Une conviction liminaire :

La gauche n’est plus là où on croit qu'elle est !

La gauche ne sait plus, elle même, où elle est !

Dès lors, qu’est ce que « Gauche-Droite » veut dire aujourd’hui ?

Commençons par ce constat : depuis les années Mitterrand, qui ont vu la gauche gouverner, trop de méthodes de gestion, de comportements, d’actions concrètes ont été révélées au grand public, comme étant en contradiction flagrante avec l’idéal théorique de la gauche rêvée, - ou le rêve idéalisé d’une gauche théorique -

Trop de mesures gouvernementales n’ont pas semblé estampillée du sceau de la morale rêvée par et pour la gauche, trop de comportements gouvernementaux ont semblé communs et propres aussi bien à la droite qu’à la gauche !

Dès lors, la gauche au pouvoir n’avait plus son auréole !

Tant que les socialistes, incarnant la gauche institutionnelle, étaient éloignés du pouvoir, relégués dans l’opposition, ils étaient crédités de tous les rêves de pureté, de générosité, de probité, d’égalité, d’intelligence, en un mot, de toutes les qualités que chacun rêve pour ses gouvernants.

En revanche, ce que l’on appelle la droite, alors confrontée aux réalités du pouvoir, n’échappait pas à toutes les attaques, à toutes les agressions.

Elle était en permanence dans tous les collimateurs.

Elle n’a pas su éviter des faux pas, des chausses trappes, des tentations, des fautes.

Elle semblait, elle seule et comme par prédestination, se salir au contact du pouvoir. Elle semblait, elle seule, sale tout court. Inintelligente aussi puisqu’il ne pouvait y avoir d’intellectuel qu’à gauche, selon une habile propagande bien assénée dans tous les esprits.

Et voila que les années Mitterrand ont démontré à tous les idéalistes que certains, à gauche étaient pareils à certains à droite, au contact du pouvoir, tout aussi sales, tout aussi inintelligents.

Mais naturellement la gauche comme la droite se sont montrées globalement tout aussi compétentes et ardentes dans la défense des intérêts collectifs.

Après quelques années d’exercice du gouvernement on s’est aperçu, dans la stupéfaction partagée, qu’il y avait aussi des « affaires » à gauche, des compromissions, de scandales financiers.

Les affaires Nucci, le plastiquage du Rainbow Varior, les écoutes téléphoniques, l’argent de Patrice Pelat, le suicide de Bérégovoy, la polygamie de Mitterrand, entretenant deux familles aux frais de l’Etat, les révélations tardives sur l’amitié indéfendable avec Bousquet, les petites phrases de Mitterrand sur « le lobby juif », tout cela ne faisait en aucun cas gauche morale. Ni les comportements privés de Jack Lang dont beaucoup de ses amis dénoncent le peu de désintéressement. Ni les riches vacances dans le Lubéron, de tous ceux qui s’imaginent être la nomenklatura de l’intelligence de gauche…

A droite, comme à gauche il y avait, il y a, des hommes d’exception incarnant l’Etat et la République en ce qu’ils ont de plus noble et de plus beau. Mendès, de Gaulle à titre symbolique.

Mais, pour tout observateur honnête il ne peut plus y avoir aujourd’hui une gauche, pure, généreuse, altruiste, intelligente, et en face une droite sale, égoïste et bête.

Même « les représentants du grand capital » et « des forces de l’argent », comme aurait dit Georges Marchais, ne se situent plus exclusivement à droite.

La gauche a les siens, de capitalistes et d’homme d’argent.

Les concepts d’une gauche créditée de toutes les qualités, et d’une droite agonisée et chargée de tous les maux, bouc émissaire de toutes les difficulté économique ou sociale, sont donc a remiser aux réserves vérouillées des musées de l’histoire.

Au fond, il y a un mythe de gauche et il y a une réalité. Il y a surtout un divorce entre le mythe et la réalité!

L’illustration la plus terrible et la plus violente de cette dichotomie se trouve bien dans l’histoire du communisme, appelé socialisme dans les anciens pays de l’Est.

Il s’est illustré par les goulags, les pogroms, les meurtres, les assassinats, les enfermements et la dictature la plus insoutenable…au nom d’un rêve d’égalité et de justice…au nom de la conquête du paradis sur terre.

Relisons les romans de Vassili Grossman et son "Livre noir" rédigé avec Ilya Ehrenbourg. Relisons Soljenitsine et tant d’autres.

Pourtant des figures éminentes du monde culturel se sont engagées aux côtés du communisme et de Staline.  Aragon, Yves Montand. Certains ont eu le temps de se repentir. Mais par leur aveugle caution ils ont participé à duper les populations.

