le discours de Nicolas Sarkozy Porte de Versailles dimanche 14/01 est d'une qualité exceptionnelle
Par Robert Grossmann le mercredi, 17 janvier 2007, 08:39 - politique - Lien permanent
Mes chers amis,
Dans ce moment que chacun devine si important pour la France, si important pour l'avenir de chacune de vos familles, si important pour moi, plus que nimporte quel autre sentiment, ce qui métreint surtout cest une émotion profonde. Cette émotion, jaurais pu essayer de la qualifier, jaurais pu lexprimer dans un mot, jaurais pu vous dire merci mais ce merci naurait pas été à la hauteur de ce que jéprouve en cet instant. Il y a des sentiments qui sont si forts quil ny a pas de mot assez grand pour les dire. Il y a des sentiments qui se ressentent tellement quon na pas besoin de les nommer.
Cette émotion qui me submerge au moment où je vous parle, je vous demande de la recevoir simplement comme un témoignage de ma sincérité, de ma vérité, de mon amitié.
A lorée de cette campagne où pendant des semaines je vais beaucoup donner, beaucoup recevoir et, peut-être, beaucoup payer- je veux que chacun dentre vous soit convaincu de la farouche détermination, de lénergie infinie que jirai puiser dans la part la plus profonde de moi-même pour faire triompher la cause qui nous unit tous. Je le sais aujourd'hui, je n'ai pas le droit de vous décevoir, pas le droit d'hésiter, tout simplement pas le droit d'échouer !
Toute ma vie jai rêvé dêtre utile à la France, à mon pays, à ma patrie. Aujourdhui vous venez de réaliser la première étape de ce rêve. Seule compte à cet instant lespérance de la foule immense que vous formez, tendue vers un seul but : la victoire de
Oui, mes chers amis, tous ensemble réunis, unis, solidaires, tout devient possible.
A cet instant où pour moi tout change, je ne peux mempêcher de penser à ceux qui mont fait rêver dune autre destinée, dune vie plus grande, dun avenir plus passionnant. Ils ont été pour moi une source de réflexion, despérance, et même parfois de confiance.
Eux, ce sont les héros de la Résistance et de
Il mont appris, parce qu'ils le savaient mieux que quiconque, ce qu'était le gaullisme : non une doctrine que le Général de Gaulle n'avait jamais voulu mais une exigence morale, l'exercice du pouvoir comme un don de soi, la conviction que la France nest forte que lorsquelle est rassemblée, la certitude que rien n'est jamais perdu tant que la flamme de la résistance continue de brûler dans le cur dun seul homme, le refus du renoncement, la rupture avec les idées reçues et lordre établi quand ils entraînent la France vers le déclin.
Ces hommes furent grands dans la guerre comme dans
Je veux rendre hommage à Jacques Chaban-Delmas, général de la résistance à 29 ans, au rêve si beau, si prémonitoire, de
Je veux rendre hommage à Achille Peretti, grand résistant, qui me confia mon premier mandat de conseiller municipal. Comme je veux dire mon amitié à Edouard Balladur qui ma fait confiance en me donnant mes premières responsabilités ministérielles alors que jétais si jeune encore. Je veux dire mon respect à Jacques CHIRAC qui en 1975 à Nice m'a offert mon premier discours.
Ils mont enseigné, à moi petit Français au sang mêlé, l'amour de la France et la fierté d'être français. Cet amour n'a jamais faibli et cette fierté ne m'a jamais quittée. Longtemps ce sont des choses que j'ai tues. Longtemps ce sont des sentiments que j'ai gardés pour moi, comme un trésor caché au fond de mon cur que je n'éprouvais le besoin de partager avec personne. Je pensais que la politique n'avait rien à voir avec mes émotions personnelles. J'imaginais qu'un homme fort se devait de dissimuler ses émotions. J'ai depuis compris qu'est fort celui qui apparaît dans sa vérité. J'ai compris que l'humanité est une force pas une faiblesse.
J'ai changé. J'ai changé parce qu'à l'instant même où vous mavez désigné j'ai cessé d'être l'homme d'un seul parti, fût-il le premier de France. J'ai changé parce que l'élection présidentielle est une épreuve de vérité à laquelle nul ne peut se soustraire. Parce que cette vérité je vous
J'ai changé parce que les épreuves de la vie m'ont changé. Je veux le dire avec pudeur mais je veux le dire parce que cest la vérité et parce quon ne peut pas comprendre la peine de lautre si on ne la pas éprouvée soi-même.
On ne peut pas partager la souffrance de celui qui connaît un échec professionnel ou une déchirure personnelle si on na pas souffert soi-même. Jai connu l'échec, et j'ai dû le surmonter.
On ne peut pas tendre la main à celui qui a perdu tout espoir si lon na jamais douté. Il m'est arrivé de douter. N'est pas courageux celui qui n'a jamais eu peur. Car le courage c'est de surmonter sa peur.
Cette part dhumanité, je lai enfouie en moi parce que jai longtemps pensé que pour être fort il ne fallait pas montrer ses faiblesses. Aujourdhui jai compris que ce sont les faiblesses, les peines, les échecs qui rendent plus fort. Quils sont les compagnons de celui qui veut aller loin.
J'ai changé parce que le pouvoir m'a changé. Parce qu'il m'a fait ressentir l'écrasante responsabilité morale de
J'ai changé parce que nul ne peut rester le même devant le visage accablé des parents d'une jeune fille brûlée vive. Parce que nul ne peut rester le même devant la douleur quéprouve le mari d'une jeune femme tuée par un multirécidiviste condamné dix fois pour violences et déjà une fois pour meurtre. Dans son regard on lit l'incompréhension de celui qui ne comprend pas comment l'indicible a pu être possible. Je suis révolté par l'injustice et c'en est une lorsque la société ignore les victimes. Je veux parler pour elles, agir pour elles et même, même s'il le faut crier en leurs noms.
J'ai changé parce qu'on change forcément quand on est confronté à l'angoisse de l'ouvrier qui a peur que son usine ferme.
