L'ex roquet de Matignon, roquet tout court.
Par Robert Grossmann le dimanche, 17 septembre 2006, 23:47 - politique - Lien permanent
Avec une rare élégance Fabius a traité Ségolène d'adepte de "Voici" en estimant que son programme se résumait à "Voici". Voila les regarde.
Mais il a franchi un pas supplémentaire dans la densité de la proposition politique en traitant Nicolas Sarkozy de "caniche de Bush"; ça c'est un programme!
En matière canine Fafa a acquis une réelle compétence. Il faut se souvenir que lors d'un débat télévisé avec Jacques Chirac, alors qu'il était premier ministre, vers la fin des années 1980, il interrompait sans cesse son compétiteur qui lui a alors répondu "Cessez de m'interrompre incessamment tel un roquet!" Ce qui lui a valu à l'époque le sobriquet de "Roquet de Matignon"
Avec une suffisance qui lui est consubstantielle il a alors répondu solennellement "Vous parlez au premier ministre de la France"
Cet ex premier ministre qui réclamait pour lui un langage digne et châtié devrait faire appel à ses souvenirs et ne pas se conduire aujourd'hui tel un roquet aboyeur et mal dressé en manque de Matignon ou d'Elysée.
Commentaires
Je me rappelle encore aujourd'hui de la réponse de Jean-Pierre Raffarin à une question de Laurent Fabius à l'Assemblée nationale en 2003 (je ne me rappelle plus du sujet). L'ancien Premier ministre avait commencé par cette phrase : "monsieur Fabius, je ne vous ferais pas le coup du "vous parlez au Premier ministre de la France" ! On peut dire que c'était subtilement envoyé et ce jour-là, JPR m'avait bien fait rire ! Et je n'étais apparemment pas le seul, au vu de l'hilarité générale sur les bancs des députés UMP...
Ne dites pas trop de mal des Normands : sans eux (1066), l'envahissant briton serait encore plus incompréhensible à nos oreilles qu'il n'est. D'ailleurs, si Fabius, qui se rêve moins cunctator que conducator (cave canem !) - est Rouennais, il est de Quevilly, pas de Sotteville ...
Tiens, puisque vous goûtez les citations, de qui est celle-ci : "l'Angleterre est une colonie normande qui a mal tourné" ?
Moi je trouve que Monsieur Sarkozy il est très bien. Au moins, lui il appelle un chat un chat et chat change ! Quand à M Fabius, qu'il aille au diable...
A trop passer ses vacances entouré de chèvres... (non pas Jack Lang, des vraies!)
Cher Robert GROSSMANN,
Etant un peu surpris que vous ne consacriez pas une page aux récentes déclarations de votre ami Nicolas SARKOZY au sujet du laxisme des juges de Bobigny et de la justice en général, je me permets d'ouvrir le débat au travers de votre réflexion sur l'ex roquet de Matignon. Cela ne me semble pas hors sujet, puisque certains bien pensants, qui vivent d'ailleurs plutôt dans les beaux quartiers qu'en banlieue, ont le chic, parce que ça fait tendance, de faire passer l'actuel ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, pour un aboyeur très dangereux et finalement pour un roquet. Quand SARKOZY s'exprime courageusement au sujet de la manière dont est rendue la justice en France c'est une "provocation", "une atteinte à l'indépendance de la justice". Si SEGO avait exprimé la même chose avec ses propres mots naturellement, il y a fort à parier qu'on aurait parlé de "programme politique qui colle à la réalité" "d'évolution idéologique positive pour la gauche" de "nouvelle sociale démocratie", du" renouveau de la gauche moderne" etc�
Même si cela ne plaît pas à certains corporatismes usés jusqu'à la corde et suivis bêtement par certains médias, SARKO a mis le doigt, une fois de plus, la où ça fait mal, la justice en France et notamment ses dysfonctionnements. Oui une partie de ceux qui au nom du peuple français, doivent rendre la justice équitablement ont démissionné. Pourquoi le cacher? Pourquoi se cacher derrière cette réalité ? Au nom de quoi n'aurait pas t-on le droit de le dire puisqu'il s'agit de la vérité et à fortiori si l'on est ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur? Au nom de quelle idéologie?
