Tour de France - succés populaire inouï, "le serment du jeune coureur" et quelques images fortes...
Par Robert Grossmann le dimanche, 2 juillet 2006, 19:31 - Sport - Lien permanent
On n'a pas vécu une telle aventure depuis plus d'un demi siècle. Jamais il n'y eut une telle concentration de bonheur, de bonheur sportif en Alsace. Jamais il n'y eut une telle promotion de la communauté urbaine de Strasbourg et... de l'Alsace. Cent quatre vingt chaînes de télévision ont diffusé des images de la cathédrale, du Rhin et de ses ponts, des villages traversés, des foules à leur bonheur ...en liesse...Et l'éviction des coureurs pris la main dans les sacs de sang "amélioré" n'y aura rien fait. Tout au contraire, le grand nettoyage qui a eu lieu la veille du départ valorise d'avantage encore la ville des droits de l'Homme, capitale européenne.
Quelques images, quelques impressions...
Bernard Hinault m'a dit et répété que dans vingt ans encore on se souviendra de cet acte incroyablement courageux et on parlera de Strsbourg dans tous les milieux sportifs? Strasbourg, m'a-t-il dit marquera un tournant dans l'histoire du sport.
Les images de Strasbourg, Saverne, Rosheim, Obernai, Wingersheim, de toute l'Alsace en un mot montraient des foules en joie, du vrai bonheur! Toutes ces images étaient filmées par les chaines télévisions qui les ont diffusées dans 185 pays à travers le monde
Le moment le plus émouvant, mais il y en eut tellement, s'imprima dans nos mémoires rue Mercière avec la cathédrale en fond et le plus jeune coureur un suédois qui lut le serment du jeune coureur.Il s'exprima en un très bon français et la Marseillaise éclatat, émouvante, interprétée par l'harmonie Caecila d'André Hincker. Lacher de ballons qui dessinèrent des figures mouvantes, changeante, joyeuses, dans le ciel de Strasbourg. Jean-Marie était alors très ému. C'est lui qui il y a huit ans a rédigé le canevas de ce texte du serment, adapté chaque année.
En voici le texte:
"Pour un coureur cycliste, et en particulier pour un jeune professionnel, c'est un aboutissement et une fierté de participer au tour de France.
Aujourd'hui, à Strasbourg, au moment de prendre le départ d el'édition 2006, je me fais le porte parole de tous mes collègues français et étrangers, en ma qualité de jeune coureur, pour prendre l'engagement de respecter l'esprit sportif et l'ethique de la grande compétition à laquelle nous allons participer, de faire preuve de loyauté, et de fair play, dans toutes les situations.
Nous demandons au public, aux représentants des médias, aux organisateurs et à leurs partenaires qui vont nous accompagner durant trois semaines, de nous accorder leur confiance.
En échange, nous allons vous offrir à tous, j'en suis certain une belle compétition, digne des valeurs qui sont attachées au sport cycliste et à la plus belle course du monde"
Les sceptiques professionnels estiment que ce texte n'a aucune valeur. Peut-être. Mais l'éviction de ceux qui étaient en contradiction avec les termes de ce serment a marqué un tournant. Il y a sans doute encore d'autres tricheurs...Ils ne gagneront pas. Et ce serment émouvant devant la cathédrale porte sa force et sa valeur qui opéreront quoi qu'il arrive, un peu plus tôt, un peu plus tard.
Jean-Marie est un vrai "big boss" à tous les sens de ce terme. Il est aussi un homme de coeur. C'est ainsi qu'il avait pris l'engagement d'aller saluer, sur le bord de la route du tour, dans la traversée du village de Wingersheim un jeune coureur gravement accidenté. Le club cycliste de Wingersheim est particulièrement dynamique et l'un de ses jeunes s'était fait renverser à vélo par une voiture. Deux mois de coma et des séquelles lourdes. Le directeur général du tour lui a dédicécé un maillot jaune devant tout le village réuni. Chapeau!
Ce qui ne cessera de me stupéfier c'est l'inconscience de certains spectateurs. C'est constant et rien n'y fait. Je les ai vu à plusieurs reprises: la voiture arrive à 40, voire cinquante à l'heure, soixante ou quatre vingt dans certaines descentes, les cyclistes également arrivent à cette allure...et cinq mètres devant les véhicules ou les vélos, parfois à quelques centimètres, des inconscient traversent la route. C'est miracle qu'il n'y ait pas plus d'accidents. Mais il y en a. Et les premières étapes de ce tour en ont hélas déja connu. Inconscience, provocation, défi ou connerie? Une partie de l'humanité ne changera jamais.
Qu'ils risquent leur vie est déja grave mais qu'ils mettent en péril les coureurs est inadmissible.
