Le 13 janvier, inquiet par la tournure des événements, j’en appelais au grands élus de notre ville et de notre région afin qu’ils fassent entendre leur voix et s’élèvent contre « Certaines manifestations extrémistes, les drapeaux marqués de croix gammées et brûlés, les cocktails molotov lancés contre des lieux de culte, les inscriptions et tags à caractère raciste, les appels à la haine, les violences liées à des manifestations avec destructions de vitrines de magasins, tout cela crée un climat de tension insupportable et inadmissible dans notre ville, capitale des droits de l’homme. »

 

Il y eut certes la rencontre des autorités religieuses « autour du maire de Strasbourg »  que je tiens à saluer. Il n’en reste pas moins qu’aucune voix forte d’un grand élu de notre République ne s’est élevée pour condamner et interdire les appels à la haine distillés quotidiennement, notamment place Kléber.

 

Les récentes violences s’inscrivent dans un contexte strasbourgeois et les rappels de certains faits s’imposent.

Il serait en effet stupide et irresponsable de ne pas mettre en perspective avec les faits récents, les événement délictuels surgis depuis quelques années dans notre ville, dont certains sont à la limite de comportements barbares: incendies d’un lieu de culture, le théâtre le Maillon, incendie du centre socio culturel de Hautepierre, incendie de la piscine de Hautepierre, voitures béliers contre des édifices publics.

 

Une attention toute particulière doit être portée aux films vidéo qui circulaient et circulent encore sur internet où l’on voit des énergumènes strasbourgeois non seulement rouer de coups de manière symbolique un policier jeté à terre, mais encore, flanqués de fusils, en appeler à la révolte et désigner le drapeau d’Israël  aussi le camp d’Auchwitz et des persécutions imaginaires.

 

Porté par la solidarité de tout notre groupe municipal, le 20 octobre Anne Schumann a dénoncé ces vidéos en conseil municipal. Jean Emmanuel Robert l’a fait en conseil de CUS du 24 octobre.

Tous deux demandaient que nos collectivités portent plainte en justice.

Des  élus socialistes les accusèrent « d’instrumentaliser les quartiers » et la réaction du président M.Bigot fut d’interdire à M.Robert de prendre la parole en question d’urgence, de le reléguer à la fin de l’ordre du jour, puis de lui couper le micro.

 

Cette absence de volonté de réprimer sévèrement les actes d’une certaine voyoucratie dans nos quartiers, à été relayée de manière spectaculaire le 31 décembre par le premier adjoint Herrmann qui estimait que la seule présence d’une municipalité socialiste suffisait à apaiser les délinquants.

Selon lui et ses camarades on était une fois de plus en train de passer des ténèbres à la lumière. Force est de constater que nous sommes maintenant plus proches des ténèbres

 

En effet, voilà qu’après tous ces signes inquiétants, après nos alertes, après nos appels à porter plainte, la synagogue de Strasbourg vient d’être victime d’une agression de la part d’une bande de plusieurs dizaines de jeunes.

La gravité de cet acte est extrême, elle est sans précédents, elle est intolérable.

Aux lendemains de ce déchainement le silence des autorités de la République a été assourdissant et confirme la coupable indifférence que je dénonçais cinq jours au paravent

Et parce qu’il en est ainsi c’est la communauté israélite, elle même, le CRIF, l’UEJF, avec d’autres organismes qui s’expriment et en appellent à un rassemblement.

 

J’ai partagé avec tous mes concitoyens et notamment les musulmans la vive émotion suscitée par la guerre et les massacres. Mais cette guerre ne se déroule pas sur le territoire national et elle n’avait pas à être importée.

J’ai fortement milité pour la paix.

Je suis aujourd’hui solidaire de l’émotion de la communauté israélite strasbourgeoise et mes appels récents en témoignent car ces faits là se déroulent sur le territoire de notre République.

 

Je déplore ne pas avoir entendu le maire ni les grands élus demander l’interdiction des manifestations répétitives avec appels à la haine, de ne pas l’avoir entendu en appeler avec fermeté à l’état pour que celui ci agisse.

 

C’est dans la plus totale indifférence des autorités municipales et des élus nationaux que les vidéos incriminées ont circulé. C’est dans l’indifférence que les hurlements se sont perpétués place Kléber. Comble de l’ironie, seul le président du Racing a pris une décision digne et courageuse en excluant un de ses joueurs figurant de ces vidéos

 

J’aurais préféré qu’une fermeté sans équivoque et, ce dès les premiers appels à la haine, en arrive à éviter l’agression de la synagogue et dès lors aussi le rassemblement de la Communauté israélite et du CRIF, afin qu’aucune argumentation ne puisse être formulée par personne quant à des expressions exclusivement communautaristes à Strasbourg.

J’aurais préféré que ce soit la voix de la République qui s’exprime de manière spontanée et souveraine.

J’en appelle à un sursaut afin que la République fasse entendre sa voix et sa loi.