Racontez encore…

Au cœur de la Robertsau le nouveau foyer de la paroisse protestante a été inauguré le 12 octobre 2013. Cette belle réalisation conduite par la pasteure Monika Garruchet entourée d’un efficace conseil presbytéral était une nécessité pour la paroisse. Elle constitue un enrichissement pour la vie sociale et culturelle du quartier tout entier. Le bâtiment, clair et fonctionnel, jouxte le parc de la Petite Orangerie dont les arbres et le gazon s’invitent dans la grande salle. Les rencontres s’y dérouleront de manière lumineuse.

Il porte le nom de la comtesse dont la famille, les Bussierre-Pourtalès, avait manifesté un attachement permanent à la paroisse et tout « son village ».

Ce sera donc le Foyer Mélanie de Pourtalès et on me demanda, en tant qu’historien de la comtesse, d’y donner la conférence inaugurale d’une semaine culturellement riche.

Un public nombreux vint se passionner pour la belle Mélanie et manifesta un réel intérêt pour le passé de notre quartier.

On me posa de multiples questions sur le château et ses hôtes.

On me dit « vous devriez raconter encore ».

 En janvier 2014 l’animateur du blog de la Robertsau , Emmanuel Jacob, m’interviewa pendant près d’une heure camera en main. Il m’a offert le temps de m’exprimer longuement sur mon quartier, celui qui m’a choisi pour être son élu, celui que je n’ai cessé de défendre, celui qui ne cesse de me passionner.

J’ai raconté de manière simple quelques anecdotes et quelques aventures que j’y ai vécues. J’ai parlé des grands défis pour la Robertsau. Cette vidéo a eu du succès sur le net et les témoignages qui me sont parvenus avaient tous un point commun : l’intérêt pour l’histoire du quartier y compris celle de ce passé récent que je relatais. Bien des épisodes n’étaient pas connus des néo robertsauviens.

On me demanda de raconter encore.

 Je pris alors conscience avec une sorte d’incrédulité que cela faisait quasiment un demi siècle que je vivais la Robertsau. Beaucoup de ceux avec qui j’avais agi, que j’avais assidument fréquentés n’étaient plus.

Les grands anciens qui m’avaient accueilli, soutenu et offert leur amitié lorsque vers la fin des années 1960 j’étais un « Her Gelofener » (venu d’ailleurs) au Laüch, se comptaient sur les doigts d’une main.

J’étais devenu sans m’en rendre compte, sans réussir à me l’avouer tout à fait, un grand ancien et aussi un grand témoin.

Il faut donc que je raconte…

J’ai alors eu envie de raconter l’envoûtante forêt de mon enfance, les abords du Rhin et mon village de maraîchers aux portes de Strasbourg. Je fais défiler les figures pittoresques et certains caractères, achdi Robertsaüer, ces «authentiques Robertsauviens» que j’affectionne tant. J’évoque aussi des pages de la grande histoire dont la Robertsau fut le théâtre: le château des Bock-Boecklin au XIIe siècle, la merveil- leuse comtesse Mélanie de Pourtalès, le duel d’un ambassadeur d’Autriche, l’intuition du général Ducrot à la veille de la guerre de 1870.

Je ne résiste pas au plaisir de narrer des événe- ments récents, le sauvetage du Coq Blanc, des exploits sportifs, les artistes inspirés par la Robertsau, les trois sapins, la place du Tilleul et bien d’autres séquences dont aucune chronique jamais ne parlera. Il y est aussi (un peu) question de politique...

Ce kaléidoscope d’émotions et d’informations, d’allé- gresse et parfois de mélancolie, c’est ma Robertsau, telle que je l’aime. Je vous invite à mieux la connaitre.