donc bien la nouvelle lingua français, du moins en Europe. C’est moins vrai ailleurs dans le monde ou l’espagnol est vigoureux.

Si les allemands ne veulent pas du français chez eux, un certain nombre de parents d’élèves veulent de l’allemand chez nous. Les plus extrémistes ont même milité pour faire de l’allemand une langue officielle de l’Alsace, en vertu de cette charte des langues minoritaires et régionales qui avait été élaborée par le conseil de l’Europe pour des régions de pays communistes avant la chute du mur de Berlin.

Ce que veulent les allemands pour eux pourrait fort bien s’appliquer chez nous aussi, à savoir privilégier l’anglais au détriment de la langue du voisin.

C’est déjà le cas, malheureusement, et, hélas, tant le français en Allemagne que l’allemand en France reculent de manière spectaculaire.

 

Je crois pour ma part que les parents d’élèves allemands et le maire de Karlsruhe ont tord de jubiler !

 

C’est un très mauvais coup rendu à la vallée du Rhin supérieur que de ne pas favoriser la pratique de la langue du voisin. Faudra-t-il vraiment que lors des rencontres entre voisins nous parlions tous ensemble l’anglais ?

Les allemands ne veulent-il ou ne peuvent-ils vraiment pas s’exprimer chez nous dans notre langue ?

Et nous pratiquer un allemand sommaire et approximatif ?

Ce combat là, en faveur des langues du voisin, devrait être sérieusement repris d'un coté comme de l'autre du Rhin!