La Laiterie, friche et lieu d'exception culturelle
Par Robert Grossmann le vendredi, 23 juin 2006, 08:40 - culture et forum - Lien permanent
Le site de la Laiterie, propriété de la ville, avait vocation à être un lieu de culture alternatif .
Son histoire récente n'a pas été inintéressante et, rendons à Jean ce qui lui appartient, de beaux moments y ont eu lieu, de belles choses s'y sont produites. Mais jamais les conflits larvés, les rivalités, les frustrations ne furent absents. A coté de ce que l'on avait appelé de manière très médiatique " Le centre européen de la jeune création" et que l'on nommait en racourci et peut-être un peu abusivement aux yeux des autres occupants du site : "La laiterie", il y eut ARTEFACT de l'équipe Thiérry Danet, Molodoï et le provisoire conservatoire de musique.
ARTEFACT n'a cessé de connaître la faveur des publics jeunes avec une exceptionnelle programmation musicale, musiques amplifiées, musiques jeunes, musiques actuelles, peu importe l'étiquette, le produit a toujours été remarquable, sans compter le grand festival Ososphère qui rassemble chaque année des milliers de jeunes. Laiterie aussi donc et depuis assez longtemps! Succés de Thierry Danet qui vivait mal les disputes concurrentielles autour du label Laiterie
Molodoï a un mode de fonctionnement original, unique peut-être, puisque de manière collective, et ce collectif traverse les épreuves des années et démontre qu'il peut réellement fonctionner, une salle est mise à disposition de ceux qui veulent y réaliser un projet d'animation musicale ou de spectacle vivant. Ca marche !
Les TAPS ont été installé dans les lieux laissés vacants à la suite de la cessation des activités de l'association qui a fini bien mal financièrement après le départ de Jean. Les TAPS sont une initiative unique en France dont l'objectif principal est de permettre aux compagnies en région de montrer leurs productions. Je reviendrai dans un autre billet sur le succés des TAPS.
Mais je suis tout à mon bonheur d'avoir réussi une opération qui me tenait coeur : faire de la Laiterie cette Friche intégrale, cohérente dans la plus joyeuse diversité, lieu de culture jeune et alternative, espace d'expérimentation de réflexion, de croisement et de rencontre des cultures, un lieu qui permettra ce "dialogue des arts" auquel on peut rêver souvent et le rencontrer très peu, et souvent pas du tout.
La Laiterie ne sera pas une copie de la Belle de Mai de Marseille, ni du Lieu Unique de Nantes. Ce sera un lieu comme il n'en existe pas et qui se définira au fil des expériences, des créations, des tentatives, des mélanges, des métissages culturels. Ce sera un lieu qui démontrera qu'il se passe quelque chose de nouveau...que les cultures sont en mouvement. Gestation d'étincelles et de lumières.
Strasbourg est une ville d'exception dont la richessse de l'offre culturelle est remarquable. La ville consacre plus de 25% de son budget à la culture! Les institutions y sont nombreuses, diverses et très officielles :opéra; orchestre philharmonique, festivals, écoles d'art, je n'énumère pas tout ici...
Bref il manquait un lieu alternatif, vivant et expérimental, unique en un mot.
J'aurais réussi à convaincre les responsables des compagnies, tous ceux du spectacle vivant de quitter la Fabrique théâtre, caserne de l'armée en deshéarance, où ils étaient logés dans d'assez bonnes condition. Mais la ville y était locataire. Déménagement à la Laiterie où la ville est propriétaire et mise en oeuvre d'un projet expérimental.
Je rêvais que la Laiterie soit tout entière dédiée aux spectacles vivants! J'ai refusé, la mort dans l'âme, et le maire plus encore que moi, à la fac d'art pla de s'y installer alors que je connais l'exiguité de leurs locaux au Palais U.
Je voulais un lieu exceptionnel investi par les artistes et leurs créations, et leurs expérimentations.
Artefact, les TAPS, Molodoï avec, maintenant, l'associaton Friche Laiterie et voila le début d'une belle et grande aventure, multiple, diverse, croisée, surprenante, alternative...
Avec les responsables du SYNAVI qui a suscité l'association Friche Laiterie nous avons négocié plus d'un an avec des moments difficiles, difficiles...De rudes rounds d'observation se sont déroulés. Il y eut aussi quelques tensions. Je n'ai jamais renoncé à mes convictions et je n'ai jamais été hypocrite face à mes négociateurs. Ils étaient eux toujours de bonne foi. Ce fut donc franc, direct et loyal. Mais, de mon côté, j'ai toujours été exigeant. Je souhaitais un projet artistique susceptible de faire rêver, bref tout le contraire d'une "fonctionnarisation" de la création et de la culture.
Hier, notre accord ayant été formalisé, j'ai été heureux d'entendre Yves Reynaud saluer "le courage de la ville", et expliquer que les autres friches dans d'autres villes s'étaient plutôt réalisées contre les municipalités alors que la Laiterie se fait avec la municipalité. Luc Jambois de son côté a rappelé que la Laiterie ne serait pas une copie de quelque chose qui existe déjà ailleurs mais un lieu original.
Je forme le voeu que le projet Laiterie chemine avec succés, qu'il fasse reculer des limites et des frontières, qu'il réussisse à élargir les publics.
Premier rendez vous samedi 24 à parir de 19 heures!