Alors comme toute vérité elle n'est pas bonne à dire et ce n'est pas politiquement correct de le faire. Elle n'est pas, soyons honnêtes, facile à entendre pour ceux qui, au sein de la magistrature font leur travail consciencieusement. Mais quand il y a des dérives réelles, avérées et graves parce qu'elles concourent à renforcer et accentuer la délinquance, il faut avoir le courage de les dénoncer, quitte pour cela à donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Il fallait avoir l'audace d'enrayer au moins par la parole ce cercle vicieux. C'est cela qu'attendent les Français de leur classe politique, du courage, du courage, encore du courage. Ils attendent aussi des actes. On sait très bien qu'il faut d'innombrables rappels à la loi, d'avertissements, et autres admonestations avant qu'un juge accepte enfin de sanctionner un délinquant archi multirécidiviste. Et encore, mon dieu, au secours, il ne lui appliquera que du sursis, la bonne affaire! Pas étonnant alors que les jeunes délinquants de Bobigny et environs appèlent les juges du tribunal pour enfants et les magistrats qu'ils côtoient régulièrement "les pères Noël"!!! C'est aussi réputé que la "Strasbourgeoise" si vous voyez ce que je veux dire�.
Il faut être totalement aveugle pour ne pas se rendre compte que certains magistrats ont tendance à interpréter de manière laxiste les textes votés par le législateur. Il faut être totalement imperméable aux faits divers pour ne pas savoir que, régulièrement des fous, des meurtriers, des violeurs, sont remis en liberté un peu trop facilement et trop rapidement. Est-ce seulement "la faute du système"? Non c'est tout le problème de la récidive et des moyens que l'on accepte de se donner pour la contrer.
Et pour cela il faut faire preuve de courage pour réformer et mettre à mal ces dérives. SARKOZY a déjà commencé, notamment en créant le fichier national des empreintes ADN pour délinquants sexuels. Mais que n'avons-nous pas entendu alors? Que SARKO le "facho" s'attaquaient aux sacro-saintes libertés publiques, qu'il voulait fliquer tout le pays�Avec ce fichier ADN, s'il avait existé, le tristement célèbre GUY GEORGES (et beaucoup d'autres) assassin et violeur, qui a violé et/ou tué pas moins de 12 femmes, se serait arrêté à la 3ème! Parce que multirécidiviste, on aurait eu les moyens techniques et scientifiques de le stopper.
Osons réellement appliquer les lois, soyons fermes quand il faut l'être mais toujours juste! Donnons enfin de véritables moyens au ministère concerné. C'est le parent pauvre depuis des années. Mais surtout contribuons à faire en sorte que certains ne confondent plus idéologie politique et Justice comme le fait le syndicat national de la magistrature. C'est cette idéologie qui a en grande partie conduit à la situation que connaissons et que dénonce SARKO.
Les Français ne s'y sont pas trompés, puisque l'analyse du ministre, est très largement partagé par l'opinion publique dans les dernières enquêtes, ce qui a grandement contribué à mettre un coup d'arrêt à la polémique lâchement lancée contre lui.