J'ai changé quand j'ai visité le mémorial de Yad Vashem dédié aux victimes de
J'ai changé quand j'ai lu à Tibhirine le testament bouleversant de frère Christian, enlevé puis égorgé par des fanatiques avec six autres moines de son monastère. Le GIA avait prévenu : « nous égorgerons ». On retrouva les sept têtes des moines suppliciés sans leurs corps.
Deux ans auparavant, cet homme de charité avait par avance pardonné à son assassin : « s'il m'arrivait un jour d'être victime du terrorisme, (
). Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui les enfants de l'Islam tels qu'il les voit (
). Et toi aussi l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui pour toi aussi je le veux, ce Merci, cet « A-Dieu » (
). Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis sil plaît à Dieu notre Père à tous deux ! » Par son humanité immense, par sa volonté de rassembler les hommes le frère Christian fait honneur à la France laïque et républicaine.
A Tibhirine, jai compris ce qu'est la force invincible de l'amour et le sens véritable du mot « tolérance ».
A Tibhirine, le frère Christian m'a enseigné, par-delà la mort, que ce que les grandes religions peuvent engendrer de meilleur est plus grand ce qu'elles peuvent engendrer de pire, que les extrémismes et les intégrismes ne doivent jamais être confondus avec le sentiment religieux qui porte une part de l'espérance humaine.
Opposer ce sentiment religieux à la morale laïque serait absurde. Nous sommes les héritiers de deux mille ans de chrétienté et dun patrimoine de valeurs spirituelles que la morale laïque a incorporé. La laïcité à laquelle je crois, ce nest pas le combat contre
J'ai changé quand j'ai rencontré Mandel, ce grand Français. J'avais voulu écrire sa vie pour réparer une injustice, pour changer le regard des autres sur cette destinée tragique. C'est mon regard sur la politique qui s'en est trouvé transformé. Georges Mandel avait la passion de
Au milieu de la débâcle, il est lun de ceux qui plaident pour
Le 24 juillet, sa fille écrit à Pierre Laval : « Je suis encore bien petite et bien faible à côté de vous (
). Je veux vous dire M. Laval que je plains beaucoup votre fille. Vous allez lui laisser un nom qui marquera dans l'histoire. Le mien aussi. Seulement le mien sera celui dun martyr."
Ce jour-là, la France s'appelle Claude Mandel. Elle a 14 ans, son père vient d'être assassiné non par l'occupant mais par des Français ennemis de
La France
La France, elle a 19 ans et le visage lumineux d'une fille de Lorraine quand Jeanne comparaît devant ses juges.
Elle a 32 ans et le visage d'un émigré italien naturalisé français, quand Gambetta quitte en ballon Paris assiégé pour organiser la résistance aux Prussiens.
La France, elle a 44 ans, le visage ensanglanté de Moulin quand il meurt sous la torture « sans avoir livré aucun secret, lui qui les savait tous. »
Elle a 50 ans et la voix du Général de Gaulle le 18 juin 1940.
Elle a 56 ans, le visage noir d'un petit-fils d'esclave devenu gouverneur du Tchad et premier résistant de la France d'Outre-Mer. Elle s'appelle Félix Eboué.
Elle a 58 ans et le visage de Zola quand il signe "J'accuse" pour défendre Dreyfus et la Justice.
Elle a 60 ans, le visage dun proscrit qui sappelle Victor Hugo lorsquau commencement des Misérables il écrit : « Tant quil y aura sur la Terre ignorance et misère des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles ».
Elle a 77 ans et la force du Tigre quand Clemenceau déclare en mars 1918 : « Je continue à faire la guerre et je continuerai jusqu'au dernier quart d'heure car cest nous qui aurons le dernier quart d'heure ! »
Elle a la voix, la figure, la dignité d'une femme, d'une mère, rescapée des camps de la mort qui s'écrie à la tribune de l'Assemblée : "nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année mutilent les femmes de ce pays". Ce jour là, elle s'appelle Simone Veil.
Elle a la voix d'un jeune prêtre français, labbé Pierre, qui à la radio un jour de l'hiver 54 lance aux hommes son appel pathétique : « Mes amis au secours. Une femme vient de mourir gelée cette nuit, à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol (
). Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre les hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure (
).
Elle a le visage, lâge de Georges Pompidou quand il évite le pire en mai 68.
La France, elle a le visage, l'âge, la voix de tous ceux qui ont cru en elle, qui se sont battus pour elle, pour son idéal, pour ses valeurs, pour sa liberté.
Elle a le visage, l'âge, la voix de tous les Français qui ont au fond de leur cur la conviction que la France n'est pas finie. Car elle n'est pas finie
A chaque fois quon la crue finie, elle a étonné le monde. A chaque fois elle sest relevée. A chaque fois elle a su trouver en elle la force de ressusciter.
Ma France, cest le pays qui a fait la synthèse entre lAncien Régime et la Révolution, entre lEtat capétien et lEtat républicain, qui a inventé la laïcité pour faire vivre ensemble ceux qui croient au Ciel et ceux qui ny croient pas.
Ma France, cest le pays qui, entre le drapeau blanc et le drapeau rouge a choisi le drapeau tricolore, en a fait le drapeau de la liberté et la couvert de gloire.
Ma France, cest celle de tous les Français sans exception. Cest la France de Saint-Louis et celle de Carnot, celle des croisades et de Valmy. Celle de Pascal et de Voltaire. Celles des cathédrales et de lEncyclopédie. Celle dHenri IV et de lEdit de Nantes. Celle des droits de lhomme et de la liberté de conscience.
Ma France, cest celle des Français qui votent pour les extrêmes non parce quils croient à leurs idées mais parce quils désespèrent de se faire entendre. Je veux leur tendre
Ma France
Ma France
Ma France, cest celle de tous ces Français qui ne savent pas très bien au fond sils sont de droite, de gauche ou du centre parce quils sont avant tout de bonne volonté. Je veux leur dire par-delà les engagements partisans que jai besoin deux pour que tout devienne possible.
Bien sûr il y a la droite et il y a
Mais au-delà de la droite et de la gauche, il y a la République qui doit être irréprochable parce qu'elle est le bien de tous. Il y a lEtat qui doit être impartial. Il y a la France qui est une destinée commune.
