Du libre usage de la correction auditive en littérature
Par Robert Grossmann le mercredi, 8 mars 2006, 20:57 - lire...littérature - Lien permanent
Du libre usage de la correction auditive en littérature
« Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. » Tout le monde attribue cette formule à Malraux. La liste de ceux qui jurent leurs grands dieux avoir entendu Malraux tenir ces propos en différentes circonstances est aussi longue que celle de ceux qui professent sans vergogne que cette formule est du Malraux pur sucre, sans compter ceux qui croient lavoir lu au détour dune page des Antimémoires. De toute bonne foi, même Jean-Paul II écrit en conclusion de son livre Entrez dans lespérance : « André Malraux avait certainement raison de dire que le XXe siècle serait religieux ou ne serait pas. »
Le problème est que Malraux déclare dans une interview accordée au Point à la fin de lannée 1975 : « On ma fait dire que le XXIe siècle serait religieux. Je nai jamais dit cela, bien entendu, car je nen sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je nexclus pas la possibilité dun événement spirituel à léchelle planétaire. » Dans son entretien avec Max Torrès, Hôtes de Passage, Malraux persiste et signe : « On ma fait dire : le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. Formule ridicule. En revanche, je pense réellement que lhumanité du siècle prochain devra trouver quelque part un type exemplaire de lhomme. »
Quelle leçon ! Malraux a beau démentir à plusieurs reprises avoir jamais prononcé cette formule, il a beau prétendre quelle est « ridicule » : tout le monde continue à lui en accorder la paternité. Preuve quaucun démenti ne peut alléger le poids de lautosuggestion et quil nexiste pire sourd que celui qui ne veut entendre. Encore que dans ce cas précis, il nexiste aucune bande sonore pour corser laffaire.
Commentaires
Depuis lannonce de votre blog dans la presse, javoue my promener de temps en temps en my délectant...
En même temps quun blog, je découvre un homme dont je navais pour me forger une opinion, que quelques images véhiculées par certains caricaturistes pas toujours très amicaux.
La qualité des nombreuses interventions que je peux lire me fait avancer avec timidité ; en tout état de cause jai envie de vous dire merci M. Grossmann. Merci de nous livrer la facette sincère de votre personnalité. Merci de nous aider à porter un autre regard sur la politique, merci de nous montrer que les hommes de pouvoir ne sont pas tous inconsistants !
L.Kayser
Jai découvert Malraux dans la bibliothèque familiale et je lai retrouvé par la suite . On dit quil aurait plutôt dit « le grand problème du XXIe siècle sera celui des religions ». En cela, lexplosion des communautés, le conflit israélo-palestien, orthodoxo-musulman, américano-iranien, et jen oublie dautres lui donne sans doute raison Sil a bien prononcé la dite phrase que dautres jugent apocryphe.
Sur laffaire de la cassette ou la « non-affaire » selon le blog dit de La Droite Strasbourgeoise, tout a été dit par la justice dune part, et ce blog bien informé et senti (Je partage leur analyse sans partager le reste). Tout le brouhaha fait par ailleur nest que querelle politicienne.
On pourrait comprendre, à lextrême forcément, quun partisan de Jeanne dArc entende des voix, voire quune dévote à Bernadette . la Sainte, ait des visions et des perceptions auditives. Que le miracle ici entendu vienne des rangs laïcs est sans doute la dernière blague dun esprit « parleur » !
Qui a dit que lau-delà navait pas dhumour. La cohorte damuseur qui y tienne staamtisch est pourtant un signe fort. A oui, quest censé avoir dit Malraux ..
Le XXIe siècle sera mystique ou ne sera pas .
Ps : sur la fameuse phrase, relire : www.andremalraux.com/malr...
Je ne comprends pas les insinuations d'Alsator ! Savoir si Malraux a oui ou non prononcé "Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas" ne peut pas être taxé de "non-affaire" !
Ah ! enfin de l'humour dans un monde de sourds !
Enfin des sourds dans une monde d'amour ?
M Grossmann, je profite de votre « perche » pour vous faire part de ma honte. Oui, jai honte de voir la façon dont se comportent certains élus du peuple. La bande de Roland, pour ne pas la citer, et ses histoires de bande Comment peut-on seulement oser ? Comment peut-on tomber si bas ? Cest vraiment honteux de la part de personnes prétendument « respectables » et élus de la République de se comporter de la sorte et de nier la justice de cette même République. Justice que lon nhésite pas à invoquer à tout bout de champ par ailleurs. Quels coûts pour le contribuable ? Et bien si M Ries est fier de lui moi et beaucoup de mes concitoyens, nous avons honte ! M Ries et consorts vous nous faites honte !
« Jai honte de siéger avec vous » ! Que voilà donc une phrase forte mais si légère que les bandes sonores ne lon même pas mémorisée. Les enregistreurs ont-ils dès lors une âme, on peut en convenir à la lueur de cette « non-affaire ».
Au pire, nous sommes loin du dérapage de Monsieur Frêche (arrogant en alsacien ;-)), au mieux on se demande si la gauche na que ce genre darguments à opposer à lactuelle municipalité que daucun disait engluée dans ses projets.
La nouvelle rhétorique de la gauche strasbourgeoise, cest donc : procès, plaintes, et procédures ..Jaurès, Blum, Peirotes, où êtes-vous les grands anciens ?
Se pose ici, comme la déjà défini un blog strasbourgeois, la question de savoir si, même si cette phrase avait été prononcée, elle constitue une diffamation, une insulte et nécessite un éventuel mea culpa. Ma réponse est également « non ». Il sagirait dun avis, de lexpression dune opinion suite à des faits donnés et rien de plus. Je pense même que les PV des ères précédentes doivent fournir pareils moments et peut-être des pires.
Faut-il vraiment que le « politiquement correct » règne en maître pour que lon soffusque de si peu. Je plonge dans lhistoire et jinvite les uns à relire les actes de ce magnifique colloque consacré par lUniversité de Bourgogne à lInsulte en Politique
La force des mots de lépoque na dégale que la mollesse de notre quotidien !
Pour anecdote et en conclusion, je crois savoir que ladjectif « trotskyste » était à lorigine une insulte politique visant à empêcher les partisans de Trotsky de se dire « communiste »
M. Grossmann, merci d'élever le niveau du débat ! Vous excellez parfois dans l'art du discours et dans celui, plus discret, de la parabole (je dis bien parfois, parce qu'il vous arrive quand même, vous l'avouerez, d'aller à la facilité rhétorique). Mais comme vous êtes parfait, ici, dans la culture de la parabole, je vote pour votre élection au poste d'archevêque de Strasbourg !