Le Général
" Au nom de quelle idéologie ? " Ce n'est pas au nom d'une idéologie qu'un membre du pouvoir exécutif n'a pas le droit d'influencer les décisions de justice, mais au nom d'un principe sacré : celui de l'indépendance de la justice, qui découle directement du principe fondamental de la séparation des pouvoirs, apparu lors de la révolution française. Sarkozy a dû l'oublier mais ce qui est sûr c'est qu'en tenant de tels propos, il ne pouvait ignorer que cela porterait atteinte à ce principe constitutionnel et il savait pertinemment qu'il allait déclencher un tel tollé. Inutile d'être titulaire d'une maîtrise de droit (comme c'est le cas du ministre de l'Intérieur) pour savoir que certains textes fondateurs de notre république ne sauraient être remis en question. Alors, non, monsieur le Général, je ne crois pas que la question est d'ordre idéologique. Ca dépasse telle ou telle idéologie et tous les hommes politiques doivent respecter et partager certaines valeurs républicaines qui sont communes à la gauche et à la droite. L'indépendance de la magistrature en fait naturellement partie. Monsieur Sarkozy le sait mais il a une fois de plus envoyé un pavé dans la mare, comme il en pris l'habitude. S'il est élu l'année prochaine, il sera le garant de l'indépendance de la magistrature. Et bien ça promet ! Si en tant que ministre de l'intérieur il se permet déjà de telles déclarations inacceptables, jusqu'où ira-t-il s'il est Président de la République ? Bien malin est celui qui a la réponse... Ira-t-il jusqu'à donner des consignes aux magistrats ? Des quotas (un mot qu'il affectionne particulièrement) à respecter ? Lui qui demande régulièrement à ses services de "faire du chiffre" (tant d'arrestations en plus...) ! Avec lui au pouvoir, la séparation des pouvoirs seraient gravement en danger (et pas uniquement du point de vue de l'indépendance de la justice). Est-ce que le fait de revenir sur un principe bicentenaire fera partie de sa fameuse "rupture" ? Ca nous pend au nez mais nous en sommes à peine conscient, quand nous ne sommes pas carrément aveugles !
Cependant, même si je trouve les déclarations du président de l'UMP absolument scandaleuses (comme bon nombre de magistrats, dont le premier d'entre eux), elles ne me choquent pas plus que ça. parce que Nicolas Sarkozy, on commence à le connaître ! En effet, on commence à avoir l'habitude de ses paroles calculées, démagogiques et orientées dans un but électoral. On commence à s'habituer à la drague permanente des électeurs du FN (les fameuses "brebis égarées"). On commence à s'habituer de ses volte-faces et propos contradictoires (un jour il promet que la part de l'Etat dans GDF ne descendra pas en-dessous de 70 % et aujourd'hui il soutient le projet de fusion avec Suez. Quand Fillon propose de réformer les régimes spéciaux des retraites, il ne dit rien dans un premier temps mais une fois qu'un sondage affirmant que 59 % des français est pour la réforme, il est soudainement du même avis que son conseiller et premier porte-flingue). Bref, tout ça n'est pas nouveau et ça a comme un goût de déjà vu.
non, ce qui me choque le plus dans cette affaire des propos émanant de la bouche du président du Conseil Général des Hauts-de-Seine, c'est ... la réaction du président Chirac ! D'accord, il rappelle dans un communiqué qu'il est très attentif à l'indépendance de la justice. Quoi de plus normal, après tout ? Le chef de l'Etat est dans son rôle et même s'il évite soigneusement de s'opposer frontalement au numéro deux du gouvernement, il le rappelle timidement à l'ordre et le désavoue. Cette décision peut paraître sage et tout à fait normale. Je dirais même qu'en fait elle l'est et qu'elle mérite d'être saluée. Mais en même temps, quelle hypocrisie ! En effet, il y a quand même quelque chose qui me dérange et me choque profondément : c'est que ce communiqué défendant l'indépendance des magistrats émane de Chirac, qui comme chacun sait a récemment choisi de nommer un de ses anciens conseillers au poste de procureur général de Paris !!! Pour après, sans doute... C'est que Jacques Chirac est un homme prévoyant et il n'oublie pas de nommer des amis à des fonctions très très précises... Cette décision est encore plus scandaleuse que la déclaration de monsieur Sarkozy, qui à mes yeux est très banale à côté de cette nomination opportune. Alors, quid de l'indépendance de la justice, chère à Chichi, dans de telles conditions ? Vit-on dans une république bananière ? Dire qu'une des trois composantes de notre devise nationale est "égalité" ! Sommes-nous égaux en droits ? Non ! Sommes nous égaux devant la justice ? Non ! Comme dirait un célèbre proverbe, "que vous soyez puissant ou misérable, la justice vous rendra blanc ou noir" ! Chirac, lui, n'est vraiment pas misérable et il est puissant. Par contre, il n'est pas tout blanc. On le savait déjà et ce n'est pas en regardant l'émission de Guillaume Durand de jeudi dernier qu'on a appris cette nouvelle (un livre y était présenté : "chirac et les quarante menteurs", écrit par je ne sais plus trop qui).
