Le site de la Laiterie, propriété de la ville, avait vocation à être un lieu de culture alternatif .

Son histoire récente n'a pas été inintéressante et, rendons à Jean ce qui lui appartient, de beaux moments y ont eu lieu, de belles choses s'y sont produites. Mais jamais les conflits larvés, les rivalités, les frustrations ne furent absents. A coté de ce que l'on avait appelé de manière très médiatique " Le centre européen de la jeune création" et que l'on nommait en racourci et peut-être un peu abusivement aux yeux des autres occupants du site : "La laiterie", il y eut ARTEFACT de l'équipe Thiérry Danet, Molodoï et le provisoire conservatoire de musique.

ARTEFACT n'a cessé de connaître la faveur des publics jeunes avec une exceptionnelle programmation musicale, musiques amplifiées, musiques jeunes, musiques actuelles, peu importe l'étiquette, le produit a toujours été remarquable, sans compter le grand festival Ososphère qui rassemble chaque année des milliers de jeunes. Laiterie aussi donc et depuis assez longtemps! Succés de Thierry Danet qui vivait mal les disputes concurrentielles autour du label Laiterie

Molodoï a un mode de fonctionnement original, unique peut-être, puisque de manière collective, et ce collectif traverse les épreuves des années et démontre qu'il peut réellement fonctionner, une salle est mise à disposition de ceux qui veulent y réaliser un projet d'animation musicale ou de spectacle vivant. Ca marche !

Les TAPS ont été installé dans les lieux laissés vacants à la suite de la cessation des activités de l'association qui a fini bien mal financièrement après le départ de Jean. Les TAPS sont une initiative unique en France dont l'objectif principal est de permettre aux compagnies en région de montrer leurs productions. Je reviendrai dans un autre billet sur le succés des TAPS.

Mais je suis tout à mon bonheur d'avoir réussi une opération qui me tenait coeur : faire de la Laiterie cette Friche intégrale, cohérente dans la plus joyeuse diversité, lieu de culture jeune et alternative, espace d'expérimentation de réflexion, de croisement et de rencontre des cultures, un lieu qui permettra ce "dialogue des arts" auquel on peut rêver souvent et le rencontrer très peu, et souvent pas du tout.

La Laiterie ne sera pas une copie de la Belle de Mai de Marseille, ni du Lieu Unique de Nantes. Ce sera un lieu comme il n'en existe pas et qui se définira au fil des expériences, des créations, des tentatives, des mélanges, des métissages culturels. Ce sera un lieu qui démontrera qu'il se passe quelque chose de nouveau...que les cultures sont en mouvement. Gestation d'étincelles et de lumières.

Strasbourg est une ville d'exception dont la richessse de l'offre culturelle est remarquable. La ville consacre plus de 25% de son budget à la culture! Les institutions y sont nombreuses, diverses et très officielles :opéra; orchestre philharmonique, festivals, écoles d'art, je n'énumère pas tout ici...

Bref il manquait un lieu alternatif, vivant et expérimental, unique en un mot.

J'aurais réussi à convaincre les responsables des compagnies, tous ceux du spectacle vivant de quitter la Fabrique théâtre, caserne de l'armée en deshéarance, où ils étaient logés dans d'assez bonnes condition. Mais la ville y était locataire. Déménagement à la Laiterie où la ville est propriétaire et mise en oeuvre d'un projet expérimental.

Je rêvais que la Laiterie soit tout entière dédiée aux spectacles vivants! J'ai refusé, la mort dans l'âme, et le maire plus encore que moi, à la fac d'art pla de s'y installer alors que je connais l'exiguité de leurs locaux au Palais U. 

Je voulais un lieu exceptionnel investi par les artistes et leurs créations, et leurs expérimentations.

Artefact, les TAPS, Molodoï avec, maintenant, l'associaton Friche Laiterie et voila le début d'une belle et grande aventure, multiple, diverse, croisée, surprenante, alternative...

Avec les responsables du SYNAVI qui a suscité l'association Friche Laiterie nous avons négocié plus d'un an avec des moments difficiles, difficiles...De rudes rounds d'observation se sont déroulés. Il y eut aussi quelques tensions. Je n'ai jamais renoncé à mes convictions et je n'ai jamais été hypocrite face à mes négociateurs. Ils étaient eux toujours de bonne foi. Ce fut donc franc, direct et loyal. Mais, de mon côté, j'ai toujours été exigeant. Je souhaitais un projet artistique susceptible de faire rêver, bref tout le contraire d'une "fonctionnarisation" de la création et de la culture. 

Hier, notre accord ayant été formalisé, j'ai été heureux d'entendre Yves Reynaud saluer "le courage de la ville", et expliquer que les autres friches dans d'autres villes s'étaient plutôt réalisées contre les municipalités alors que la Laiterie se fait avec la municipalité. Luc Jambois de son côté a rappelé que la Laiterie ne serait pas une copie de quelque chose qui existe déjà ailleurs mais un lieu original.

Je forme le voeu que le projet Laiterie chemine avec succés, qu'il fasse reculer des limites et des frontières, qu'il réussisse à élargir les publics.

Premier rendez vous samedi 24 à parir de 19 heures!