Les lèvres de la Mater Dolorosa du Gréco
Par Robert Grossmann le mercredi, 24 mai 2006, 08:47 - j'aime... - Lien permanent
La Vierge Marie ("Mater Dolorosa"), 1590 - El Greco (Domenikos Theotokopoulos) (Greek, 15411614)
huile sur toile ; 52 x 36 cm - Musées des Beaux-Arts de Strasbourg Inv. MBA 276 © Musées de Strasbourg. Photo A. Plisson
Gèrar Gromer, chroniqueur et producteur à France Culture, était lun des journalistes venus de Paris pour parler des trois journées de fêtes musicales à loccasion de linauguration de notre cité de la musique et de la danse, ce samedi 20 mai 2006.
Il ny aura finalement peu ou pas du tout de papiers visibles dans la presse nationale. Loupé ! La faute à la période choisie mexplique-t-on. Le festival de Cannes ne permet à aucun autre événement dêtre pris en compte par les grands médias, faute despace disponible. Et on mavait convaincu quaucune autre date navait été possible, pour des raisons dagenda scolaire du conservatoire. Les 20.000 visiteurs ne liront donc pas dans la presse nationale, nentendront pas dans les télés ni les radios nationales, lécho des belles sensations quil ont éprouvés place Dauphine.
Mais la discussion avec Gromer a été très intéressante. Il est Strasbourgeois de naissance et a fait une partie de ses études à Fustel. Bombardés à Neudorf ses parents sont allés se réfugier à Eschery, vallée de Sainte Marie aux Mines. Ses souvenirs de la vallée pendant la guerre sont de précieux témoignages. Il y avait là bas un camp de concentration, succursale du Struthof. Les prisonniers et les ouvriers spécialisés fabriquaient des éléments de Messerschmidt sous le tunnel et le petit Gérar a vu, de ses yeux vu, Goering en uniforme blanc inspecter les ateliers. Cela la décidé tout jeune à faire de la résistance à Eschery où il résidait. Ses actes clandestins de soutien aux prisonniers ont failli coûter la vie à tout le village que les allemands menaçaient de fusiller en cas de récidive.
Mais Gérar Gromer, volubile dans sa ville quil retrouvait le temps dun mini festival, évoqua son premier choc artistique. Celui qui la décidé à épouser les arts et la culture.
En sortant du lycée il allait souvent au musée des beaux arts et contemplait la Mater Dolorosa du Greco. Cest ce tableau et ses régulières séances de contemplation qui déclenchèrent son irrésistible envie de connaître lart, de le fréquenter et de sengager dans une profession qui lui permettrait de le côtoyer. « Jétais fasciné par les lèvres de cette jeune femme au regard grave et douloureux. Je me disais : cest ça lart. Aucun photographe ne pourrait offrir ces lèvres là. Elles sont réelles et vivantes et en même temps irréellement fascinantes. Je rêvais de ces lèvres qui symbolisaient lart et la création pour le lycéen que jétais »
La suite de notre conversation le conduisit à rendre hommage au parc de scultures de Pourtalès qu'il connaît bien. "C'est extraordinaire cette idée et cette belle réalisation...avoir installé de l'art en ce lieu...Je me suis fait photographier devant ce lapin. Il est fabuleux, ce lapin!"
"The bowler, de Flanagan rectifiais". Flanagan est un très grand artiste international et Gérar Gromer nous apporta un témoignage de plus sur la pertinence de ce parc de sculptures du CEAAC. Strasbourg, ville de culture, ville d'art contemporain, commence a être réellement reconnue partout...
Commentaires
Ce tableau est magnifique... à un tel point qu'il a même été exposé au Metropolitan de New York.
www.metmuseum.org/special...
Strasbourg est vraiment une grande ville de culture ! L'engagement politique n'y est pas pour rien...
Le thème de la « mater dolorosa » a souvent inspiré des peintres espagnols, comme El Greco et Moralès dans ce XVIème siècle espagnol. Il en existe une du Titien aussi, je crois. Mais pour en revenir à lâ??école espagnole, réjouissons nous de cette acquisition dâ??il y a quelques temps qui embellit la collection du Musée de Beaux Arts.
Ces belles européennes, voilà qui pourrait être une idée dâ??exposition dâ??ailleurs en regroupant un certain nombre de toiles féminines. Imaginons la Joconde à Strasbourg, voisinant avec cette « Mater Dolorosa » et pourquoi pas un portrait de Gala par Dali, une femme de Vermeer, un portrait de Dora Mar par Picasso, un portait de Monet, et révons, des toiles de Toulouse Lautrecq.
Virtuelle, une telle exposition aurait du charme
Cher Alsator,
Vous voilà donc près à transiger avec l'Art conceptuel ?
Peut-être oserez-vous y glisser "La belle strasbourgeoise" ?
;-)
Mais vous voyez que vous me pretez des intentions que je n'ai pas, que vous m'embastillez dans des cases prédéfinies, pas encore de bûcher virtuel certes.....
J'aime l'art et depuis longtemps. Mais votre idée est bonne, la belle Strasbourgeoise pourrait inviter des amies à Strasbourg pour y festoyer l'EUROPE
oui cette vierge de Donenikos est vraiment surprenante, un peu comme une anti mona lisa auréolée de bleu, celà me donne envie de lui rendre une visite et de lui offrir mes derniers tubes de bleu de prusse....
J'ai eu la chance de pouvoir l'admirer au Musée Des Beaux Arts et c'est vrai que ses lèvres sont énigmatiques et fascinantes.