Etre de droite cest refuser de parler au nom dune France contre une autre. Cest refuser la lutte des classes. Cest refuser de chercher dans lidéologie la réponse à toutes les questions, la solution à tous les problèmes. C'est refuser de voir dans le contradicteur un ennemi mais un citoyen dont on doit entendre les arguments.
Ma France, cest une nation ouverte, accueillante, cest la patrie des droits de lhomme. Cest elle qui m'a fait ce que je suis. Jaime passionnément le pays qui ma vu naître. Je naccepte pas de le voir dénigrer. Je n'accepte pas qu'on veuille habiter en France sans respecter et sans aimer
Je respecte toutes les cultures à travers le monde. Mais qu'il soit entendu que si on vit en France alors on respecte les valeurs et les lois de la République.
La soumission de la femme c'est le contraire de la République, ceux qui veulent soumettre leurs femmes n'ont rien à faire en France. La polygamie c'est le contraire de
Ma France, cest une nation qui revendique son identité, qui assume son histoire. On ne construit rien sur la haine des autres, mais on ne construit pas davantage sur la haine de soi. On ne construit rien en demandant aux enfants dexpier les fautes de leurs pères.
De Gaulle na pas dit à la jeunesse allemande : « vous êtes coupables des crimes de vos pères ». Il lui a dit : « je vous félicite dêtre les enfants dun grand peuple, qui parfois au cours de son histoire a commis de grandes fautes ».
Au peuple de notre ancien empire nous devons offrir non lexpiation mais la fraternité.
A tous ceux qui veulent devenir Français nous offrons non de nous repentir mais de partager la liberté, légalité et la fierté dêtre Français. Gardons-nous de juger trop sévèrement le passé avec les yeux du présent. Tous les Français durant la guerre nétaient pas pétainistes. Les pêcheurs de lîle de Sein, les paysans du Vercors nétaient pas pétainistes. Les paysans du Périgord qui cachaient au péril de leur vie les Juifs de Strasbourg nétaient pas pétainistes. Tous les Français dans les colonies nétaient pas des exploiteurs. Il y avait aussi parmi eux de petites gens qui travaillaient dur, qui nexploitaient personne et qui ont tout perdu.
Français, prompts à détester votre pays et son histoire, écoutez la grande voix de Jaurès: « Ce quil faut ce nest pas juger toujours, juger tout le temps, cest se demander dépoque en époque, de génération en génération, de quels moyens de vie disposaient les hommes, à quelles difficultés ils étaient en proie, quel était le péril ou la pesanteur de leur tâche, et rendre justice à chacun sous le fardeau. »
Pourquoi la gauche nentend-elle plus la voix de Jaurès ?
Comment penser que lon pourra un jour faire aimer ce que lon aura appris à détester ? Au bout du chemin de la repentance et de la détestation de soi il y a, ne nous y trompons pas, le communautarisme et la loi des tribus. Je refuse le communautarisme qui réduit l'homme à sa seule identité visible. Je combats la loi des tribus parce que c'est la loi de la force brutale et systématique.
Il ne sagit pour personne doublier sa propre histoire. Les enfants des républicains espagnols parqués dans des camps de réfugiés, les enfants des Juifs persécutés par la Milice, les descendants des camisards des Cévennes, les fils des harkis nont rien oublié de leur histoire. Mais ils ont pris, comme moi, fils dimmigré, la culture, la langue et lhistoire de la France en partage, pour pouvoir mieux vivre une destinée commune.
Face au drame algérien, Camus avait dit : « Les grandes tragédies de lhistoire fascinent souvent les hommes par leurs visages horribles. Ils restent alors immobiles devant elles sans pouvoir se décider à rien quà attendre. »
Attendre quoi ? Sinon le pire ?
Il avait ajouté : « La force du cur, lintelligence, le courage suffisent pourtant pour faire échec au destin ».
Pourquoi la gauche nentend-elle plus la voix de Camus ?
Qui ne voit quune fois encore avec du cur, de lintelligence et du courage la clé de notre unité et de notre avenir est dans la République et dans la démocratie ?
*
Depuis le premier jour où elle est apparue dans notre histoire, la République est un combat toujours recommencé pour lémancipation de lhomme. La République commence quand la politique cesse dêtre au service de la volonté de puissance pour se mettre au service du bonheur des hommes.
Le but de la République cest darracher du cur de chacun le sentiment de linjustice.
Le but de la République cest de permettre à celui qui na rien dêtre quand même un homme libre, à celui qui travaille de posséder quelque chose, à celui qui commence tout en bas de l'échelle sociale de la gravir aussi haut que ses capacités le lui permettent.
Le but de la République cest que les chances de réussite soient égales pour tous. Cest que lenfant soit éduqué, le malade soigné, le vieillard arraché à la solitude, le travailleur respecté, la misère vaincue.
Le but de la République cest la reconnaissance du travail comme source de la propriété et la propriété comme représentation du travail.
La République de Jules Ferry nétait pas celle de Danton. Celle du Général De Gaulle nétait pas celle de Jules Ferry. Mais cétait toujours le même idéal poursuivi par des moyens différents. La République nest pas une religion. La République nest pas un dogme. La République est un projet toujours inachevé.
Si nous voulons que la République redevienne un projet partagé, il nous faut passer de la République virtuelle à la République réelle.
La République réelle, cest la République qui ne se contente pas dinscrire la liberté, légalité et la fraternité sur ses monuments, mais qui les inscrit dans la réalité de la vie quotidienne.
La République réelle ce nest pas la République où tout le monde reçoit la même chose. Cest la République où chacun reçoit selon son mérite ou son handicap.
La République réelle cest celle qui fait plus pour celui qui veut sen sortir et qui fait moins pour celui qui ne veut rien faire et dont la société ne peut accepter qu'il vive à son crochet.
La République réelle ce nest pas la République où il ny a que des droits et aucun devoir. Cest la République où les devoirs sont la contrepartie des droits. Je propose quaucun minimum social ne soit accordé sans la contre-partie d'une activité d'intérêt général.