Ce mail de Günther Petry, maire de Kehl qui fait chaud au coeur et qui montre la réalité et la vitalité de l'Eurodistrict:
Lieber Robert,
im Namen des Radsportteams Lutz, der Kehler Schülerinnen und Schüler und und des Musikvereins Bodersweier danke ich ganz herzlich für die Teilnahme an der Terminen zur TdF. Besonders die jungen Radsportler vom Radsportteam Lutz (ein sehr rühriger kleiner Kehler Radfahrverein, der sich der Jugendarbeit im Radrennsport verschrieben hat) sind ganz begeistert (einer sagte: "Das war der schönste Tag in meinem Leben"), daß sie gestern bei der Fahrervorstellung dabei sein konnten.
Herzlichen Dank - und bis am Mittwoch.
Ganz herzliche Grüße
Günther Petry
D'autres impressions dès que je disposerais à nouveau de quelques instants
Commentaires
Ce serment du jeune cycliste ramène à la plus longue mémoire, celles des serments et promesses, des grecs, ou de la disputatio médievale.
Souhaitons en effet que le "serment de strasbourg 2006" soit en effet, un moment historique !
Ce serment est effectivement une bonne idée, et pourrait être institutionnalisé. Le Tour de France est le troisième événement sportif au monde, après les JO et la Coupe du Monde de football: de même que le serment olympique inaugure la quinzaine aux anneaux, le serment du coureur pourrait lancer chaque Grande Boucle.
Clin d'oeil de l'histoire, puisque nous parlions ici du regretté Charly Grosskost. Celui-ci a été le héros du début de TDF 1968, en gagnant à Esch-sur-Alzette comme, je crois, cela a déjà été dit ici, mais aussi, la veille, le prologue à... Vittel, ville délibérément choisie pour son eau minérale, dans un Tour que Jacques Goddet plaçait sous le signe de la santé du coureur et de la lutte antidopage après le décès de Tom Simpson dans les circonstances que chacun sait... Quant à l'édition de 1953, elle marquait le retour à un tracé équilibré, respectueux des coureurs, tant le Tour 1952 avait été déraisonnablement montagneux. Moralité: quand on parle de Tour sain, Strasbourg et les Strasbourgeois sont régulièrement dans le coup! Mais bien sûr 2006 est au-dessus, ce qui s'est passé la semaine dernière était différent, différent des autres fois, et, oui, nous n'avont pas fini d'en reparler. Et c'est tant mieux. Rien de négatif là-dedans pour Strasbourg: ce n'est pas l'affaire Festina de 1998, annus horribilis pour l'image du vélo, ce n'est pas la grève des coureurs de Valence-d'Agen de 1978 ou le blocage de la route par les métallos sur la route de Fontaine-au-Pire de 1982. Non. On parlera effectivement de Strasbourg comme d'un événement positif, du jour où le cyclisme a cessé de rechercher des lampistes et a vraiment commencé à nettoyer les écuries d'Augias, quitte à opérer un renouvellement sans précédent de ses élites. Les autres sports devraient prendre exemple! Dans un autre registre d'ailleurs, nous aurons peut-être l'occasion aujourd'hui de saluer la justice italienne. J'aime beaucoup leur législation sur la fraude sportive.
Ce qui s'est passé à Wingersheim est vraiment honorifique pour le cyclisme, cela montre que le cyclisme d'en haut fait preuve de la reconnaissance qu'il mérite au cyclisme d'en bas, et soutient les siens dans les coups durs. Effectivement, très bon club à Wingersheim, et leur grand prix, disputé le premier dimanche d'août, est un vrai plaisir, un bon moment de sport mais aussi de convivialité.
Grand débat que celui de la place du public sur le bord des routes. A la télévision, Laurent Jalabert et Laurent Fignon n'étaient pas d'accord entre eux. Le premier préconise des doubles barrières à l'arrivée pour tenir le public à distance et éviter les malheureux accidents comme celui de dimanche, le second soutient au contraire que l'attrait du cyclisme vient de sa proximité avec le public, et que le Tour aurait beaucoup à y perdre à se protéger ostensiblement des spectateurs. J'avoue partager ce second point de vue, même si, ponctuellement, cela présente des risques, et je rappellerai que le public français est infiniment plus discipliné que le public italien, il suffit de regarder le Giro pour s'en convaincre. Bien entendu, tout cela n'excuse pas la connerie humaine, nous sommes bien d'accord.
En effet, excellente idée que de faire passer l'étape de dimanche dans l'Eurodistrict! Assurément, le Tour n'a pas fait étape "à l'étranger", mais est bel et bien resté dans un espace cohérent.
J'ai fait une étape du tour de france et j'avoues beaucoup de respect pour la machine, vue de l'interieur. Ce serment, le second serment de strasbourg, doit être mis en avant, distribué à tous les jeunes coureurs dans les écoles de cyclisme ( c'est plus utile que d'autres documents) ...
Mais là encore, il manque de l'imagination à nos décideurs ..