En résumé pour qui est honnête il ne peut plus y avoir de gauche que dans les rêves.

Pour continuer à croire en cette gauche aujourd’hui démystifiée, démythifiée, il faut donc être chaussé d’œillères, et faire preuve de sectarisme dur.

Pour continuer à voter à gauche il faut être doctrinaire et refuser de prendre en considération les réalités.

N’allons même pas jusqu’à évoquer l’actualité de cette fin d’été 2006, les querelles intestines, les rivalités hostiles qui en ce moment "post La Rochelle 2006" dévalorisent le PS.

On aura compris que la droite, dévaluée par tant de campagnes de critiques et sans doute d’épreuves internes est depuis longtemps considérée dans sa réalité nue. Au fond, ni pire, ni meilleure que ce qu’elle a l’honnêteté d’annoncer elle même. Pas d’illusion avec elle, uniquement la possibilité de bonnes surprises autant que la gauche en a réservées de mauvaises à ses rêveurs d’idéal. Quant à l'UMP elle est un authentique rassemblement où se retrouvent des hommes et de femmes issus du mouvement gaulliste et d'authentiques centristes, des écolos et des anciens socialistes.

On aura compris aussi que la gauche incarnée par le PS ou la droite par l’UMP ne sont rien d’autres que des machines à conquérir le pouvoir.

Chacun connaît aussi ces anecdotes concernant les interrogations existentielles de brillants énarques sortir d’école qui s’interrogeaient comme Fabius : où ma carrière va-t-elle s’épanouir de la plus éclatante manière ? A droite ou à gauche ?

Et il fit, à l’époque, le pari de la gauche, avec le bonheur que l’on sait : plus jeune premier ministre, président de l’assemblée nationale. Après ce fut et ce sera une autre histoire

Songeons aussi à ceux qui choisissent le parti radical valoisien, confortable pour un bon plan de carrière : il y a peu de monde, des places à prendre et une histoire qui fait que depuis la troisième république il y a au minimum un ministre radical.

Oui, nous sommes loin des idéaux et de la noblesse de la politique qui voudrait que l’on se batte pour des idées et pour une société meilleure.

Ce qui compte donc, et c’est la leçon que je propose, c’est que les hommes et les femmes sont sans nul doute plus importants à analyser, et à prendre en compte, dans un choix électoral que les étiquettes politiciennes.

Plaçons nous maintenant sur terrain de la culture.

Quel est le comportement des élus face à la gestion de la culture ?

Ceux étiquetés à gauche dans leurs régions, départements, communes accordent statistiquement plus d’importance à la culture dans leurs budgets que ceux de droite. Ils s’y intéressent globalement d’avantage. Je suis obligé de reconnaître cette réalité. Mais, il n’y a pas de règle intangible et les choses évoluent…

Au fond, qu’est ce que la culture pour un élu ?

De manière générale, mon expérience m’incite à penser que la plupart des élus considèrent que la culture c’est ce qui s’impose à eux d’évidence : le patrimoine, la musique classique, les beaux arts.

Osons plus. Ils pensent que la culture doit rimer avec beauté et admiration. Certes le château de Versailles, le Louvre, le Haut Koenigsbourg, s’imposent à tous, sont indiscutables. Indiscutablement culturels !

Le patrimoine architectural, musical, littéraire, le patrimoine dans tous les domaines est reconnu et admis pour la bonne raison qu’il a été consacré par le temps !

Il est facile de dire que la « neuvième » de Beethoven est un chef d’œuvre ! Que l’Hymne à la joie est « beau » et transporte les cœurs ! Deux siècles l’ont consacré et nous l’ont livrée comme chef d’œuvre.

De même que les cathédrales, les tableaux de Michel Ange, Léonard de Vinci, Rubens, du Titien ou de Goya, (déjà plus difficile), sont reconnus comme « culturels »… Même, aujourd’hui, les œuvres de Picasso, admiré depuis un demi siècle finissent par être admises comme culturelles. On ajoute toutefois « oui, mais la période bleue ou la rose ! ! ! ». Les œuvres de ces périodes là sont bien identifiables et ne dérangent pas…Ecouter Mozart, voir le Misanthrope de Molière est culturel, le Lac des cygnes, le Barbier de Séville tout autant, pour nos élus locaux ou nationaux !