Cest celle où les hommes et les femmes ont les mêmes droits, les mêmes salaires, les mêmes possibilités de carrière, la même considération.
Cest celle où les mères qui veulent travailler peuvent faire garder leurs enfants, où la maternité nest pas un handicap pour la vie professionnelle, où les années consacrées à léducation des enfants sont prises en compte dans le calcul des retraites.
La République réelle à laquelle je crois cest celle qui ne reste pas indifférente au sort de lenfant pauvre, à la souffrance de ceux que la vie na pas épargnés. Cest celle qui garde tous les enfants dont les familles le souhaitent en étude surveillée quand les parents ne peuvent pas soccuper deux parce quils travaillent. Celle qui construit des internats dexcellence pour les élèves dorigine modeste parce quils ne peuvent pas étudier chez eux.
La République virtuelle cest celle qui fait de lélève légal du maître. La République réelle à laquelle je crois cest celle qui veut une école de lautorité et du respect où lélève se lève quand le professeur entre, où les filles ne portent pas le voile, où les garçons ne gardent pas leur casquette en classe.
La République virtuelle cest celle qui veut donner un diplôme à tout le monde en abaissant le niveau des examens. La République réelle cest celle qui veut donner une formation à chacun, celle qui na peur ni de lorientation, ni de la sélection, ni de lélitisme républicain qui est la condition de la promotion sociale. C'est l'école de l'excellence pas l'école du nivellement et de l'égalitarisme.
La République réelle, cest celle où le sport nest pas un ghetto réservé aux jeunes ou aux minorités visibles mais devient une école de la vie parce que les valeurs du sport transcendent tous les âges, toutes les différences, toutes les incompréhensions. Parce que le sport cest une éthique universelle.
La République virtuelle cest celle qui pratique lassistanat généralisé mais qui laisse des gens mourir sur le trottoir. Cest celle qui proclame le droit au logement et qui ne construit pas de logements. Cest celle qui proclame le droit à lemploi et qui renonce à lobjectif du plein emploi. Cest celle qui proclame que le travail est une valeur mais qui fait tout pour le décourager. Cest celle qui proclame la continuité du service public mais accepte que les usagers soient périodiquement les otages des grévistes. Cest celle qui proclame le droit daller et de venir mais cherche sans arrêt des excuses aux délinquants qui empoisonnent la vie de tout le monde.
La République réelle cest celle qui rend effectifs les droits quelle proclame.
C'est la République qui crée des emplois, qui construit des logements qui permet au travailleur de vivre de son travail, qui donne sa chance à l'enfant pauvre, qui met les retraités des régimes spéciaux à égalité avec ceux du secteur privé et de la fonction publique, qui garantit le service minimum en cas de grève et qui fait respecter la loi par tout le monde. Je souhaite une loi sur le service minimum dès le mois de juin 2007. Je souhaite en outre qu'une loi impose le vote à bulletins secrets dans les 8 jours du déclenchement d'une grève dans une entreprise, une université, une administration.
Je crois dans la démocratie sociale. Je crois dans le dialogue, dans la négociation, dans le paritarisme. Mais je refuse la prise d'otages, les blocages, les archaïsmes, la violence, la loi du plus fort
et le manque de courage !
La République réelle à laquelle je crois cest celle qui met en prison lassassin présumé de Claude Erignac et qui traite les cagoulés et les poseurs de bombes pour ce quils sont : des meurtriers et des lâches.
La République réelle cest celle qui se donne une obligation de résultat. Cest celle des droits que lon peut faire valoir devant les tribunaux parce que lon sest donné les moyens de les rendre opposables.
Ma République cest celle du droit opposable à lhébergement, parce que si lon pense que la politique ne peut rien faire dans un pays comme la France pour empêcher les gens de mourir sur le trottoir, il ne faut pas faire de politique.
Ma République cest celle du droit opposable au logement, parce que si lon pense que la politique ne peut rien faire pour résoudre en dix ans la crise du logement en construisant les 700 000 logements qui manquent, il ne faut pas faire de politique. Ma République est celle où chacun pourra accéder à la propriété de son logement. Il faut permettre aux classes moyennes, à la France qui travaille d'accéder à
Ma République
Ma République cest celle du droit opposable à la scolarisation des enfants handicapés, parce que si lon pense que dici à cinq ans on ne peut pas trouver les moyens de scolariser tous les enfants handicapés, il ne faut pas faire de politique. Ce droit nest pas seulement un droit pour les enfants handicapés, cest aussi une chance pour les autres enfants.
Mais ma République c'est aussi celle des devoirs opposables .Nous ne pouvons nous montrer complaisants avec le développement des fraudes des abus et des gaspillages qui sont une insulte au travail des français et qui sape les fondements de la solidarité nationale. Les droits ne vont pas sans les devoirs, et l'on ne peut valablement aider que ceux qui respectent les règles et consentent à faire un effort pour s'en sortir.
Je veux être le Président dune République qui dira aux jeunes : " vous voulez être reconnus comme des citoyens à part entière dès que vous devenez majeurs. Vous le serez. Vous aurez les moyens de décider par vous-mêmes quand vous quitterez le domicile de vos parents. Vous aurez les moyens de réaliser vos ambitions, de vivre votre vie comme vous le souhaitez, daimer comme vous lentendez. Vous aurez les moyens de devenir ce que vous voulez devenir. Mais vous accepterez dapprendre et de vous formez, vous serez apprenti, vous serez stagiaire, vous serez étudiant. Si vous avez quitté lécole jeune vous pourrez aller dans une école de la deuxième chance. Si vous navez pas le bac vous pourrez accéder à des cursus qui vous permettrons quand même dentrer à luniversité. En contrepartie les aides qui sont aujourdhui versées à votre famille pour votre éducation vous seront versées à vous, si vous le souhaitez. Si vous en avez besoin vous recevrez une allocation de formation de 300 euros par mois qui vous sera supprimée si vous nêtes pas assidu à votre formation, si vous cessez détudier sérieusement. Vous aurez le droit demprunter à taux zéro avec la garantie de lEtat pour financer votre projet personnel et vous commencerez à rembourser cet emprunt à partir du moment où vous aurez obtenu votre premier emploi. Si vous y ajoutez un petit travail et tout sera fait pour que chaque étudiant puisse étudier et travailler en même temps Vous aurez une véritable autonomie financière qui est la clé de toute liberté. Mais vous la mériterez par votre effort, par votre travail, par votre assiduité, par votre sérieux. Vous deviendrez responsable de votre vie.