Et de quelle façon Dominique de Villepin a commenté la nomination de Laurent Le Mesle ? Devant des journalistes, il a affirmé : "on a choisi le meilleur. Il fera ce que tout magistrat doit faire après 2007. Il aura même une polus grande sévérité que son prédécesseur" !!! Ben voyons ! Plus c'est gros, plus ça passe, a dû penser Galouzeau... Et qui était donc ce prédecesseur ? Il s'agit d'Yves Bot, qui lui pencherait plutôt pour Sarkozy. Et monsieur Bot a été nommé avocat général de la Cour européenne de justice... On se demande bien pour quelle raison on lui a fait plier bagages... Plus loin, Dominique de Villepin ajoute : "on ne s'est pas étonné de la proximité d'Yves Bot avec un homme politique" ! Finalement, tout s'explique... Le procureur général Bot était sûrement gênants pour certains et on comprend mieux le fin de mot de l'histoire. Et de villepin de conclure : "les temps ont changé. Sur certaines questions, il faut parfois faire confiance plus à ses adversaires qu'à ses amis". Et voilà : en plein dans le mille ! CQFD : la justice n'est plus indépendante et depuis longtemps et les récents propos de Sarko n'ont fait qu'empirer la situation (par exemple, la peine du candidat à la mairie de Bordeaux n'est-elle pas passée miraculeusement de dix ans d'inégibilité à une seule année, après une mutation généreuse des juges concernés ?)... Et après, il y en a qui se gargarise de l'indépendance de la magistrature ! On croit rêver mais c'est bien la sinistre réalité.
Et dire que ce sont les mêmes qui prônent la répression à tout va et la "tolérance zéro" ! Mais pas pour eux, bien entendu.
Pour conclure, je reprendrai une des "couvertures auxquelles on a échappé" parue dans le Charlie Hebdo de cette semaine, avec ce titre qui résume parfaitement bien la nomination de monsieur Le Mesle : "le dernier grand chantier de Chirac : éviter la taule" ! Et l'indépendance de la justice, tout le monde se torche avec. Désolant...
sur le fond du problème, je pense que le laxisme judiciaire observé par monsieur Sarkozy n'est pas du tout dû aux décisions trop gentilles rendues par les magistrats mais par les textes de lois, en particulier l'ordonnance de 1945 sur les mineurs, qu'il faut réformer d'urgence. Les juges ne font que leur boulot : appliquer les textes. Si ces textes sont trop laxistes et tellement obsolètes et dépassés qu'ils ne ne collent plus à la réalité, alors il faut impérativement les abroger et en adopter d'autres. Mais il ne sert à rien de dénoncer les magistrats et de leur taper sur les doigts tant que les politiques n'auront pas fait ce qui était en leur pouvoir pour remédier à la situation. Et pendant ce temps là, l'ordonnance de 45 est toujours en vigeur et d'après moi il s'agit bien là de la racine du problème de la délinquance juvénile : le sentiment d'impunité prend se source dans les textes (quand un mineur sait qu'il ne risque presque rien s'il commet une infraction, il aura davantage tendance à la commettre)...
PS : Monsieur Grossmann, si vous censurez mon commentaire, je ne vous en voudrai absolument pas. Je pense que ce que j'ai écrit reflète assez bien la réalité, sans qu'elle soit exagérée, mais je comprends tout à fait que cette réalité n'est pas vue, perçue et interprétée de la même manière par les uns et les autres...
A Marc Porta
Dieu sait si je suis loin d'être un fervent de M. Sarkozy, mais j'ai du mal à fixer le bien fondé des attaques dont il a fait l'objet sur la question des tribunaux.
Vous qui me semblez bien informé, pourriez vous me repasser (sous forme de lien(s) vers la citation exacte des paroles de l'accusé), le bout de film que j'ai dû louper, celui où M. Sarkozy attente effectivement et sans conteste à l'indépendance de la justice.
A mon avis, les seuls mots "démission de la justice" suffisent à caractériser une violation du principe. Désolé Bizon Accroupi, mais je n'ai pas trouvé de lien contenant la citation exacte de monsieur Sarkozy.