Commentaires
Il y a peu jenviais Nantes et son "Lieu Unique" en me disant que nous étions bien pauvre à Strasbourg... La lecture récente des DNA, cette note sur votre blog, mobligent à réviser mon jugement. Quil est loin le temps, pas si lointain, où lon accusait la municipalité en place de vouloir fermer La Laiterie, dêtre anti culture, anti jeune, bref anti tout !
Bravo pour cette initiative exemplaire. Elle révèle une réelle ambition pour Strasbourg, ville de culture.
Puisse cette Friche être un lieu de création, un lieu d'eclosion, mais aussi un lieu connu et reconnu !
Entre le Zénith et la Laiterie les Strasbourgeois seront comblés et notamment les plus jeunes. La grande majorité des spectateurs ignore le mode de fonctionnement du site de la laiterie et après tout, ce nest pas le plus important. Limportant cest que chacun puisse y trouver ce pour quoi il sest déplacé. Pour tous, y compris moi, il sagit dun site où lon peut découvrir tous les styles de musique ou de spectacle. Cest un espace de découvertes et un passage obligé pour les artistes en devenir. Réussir à la laiterie est un gage de réussite nettement supérieur à un passage à la Star académie, le Sangatte de la chanson française
La Laiterie a déjà une renommée Nationale auprès des jeunes. Elle est davantage connue que le conseil de lEurope et c est peu dire
En 2008, nous aurons donc deux merveilleux équipements. Lun, le Zenith, dédié aux spectacles et lautre, la laiterie, à la création. Ils pourront même fonctionner ensemble pour certaines occasions. Les ARTEFACT feront le plein aux Zénith et draineront encore davantage de public. Je mégare un peu, mais pourquoi pas un Festival au moment de la foire Européenne ? Accueillir tous les soirs un concert au Zénith avec en première partie un jeune groupe local, permettrent ainsi aux exposants douvrir plus longtemps et surtout attirer un public plus jeune serait peut-être le moyen de rendre notre foire encore plus importante. Colmar le fait bien avec réussite pour la foire aux vins, Strasbourg devrait pouvoir faire aussi bien en septembre ? Cela nest bien évidemment possible que si le parc des expositions se déplace à proximité du Zénith
Jétais ravi ce matin douvrir Libération et de lire cet article sétendant sur deux pages, titrant : « Strasbourg, ville des cultures actuelles. » Le journaliste reconnaissait sêtre trompé il y a quelques mois en écrivant que, dans notre ville, il ny avait aucune place concédée aux musiques actuelles et aux cultures émergentes. Malheureusement, mon réveil a sonné. Ce nétait quun rêve
Samedi soir, en revanche, le rêve était bien réel sur la Friche de la Laiterie. Un tel lieu manquait à Strasbourg : un lieu pluridisciplinaire, alternatif, ouvert à toutes les pratiques. Linauguration samedi était exceptionnelle ! Cest rare de voir un public familial se retrouver dans un tel lieu. Je nai vu ça quà Berlin ! Strasbourg serait-elle en train de devenir aussi étonnante que la capitale allemande ? Je lespère
Monsieur, linitiative que vous nous présentez me semble vraiment bienvenue à Strasbourg. Pourrait-on en savoir plus ? Quelle sera la programmation ? Comment ce lieu fonctionnera-t-il ? Que va-t-il sy passer concrètement ? Jai cherché dans les DNA, mais je nai malheureusement rien trouvé.
Je tombe par hasard sur votre blog et jai lu votre billet sur le nouveau lieu alternatif que vous ouvrez à Strasbourg. Cela donne envie de venir à Strasbourg et pourquoi pas de sy « expatrier »
Jai voulu en savoir un peu plus sur vous et, à mon grand étonnement, je constate que vous êtes un élu de lUMP !
Vous devez être vraiment le seul « élu de droite » à militer pour la culture alternative ! Je vous dis « bravo » et félicitation : cela ne doit pas être évident tous les jours
Trêve de louange : mon intervention est intéressée : est-ce que vous ne pourriez pas convaincre de vos idées certains de vos collègues élus dans dautres villes de France (des élus de droite aussi bien que de gauche dailleurs) que nous avons besoin de lieux alternatifs de création et de diffusion ?
cher Fred,
je vous cite : "Un tel lieu manquait à Strasbourg : un lieu pluridisciplinaire, alternatif, ouvert à toutes les pratiques."
C'est la définition de la salle Molodoï qui est ouverte depuis 1993 et qui accueille 150 événements chaque année. C'est vrai que la presse ne s'intéresse à ce qui s'y passe que depuis trop peu de temps helas, et cela n'est peut-être pas arrivé jusquà vos oreilles. Je vous invite à visiter leur site : www.molodoi.net. Vous verrez, il s'agit d'un véritable ovni, unique en France. Et pour citer M. Grossmann "Ca marche !"
Cher Stéphane,
Si le projet de Friche Laiterie permet de mieux faire connaître d'autres structures, telles que Molodoï, alors c'est tant mieux !
malgré ces succès, les acteurs "musiques actuelles" semblent toujours se plaindre selon le magazine "Longueur d'Ondes".
L'article est téléchargeable sur le site d'Artefact : www.loco.artefact.org/art...
Strasbourg, ville de culture : maillot jaune du mécontentement injustifié ou lanterne rouge des actions menées en faveur des musiques actuelles?
Un nouveau lieu ouvre et, au lieu de s'en réjouir, on se plaint... Certains devraient inscrire à leur répertoire le "Jamais Content" d'Alain Souchon...