Je ne veux pas de la société du minimum parce quavec le minimum on ne vit pas. On survit. Je veux une société du maximum. Je préfère une jeunesse à qui lon donne la possibilité de réaliser ses projets plutôt quune jeunesse qui est condamnée à lassistanat.
Je veux être le Président dune République qui dit à la jeunesse : « tu reçois beaucoup, tu dois donner aussi de toi-même. Tu dois comprendre que tu appartiens à une nation, qui espère en toi et à laquelle tu dois beaucoup parce que cest elle qui te fait libre. Cest pourquoi, je propose un service civique obligatoire de 6 mois que chacun modulera en fonction de ses propres contraintes détudes, de projet professionnel, de vie familiale. Ce sera pour toi une opportunité de tengager dans de grandes causes humanitaires, délargir ton horizon, de rencontrer dautres jeunes qui sont différents de toi, ce sera une possibilité de réinsertion dans la société pour des jeunes qui en auraient été exclus.
Notre modèle républicain est en crise. Cette crise est avant tout morale. Au cur de celle-ci il y a la dévalorisation du travail.
Le travail cest la liberté, cest légalité des chances, cest la promotion sociale. Le travail cest le respect, cest la dignité, cest la citoyenneté réelle. Avec la crise de la valeur travail, cest lespérance qui disparaît. Comment espérer encore si le travail ne permet plus de se mettre à labri de la précarité, de sen sortir, de progresser ? Le travailleur qui voit lassisté sen tirer mieux que lui pour boucler ses fins de mois sans rien faire ou le patron qui a conduit son entreprise au bord de la faillite partir avec un parachute en or finit par se dire quil na aucune raison de se donner autant de mal.
Le travail est dévalorisé, la France qui travaille est démoralisée.
Le problème cest que la France travaille moins quand les autres travaillent plus. Le plein emploi est possible chez les autres. Il l'est aussi chez nous. Il faut aimer le travail et pas le détester.
Le problème cest quil ny a pas assez de travail en France pour financer les retraites, lallongement de la durée de la vie, la dépendance, la protection sociale, pour faire fonctionner notre modèle dintégration.
Longtemps la droite a ignoré le travailleur et la gauche qui jadis sidentifiait à lui a fini par le trahir.
Je veux être le Président dune France qui remettra le travailleur au cur de
Quand on facilite lendettement des ménages pour financer les créations dentreprises ou lachat dune voiture indispensable pour aller travailler, on favorise le travail. Je veux créer un système de cautionnement public qui mutualise les risques et permette demprunter à tous ceux qui ont un projet.
Quand on investit plus on construit un avenir pour les travailleurs. Cest pourquoi je veux porter le crédit dimpôt recherche à 100%. Cest pourquoi je veux que les entreprises qui investissent et qui créent des emplois paient moins dimpôt sur les bénéfices. Cest pourquoi je veux que lEtat se donne les moyens dinvestir dans les bassins économiques en déclin pour les réindustrialiser et non pas seulement pour financer des départs à la retraite anticipés.
Quand les entreprises savent quelles pourront licencier en cas de difficulté, elles embauchent plus facilement. Je veux protéger les personnes plutôt que les emplois. Je veux sécuriser les parcours professionnels plutôt quempêcher les licenciements. Je veux créer un contrat unique à durée indéterminée qui remplacera les contrats précaires et qui permettra aux salariés dacquérir progressivement des droits. Je veux que les bas salaires soient garantis en cas de perte demploi, en contrepartie de lobligation de ne pas refuser plus de deux offres demplois successives. Quand on est indemnisé par la société on doit accepter l'offre d'emploi correspondant à vos qualifications qui vous est proposée.
Le travail n'est pas assez récompensé, valorisé, respecté. Et c'est pour cela que le pouvoir d'achat est trop faible car les salaires sont trop bas et les charges trop lourdes.
Il faut augmenter le pouvoir dachat. Les socialistes promettront de travailler moins, moi je veux que les Français gagnent plus. Je veux être le Président de l'augmentation du pouvoir d'achat. Je veux être celui qui vous garantit que si vous travaillez plus, si vous prenez plus de risque, si vous vous engagez plus, vous gagnerez davantage. Je veux être le Président du peuple qui a bien compris que les RTT ne servent à rien si on n'a pas de quoi payer des vacances à ses enfants. Je veux l'exonération de charges sociales et de l'impôt sur le revenu pour les heures supplémentaires pour qu'enfin on comprenne en France que le travail est une émancipation, que c'est le chômage qui est une aliénation.
C'est pour cela que je veux que chaque Français puisse transmettre en franchise d'impôt sur les successions le fruit d'une vie de labeur. On n'a pas à s'excuser d'avoir un patrimoine en contrepartie de son travail. La France doit accueillir les patrimoines et pas les faire fuir. Quand il y a moins de richesses dans un pays ce sont les plus pauvres qui en pâtissent. Partager ce qu'on n'a plus ne fait pas la prospérité d'un peuple.
Je veux que l'Etat soit contraint de laisser à chacun au moins la moitié de ce qu'il à gagné. Je veux un bouclier fiscal à 50% y compris la CSG et la CRDS.
Tout vaut mieux que de taxer lhomme au travail.
Tout vaut mieux que de taxer le travailleur qui crée la richesse.
Je veux taxer le pollueur plutôt que le travailleur.
Je veux taxer les importations qui ne respectent pas les normes internationales plutôt que le travail.
Je préfère taxer la consommation plutôt que lemploi.
Cest le travail qui crée le travail. Le travail contribuera à rééquilibrer nos finances publiques. Il refera de la France une République fraternelle.
