Trois questions à Robert Grossmann

 

 

Quelles analyses faites vous de l’élection présidentielle et des élections législatives en Alsace. On vous a senti critique ?

 

À l’égard de l’UMP et de Sarkozy, oui ! Mais j’ai observé un devoir de réserve et n’ai formulé aucune critique pendant les campagnes pourtant je souffrais dans mon gaullisme.

 

Quoi que puissent en penser beaucoup de mes amis, la campagne de Nicolas Sarkozy était mal ajustée. Virer soudainement « à droite toute » a déstabilisé les électeurs modérés. Certaines formules étaient désuètes…Le bon bilan du président n’a pas été suffisamment mis en avant.

Mais la défaite était inscrite depuis longtemps, les dés étaient jetés depuis 2007. Le comportement personnel de Sarkozy a stupéfié puis détourné beaucoup d’électeurs qu’il avait gagné. Une sorte de haine s’est développée contre sa personne qui est devenue passionnelle.

Certes bien des éléments de sa politique, courageuse, étaient justes et allaient dans le sens de l’intérêt général mais Sarkozy était devenu inaudible pour beaucoup.

Hélas le vrai Sarkozy est soudain réapparu trop tard, le soir même de sa défaite.

 

Quant aux législatives le résultat national a malheureusement été logique à la suite de l’élection présidentielle. Les électeurs ont donné au président PS la majorité qu’il réclamait.

Je note aussi que les appels au FN n’ont pas porté leurs fruits (Morano, Guéant, Garraud) et au contraire ceux qui ont refusé d’en appeler au FN ont plutôt réussi (NKM, Coppé, Bertrand)

Soulignons aussi le naufrage regrettable de l’UDF, coulée par les erreurs de Bayrou, totalement et en permanec victie de son égotisme.

 

À Strasbourg je suis désolé de l’échec de J.P. Maurer qui a toujours consciencieusement effectué son travail de député.

Dans la une Anne Hulné a été une bonne candidate en équipe avec Jean Emmanuel Robert. Elle a été courageuse alors que tous les chiffres donnaient le PS gagnant depuis toujours.

Quant à la trois, saluons le découpage électoral qui a permis la victoire de justesse d’André Schneider.

Globalement on se plait à dire que c’est la « sociologie » qui est à l’origine des succès du PS à Strasbourg…Cette explication si elle n’est pas fausse ne suffit pas à mes yeux.

Peut-être pourrais je ajouter que beaucoup autour de moi déploraient l’absence de ligne politique claire ainsi que l’absence de stratégie globale pour l’UMP à Strasbourg.

Une réunion stratégique  aurait été bienvenue avant puis après le 1er tour.

En ce qui me concerne, alors que j’aurais souhaité une telle stratégie, je me suis gardé d’intervenir car l’expérience m’a appris que dans une élection législative il n’y a qu’un seul patron, le candidat. C’est lui qui émet ses souhaits stratégiques. Moi je les ai respecté et me suis bien gardé d’interférer. Peut-être ai-je eu tort ? Par ailleurs l’UMP 67 a des instances…

 

 

Comme solution, Fabienne Keller évoque la muraille de Chine contre le FN et lutte contre la droitisation de l’UMP. N’y a-t-il plus de droite dans l’avion ?

 

Vous connaissez mes réserves sur l’usage des appellations « droite/gauche ». Ce que l’on peut dénoncer éventuellement ce sont des excès de langage et de formules chez certains à l’UMP qui ont pu atteindre l’image de la droite en jetant la confusion entre « droite républicaine » et « droite excessive ».

En revanche ce que je supporte difficilement c’est l’accaparement par certains du mot « humanisme ». Pour aller dans la caricature : y aurait-il quelque part de « bestialismes » ?

Pour ne pas fuir votre question : il ne faut surtout pas ériger de muraille et ostraciser les électeurs du FN dont beaucoup avaient précédemment voté PS, UDF, UMP ! Comme je l’ai exposé dans ma tribune du 11 mai, « Les vertus du Non », il ne faut pas confondre l’état major FN et des électeurs-citoyens qui manifestent leurs déceptions et leur colère en votant temporairement FN.

Tout le travail et l’art de l’UMP et des autres partis doivent consister à regagner les électeurs déçus et à les rassurer.

Souvenons nous qu’en 2007 les voix du FN avaient diminué considérablement. Si le FN a repris des couleurs c’est à la suite de déceptions engendrées par des engagements non tenus et surtout, ne l’oublions pas à cause des effets de la crise.

L’UMP ne doit pas rater sa reconstruction.

Donc pour reprendre votre image, une droite est nécessaire mais pas suffisante : il faut une droite républicaine et …intelligente !

 

Comment dans l’ambiance actuelle envisager l’avenir de la droite à Strasbourg, en Alsace. Avez-vous des pistes ?

 

En Alsace, hors grandes villes, tout va bien pour l’UMP, il ne semble y avoir aucun problème, ce qui exonère les dirigeants départementaux et régionaux de toute réflexion pour demain….puisque tout va bien !

Il en est tout autrement dans les grandes villes.

A Strasbourg la droite (comme vous dites) à a accomplir un exploit : se reconstruire, rassembler ! Rassembler tous les déçus du PS et de sa politique municipale, tous ceux qui veulent une autre politique, ambitieuse pour notre ville européenne, ambitieuse pour chaque strasbourgeois.

Pour cela il faut des hommes et des femmes à la hauteur de cette tâche qui consiste à bâtir un vrai projet pour Strasbourg

Un projet rassembleur.

C’est à l’automne de cette année que la stratégie devrait se mettre en place.

 

Robert Grossmann

 

J’ai à mon tour une question. Pourquoi voulez vous abandonner le débat ici alors que beaucoup vous suivent et vous attendent

Ne serait ce pas une forme de désertion à la suite du résultat des récentes élections ?

Votre espace de dialogue et de débat me semble nécessaire