Par conséquent, soutenir financièrement un concert classique, un festival folklorique, une exposition d’un peintre figuratif régional qui peint à la manière de Nicolas de Staël, une pièce de théâtre boulevard, est presque toujours unanimement considéré par des élus comme des actions culturelles à soutenir. C’est facile, à portée de compréhension de n’importe quel public, de droite…comme de gauche

Je tiens toutefois à ajouter qu’il est intéressant d'observer et de recenser le nombre d’élus qui assistent spontanément à un concert, qui visitent une exposition dans un musée, ne parlons pas de centre d’art ! C’est très éloquent, au mieux ils se comptent sur les doigts d’une seule main, la gauche ou la droite.

Mais dans nos villes, dans nos régions il y a aussi des artistes, plasticiens, musiciens, comédiens, danseurs.

Il y a aussi des animateurs d’associations culturelles qui mettent leur énergie au service du partage de la culture, en organisant et animant des concerts, des représentations théâtrale, en faisant vivre des centres culturels, des centres d’art, qui tous requièrent des moyens.

Bref il y a les grandes institutions reconnues et il y a tout un milieu riche et foisonnant d’artistes.

Très éloignés du statut qu’ont acquis Johnny Hallyday, Pierre Arditi, Philippe Toreton ou Roger Hanin, ces artistes consacrent leur vie à la création et à la diffusion artistique. Ils sont proches de chez nous et si la notoriété, pour des raisons souvent de type commercial, ne les a pas atteints, ils n’en ont pas pour autant moins de talent que ceux que nous assènent les prime time de la télévision à 20 : 55 !

Il se trouve que la création d’aujourd’hui, ce que certains appellent « la culture vivante » représente un risque. Peu d’élus sont prêts à le prendre. La création, l’art n’a pas non plus pour fonction exclusive de plaire. Il doit déranger, interpeller, aider à réfléchir. Il n’est en tous les cas pas « facile », ni sa compréhension immédiate.

Admettons que les élus dits de droite sont moins sensibles à la création d’aujourd’hui, et que ceux dits de gauche sont plus volontiers engagés aux côtés des artistes.

Toutefois lorsqu’on observe le comportement de Madame Royal à la tête de sa région envers le FRAC Poitou Charentes ( voir mon blog à ce sujet) on se met à douter.

Lorsqu’on voit des collectivités dirigées par la gauche commencer leurs arbitrages budgétaires en s’en prenant aux crédits de la culture…ce qu’on attendrait logiquement d’élus de droite, on se met à douter.

La gestion du ministère de la culture par certaine ministre de gauche est éloquente et les réactions des directeurs de salles et des comédiens le fut autant, à l’époque.

Bref la gauche n’est plus là où on croit qu'elle est et c’est plus particulièrement vrai dans le domaine de la culture.

Comme les mythes ont la vie dure les mots ne vont pas changer de sens tout de suite. C’est dommage.

Qui pourrait encore penser que pour acquérir de l’intelligence il suffit de se situer à gauche comme le voudrait le mythe de l’intellectuel de gauche ?

Qui pourrait encore croire que la gauche a le monopole la culture ?

En vérité tout cela est une affaire d’hommes et de femmes, d’individus et non pas de partis.

Comme je l’ai écrit dans l’édito de mon blog : il y a des imbéciles à gauche et des êtres lumineux d’intelligence à droite, des égoïstes magouilleurs à gauche et des purs à droite et…vice versa.

« Le caractère de la conardise est indélébile: à qui il est une fois attaché, il l'est toujours. » A écrit Montaigne( III-V ) Et il aurait pu ajouter « qu’il se prétende de gauche ou de droite ! »

En affirmant de manière provocante : Je suis culturellement de gauche je voulais exprimer tout cela.

Mais rappeler surtout et affirmer que pour moi la culture est prioritaire, que dans le budget du maire de Strasbourg, cela saute aux yeux.

Je voulais affirmer aussi, mais c’est plus délicat à formuler car c’est une profession de foi personnelle, que je suis aux cotés des artistes et des acteurs de la vie culturelle à titre personnel, que je trouve leur rôle dans notre société essentiel et irremplaçable.

Et, que l’on me permette de le dire sincèrement : j’aime les artistes, je les aime vraiment.

Le fait d’avoir moi même tâté des planches il y a très longtemps, le fait d’avoir souffert dans l’exercice d’écriture de quatre livres, me pousse sans nul doute tout naturellement à vivre cette inclinaison.

Je suis donc « culturellement culturel ». Mais, évitons les jeux de mots : je me considère comme un militant de la culture, un serviteur de la culture... et que tous ceux qui sont encore accrochés aux vieilles lunes et aux clivages archaïques acceptent de reconsidérer le paysage et ses acteurs.

Ensemble, continuons le débat !