Je veux être le Président de tous ces Français qui pensent que lassistanat est dégradant pour la personne humaine. Je veux être le Président qui sefforcera de moraliser le capitalisme parce que je ne crois pas à la survie dun capitalisme sans morale et sans éthique, parce que je ne crois pas à la survie dun capitalisme où ceux qui échouent gagneraient davantage que ceux qui réussissent, parce que je ne crois pas à la survie dun capitalisme où tous les profits seraient accaparés et où, à l'inverse, tous les impôts seraient partagés
Je veux être le Président qui va remettre la morale au cur de
Mais si lécole napprend plus la citoyenneté, ce nest pas la faute des enseignants. Si lEtat va mal ce nest pas de la faute des fonctionnaires. Cest la politique qui est responsable.
Je naime pas la manière dont on parle des fonctionnaires dans notre pays. Je naime pas la politique qui cherche à opposer les salariés du privé à ceux du public. Ils ont pour la plupart une haute idée de leur mission. Les fonctionnaires sont démotivés parce que leur travail nest pas reconnu, parce que ceux qui font le moins gagnent autant que ceux qui font le plus. Ils sont démoralisés parce que les 35 heures ont tout compliqué. Il faut aller voir dans les hôpitaux le désarroi et la peine de ces infirmières, de ces aides-soignantes aux prises avec la désorganisation et le manque de personnel que la réduction autoritaire du temps de travail a engendrés.
Je veux un Etat où les fonctionnaires seront moins nombreux mais mieux payés, où ils pourront gagner davantage quand ils travailleront plus, où les gains de productivité seront équitablement partagés, où le mérite individuel sera récompensé, où la promotion interne sera facilitée, où linfirmière pourra devenir médecin, où le technicien pourra devenir ingénieur, où lagent administratif pourra devenir Directeur, où la dignité et la protection des agents publics seront garanties.
Je veux que la fonction publique cesse dêtre un refuge pour ceux qui ont peur de prendre des risques. Je veux quelle redevienne une vocation pour ceux qui ont le goût du bien commun et du service public.
Je veux une démocratie irréprochable.
La démocratie irréprochable cest la participation de chacun à la définition du destin de tous.
La démocratie irréprochable cest celle où il nest pas nécessaire de voter pour les extrêmes pour se faire entendre. Celle où il nest pas nécessaire de descendre dans la rue pour crier son désespoir. Celle où chacun reconnaît dans la politique de son pays une part de lui-même.
La démocratie irréprochable ce nest pas celle où lenfant dun de ces quartiers dans lesquels saccumulent toutes les difficultés qui regarde la télévision trouve quaucun homme politique ne lui ressemble.
La démocratie irréprochable cest celle qui permet aux enfants de tous les quartiers de ressentir quils ont quelque chose en commun.
La démocratie irréprochable cest celle qui permet darracher le poison de lextrémisme du cur de tous ceux qui se laissent entraîner par leur colère et par leur peur parce quils se sentent exclus.
La démocratie irréprochable ce nest pas une démocratie où les nominations se décident en fonction des connivences et des amitiés mais en fonction des compétences. Cest celle dans laquelle lEtat est impartial. Si l'Etat veut être respecté, il doit être respectable. Je ne transigerai pas. Pour certains postes il ne doit pas y avoir de nomination sans qu'au préalable celui que l'on envisage de nommer ne soit contraint d'exposer ses vues stratégiques pour l'entreprise ou l'organisme qu'il veut présider. Et de surcroît cette nomination doit être ratifiée par un vote des commissions parlementaires concernées. Le fait du prince n'est pas compatible avec la République irréprochable.
La démocratie irréprochable ce nest pas une démocratie où lexécutif est tout et le Parlement rien. Cest une démocratie où le Parlement contrôle lexécutif et a les moyens de le faire.
La démocratie irréprochable cest un Président qui sexplique devant le Parlement. Cest un Président qui gouverne. C'est un président qui assume. On n'élit pas un arbitre mais un leader qui dira avant tout ce qu'il fera et surtout qui fera après tout ce qu'il aura dit !
La démocratie irréprochable ce nest pas celle où lindépendance de la justice se confond avec lirresponsabilité des juges. Cest celle où les juges sont responsables comme nimporte quel autre citoyen des fautes quils commettent. Au moins que le drame d'Outreau ait servi à quelque chose.
La démocratie irréprochable cest celle où le gouvernement définit la politique pénale et où le peuple participe à la décision de justice. Je souhaite que les jurys populaires jugent certaines affaires correctionnelles comme ils le font déjà dans les procès d'assises.
La démocratie irréprochable c'est celle qui punit durement le crime et qui traite dignement les condamnés. Je veux que nos prisons soient rénovées, trop d'entre elles ne sont pas digne de la France.
Notre démocratie na pas besoin dune nouvelle révolution constitutionnelle. On change trop notre Constitution. Il faut arrêter de dire qu'elle est bonne et proposer tous les trimestres une nouvelle modification. Mais nous devons changer radicalement nos comportements pour aller vers davantage dimpartialité, déquité, dhonnêteté, de responsabilité, de transparence.
La démocratie irréprochable ce nest pas celle où la représentativité syndicale est présumée en fonction du comportement patriotique durant
La démocratie irréprochable ce n'est pas seulement
Je veux être le Président dune France qui dira aux Européens : nous voulons lEurope, nous la voulons parce que sans elle nos vieilles nations ne pèseront rien dans la mondialisation, sans elle nos valeurs ne pourront pas être défendues, sans elle le choc des civilisations deviendra plus probable et le péril pour lhumanité sera terrible.
Je veux être le Président dune France qui dira aux Européens : « nous ne ressusciterons pas la Constitution européenne. Le Président Giscard dEstaing a fait un travail remarquable, mais le peuple a tranché. Lurgence cest de faire en sorte que lEurope puisse fonctionner de nouveau en adoptant par la voie parlementaire un traité simplifié. Lurgence est celle dune Europe qui joue le jeu de la subsidiarité, qui se dote dun gouvernement économique. Cest celle dune Europe dans laquelle personne ne peut obliger un Etat à sengager dans une politique à laquelle il est opposé, mais dans laquelle aussi personne ne peut empêcher les autres dagir.
LEurope, je l'imagine comme un multiplicateur de puissance non comme un facteur dimpuissance, comme une protection non comme le cheval de Troie de tous les dumpings, pour agir et non pour subir. Je crois en lEurope comme la voulaient ses pères fondateurs, comme une volonté commune, non comme un renoncement collectif. Je demeurerai toute ma vie un Européen convaincu. Mais je veux avoir la liberté de dire que l'Europe doit se doter de frontières, que tous les pays du monde n'ont pas vocation à intégrer l'Europe à commencer par
Je crois au libre échange et à
Je veux être le Président dune France qui dira aux Européens : « nous ne pouvons plus continuer avec une monnaie unique sans un gouvernement économique. Nous en pouvons plus continuer avec une Europe sans préférence communautaire, où un pays membre peut décider unilatéralement de régulariser massivement ses immigrés clandestins sans demander lavis de personne alors que ses frontières sont ouvertes. »
Je veux être le Président d'une France fière de ses régions dOutre-Mer qui sont une chance pour notre nation et qui ont le droit au développement par l'instauration de zones franches globales.
Je veux être le Président dune France qui ira dire aux Européens : « nous ne pouvons pas continuer à tourner le dos à la Méditerranée, car autour de cette mer où depuis deux mille ans la raison et la foi dialoguent et saffrontent, sur ces rivages où lon a mis pour la première fois lhomme au centre de lunivers, se joue une fois encore une part essentielle de notre destin. Là nous pouvons tout gagner ou tout perdre. Nous pouvons avoir la paix ou la guerre, la meilleure part de la civilisation mondiale ou le fanatisme, le dialogue des cultures ou lintolérance et le racisme, la prospérité ou la misère, le développement durable ou la pire des catastrophes écologiques. »
Je veux être le Président dune France qui dira à tous les pays de la Méditerranée : « sommes-nous condamnés indéfiniment à la vengeance et à la haine ? Rien ne doit être oublié, mais il nous appartient à tous de forger ici, dans le creuset des siècles et des civilisations, le destin commun de lEurope, du Moyen-Orient et de lAfrique, dans une relation dégalité et de fraternité. »
Je veux être le Président dune France qui proposera dunir la Méditerranée comme elle a proposé jadis dunir lEurope, et qui inscrira dans la perspective de cette unité les relations de lEurope et de la Turquie, ses liens avec le monde arabe, la recherche dune issue au conflit israélo-palestinien, mais aussi limmigration choisie, le codéveloppement, la maîtrise du libre-échange et la défense de la diversité culturelle.
Je veux être le Président dune France qui dira aux Européens et aux Africains : « dans un monde où se dessinent de vastes stratégies continentales qui enjambent les hémisphères, il est vital pour lEurope dimaginer une stratégie euro-africaine dont la Méditerranée sera fatalement le pivot ».
Je veux être le Président dune France qui dira à lAmérique : « nous sommes amis et la France demeurera fidèle à cette amitié que lhistoire, la civilisation et les valeurs de la liberté et de la démocratie ont tissé entre nos deux peuples.
Je veux dune France qui parle toujours à lAmérique comme une amie, qui lui dit toujours la vérité et qui sait lui dire non quand elle a tort, qui lui dit quelle na pas raison quand elle viole le droit des nations ou le droit des gens quelle a tant contribué à forger, quand elle décide unilatéralement, quand elle veut américaniser le monde alors quelle a toujours défendu la liberté des peuples.
Je veux lui dire que je crois à la pluralité des cultures et pas à la culture unique fût-elle américaine.
Je veux être le Président dune France qui sadresse à lAmérique comme un peuple libre à un autre peuple libre qui se comprennent et qui se respectent.
Je veux être le Président dune France qui ne transigera jamais sur son indépendance ni sur ses valeurs. Je veux rendre hommage à Jacques Chirac, qui a fait honneur à la France quand il sest opposé à la guerre en Irak, qui était une faute.
Je veux être le Président dune France qui se donnera les moyens dune défense à la hauteur du rôle éminent quelle veut continuer à jouer sur la scène du monde.
Je veux être le Président de la France des droits de lhomme. Chaque fois quune femme est martyrisée dans le monde, la France doit se porter à ses côtés. La France, si les Français me choisissent comme Président, sera aux côtés des infirmières bulgares condamnées à mort en Libye. Elle sera aux côtés de la femme qui risque la lapidation parce quelle est soupçonnée dadultère. Elle sera aux côtés de la persécutée quon oblige à porter la burka, aux côtés de la malheureuse quon oblige à prendre un mari quon lui a choisi, aux côtés de celle à laquelle son frère interdit de se mettre en jupe. Aux côtés de l'enfant que l'on vend ou que l'on exploite.
Je ne crois pas à la « realpolitik » qui fait renoncer à ses valeurs sans gagner des contrats. Je n'accepte pas ce qui se passe en Tchétchénie, au Darfour. Je n'accepte pas le sort que l'on fait aux dissidents dans de nombreux pays. Je n'accepte pas la répression contre les journalistes que l'on veut bâillonner. Le silence est complice. Je ne veux être le complice d'aucune dictature à travers le monde.
Je veux être le Président dune France qui dira à tous les hommes : « Nous ne pouvons plus continuer de détruire notre planète. Nous ne pouvons plus continuer de sacrifier le bien être des générations futures aux excès des générations daujourdhui. Cest lavenir de lHumanité qui est en jeu. Cest la paix du monde qui est en péril. Car, si nous continuons, le réchauffement climatique, lépuisement des ressources, les pollutions déplaceront les peuples et les précipiteront dans des guerres qui seront les plus terribles de toutes les guerres parce que ce seront des guerres de leau et de la faim et quelles seront les plus désespérées.
Nous avions cru entrer dans le monde de labondance. Cest le monde de la rareté que nous préparons à nos enfants, et la rareté engendre la violence.
La mondialisation de léconomie, noffrira une espérance nouvelle aux peuples déshérités que si le développement durable et le codéveloppement apparaissent désormais comme des impératifs à toue lhumanité.
Je veux être le Président dune France qui montrera lexemple au monde dun pays qui engage sa jeunesse dans laide au développement, investira dans les technologies propres et les énergies nouvelles, réduira ses gaspillages, préparera lévènement dune société de modération à la place dune société dexcès.
La mondialisation nous oblige à tout réinventer, à nous penser sans cesse par rapport aux autres et pas seulement par rapport à nous-mêmes.
*
Je veux être le Président dune France réunie.
Lunité de la France je veux la faire par laction. Cette unité je veux qu'elle soit comme une renaissance.
Après mai 68, Georges Pompidou avait dit : « le monde a besoin dune nouvelle Renaissance ». La Renaissance, ce temps où pour la première fois les hommes ont eu le sentiment que tout était possible.
Tout paraissait possible aux hommes de
Alors que le monde change à un rythme où jamais il na changé, alors que partout dimmenses forces de création sont à luvre, que partout les hommes se battent pour inventer, pour créer, pour sarracher à la misère, pour tenter de se construire un nouveau monde, nous ne pouvons être immobiles, nous ne pouvons répondre au monde qui nous invite à le rejoindre dans sa course effrénée au changement : « à quoi bon ? »
Voici le pays qui a inventé lidée de progrès, qui a crié un jour à la face du monde : « le bonheur est une idée neuve », le pays qui le premier a dit à lHomme : « tu as des droits imprescriptibles », le pays qui a passé avec la liberté du monde un pacte multiséculaire, le pays qui si souvent a été à lavant-garde de la civilisation, le voici qui aujourdhui semble avoir perdu cette foi en lui-même, cette conviction que le destin lavait créé pour accomplir de grandes choses et pour éclairer lhumanité. Un doute sest installé qui a peu à peu grandi, peu à peu sapé cette confiance qui fait la force des grandes nations. Ce doute terrible cest le mal quil nous faut guérir pour que dans lart, dans la science, dans léconomie, partout la vie explose de nouveau, partout lintelligence et le travail humains se remettent à féconder lavenir.
Je veux être le Président dune France qui aura compris que la création demain sera dans le mélange, dans l'ouverture, dans
Je veux être le président dune France qui incarnera laudace, lintelligence et la création.
Je veux être le président dune France qui ne senfermera pas dans son histoire pour échapper à lavenir, qui ne sera pas un musée, mais qui saura sadosser à son histoire pour sélancer vers le futur.
Mes amis, la tâche est immense. Mais elle en vaut
Je
Je demande à mes amis qui mont accompagné jusquici de me laisser libre, libre daller vers les autres, vers celui qui na jamais été mon ami, qui na jamais appartenu à notre camp, à notre famille politique qui parfois nous a combattu. Parce que lorsquil sagit de la France, il ny a plus de camp.
Je demande à vous tous de comprendre que je ne serai pas que le candidat de lUMP, quau moment même où vous mavez choisi je dois me tourner vers tous les Français, quels que soient leur parcours, quils soient de droite ou de gauche, de métropole ou dOutre Mer, quils vivent en France ou à létranger, que la France les ait ou non déçu pourvu quil laiment. Que je dois les rassembler, que je dois les convaincre qu'ensemble tout deviendra possible !
Tout deviendra possible pour la France,
Tout deviendra possible si vous le voulez,
Tout deviendra possible si vous le décidez.
Vive la République,
Vive la France.
Commentaires
Bonjour M.Grossmann,
Je pourrais dire à mes enfants lorsqu'ils seront en âge de comprendre que j'étais dans la salle ce 14 janvier 2007. Non pas seulement parce que j'ai eu le plaisir de rencontrer M.Sarkozy, mais parce que son discours était d'une force, d'une émotion et d'un courage qui ne m'a jamais été donné de voir...
C'est tout simplement pour moi, le meilleur discours politique que j'ai pu entendre...
Il était émouvant, des personnes autour de moi avaient les larmes aux yeux, je dois avouer que moi aussi
Il était clair, sans langue de bois avec des propositions concrètes ( il y en a plus dans ce discours que dans tout le programme du parti socialiste )
Il était brillant, car il était habité
Oui, il ne faut pas simplement rechercher le Pouvoir pour le Pouvoir, il faut lhabiter, pour quenfin le Pouvoir soit le pouvoir de faire, de changer les choses
Il était habité, je lespère sincère, je le crois sincère.
Après un tel discours, je suis fier dêtre français, je suis fier dêtre européen, je suis fier dêtre à lUMP
Le "nègre" derrière ce discours doit être vraiment très frustré de ne pas pouvoir dire que c'est de lui....c'est tellement affreux de ne pouvoir bénéficier de la paternité de ses écrits...Ceci dit c'est magnifique, vraiment...
LaCamisaNegra
Pourquoi toujours cherchez des embrouilles,la ou il n'y en a pas et laissez un peu de crédit à notre ministre,et s'il devait y avoir (scrib)je préfere cela à nègre,je pense que ce dernier doit être fier de le servir.Il y a des personnages qui ont la plume ou le verbe facile,j'ai entendu le discours de P.Pflimlin pendant 1H30 à l'époque lors d'une assemblée parlementaire au Conseil de l'Europe se sont des instants mémorables,mais notre blog master n'est pas manchot non plus dans cet exercice.
Cher François,
Je ne cherche pas d'embrouilles, olé! Un tel discours ne peut avoir été entièrement écrit par Nicolas S. même s'il en a donné le contenu et tracé les grandes lignes, mais cela n'enlève rien au talent d'orateur de celui qui le prononce, loin de là. Les discours de notre cher Robert ne sont pas toujours écrits par lui, non pas qu'il ne veuille pas le faire (car c'est oune orateur né !) mais c'est souvent par manque de temps : les affaires sont très prenantes...
Rassurez vous François je ne dénigre pas votre César bien au contraire, s'il a l'intelligence de s'entourer de personnes qui savent écrire ce genre de discours c'est qu'il est bien parti pour la conquête de la Gaulle!
Besos para todos!