La Vierge Marie ("Mater Dolorosa"), 1590 - El Greco (Domenikos Theotokopoulos) (Greek, 1541–1614)
huile sur toile ; 52 x 36 cm - Musées des Beaux-Arts de Strasbourg Inv. MBA 276 © Musées de Strasbourg. Photo A. Plisson


Gèrar Gromer, chroniqueur et producteur à France Culture, était l’un des journalistes venus de Paris pour parler des trois journées de fêtes musicales à l’occasion de l’inauguration de notre cité de la musique et de la danse, ce samedi 20 mai 2006.

Il n’y aura finalement peu ou pas du tout de papiers visibles dans la presse nationale. Loupé ! La faute à la période choisie m’explique-t-on. Le festival de Cannes ne permet à aucun autre événement d’être pris en compte par les grands médias, faute d’espace disponible. Et on m’avait convaincu qu’aucune autre date n’avait été possible, pour des raisons d’agenda scolaire du conservatoire. Les 20.000 visiteurs ne liront donc pas dans la presse nationale, n’entendront pas dans les télés ni les radios nationales, l’écho des belles sensations qu’il ont éprouvés place Dauphine.

Mais la discussion avec Gromer a été très intéressante. Il est Strasbourgeois de naissance et a fait une partie de ses études à Fustel. Bombardés à Neudorf ses parents sont allés se réfugier à Eschery, vallée de Sainte Marie aux Mines. Ses souvenirs de la vallée pendant la guerre sont de précieux témoignages. Il y avait là bas un camp de concentration, succursale du Struthof. Les prisonniers et les ouvriers spécialisés fabriquaient des éléments de Messerschmidt sous le tunnel et le petit Gérar a vu, de ses yeux vu, Goering en uniforme blanc inspecter les ateliers. Cela l’a décidé tout jeune à faire de la résistance à Eschery où il résidait. Ses actes clandestins de soutien aux prisonniers ont failli coûter la vie à tout le village que les allemands menaçaient de fusiller en cas de récidive.

Mais Gérar Gromer, volubile dans sa ville qu’il retrouvait le temps d’un mini festival, évoqua son premier choc artistique. Celui qui l’a décidé à épouser les arts et la culture.

En sortant du lycée il allait souvent au musée des beaux arts et contemplait la Mater Dolorosa du Greco. C’est ce tableau et ses régulières séances de contemplation qui déclenchèrent son irrésistible envie de connaître l’art, de le fréquenter et de s’engager dans une profession qui lui permettrait de le côtoyer. « J’étais fasciné par les lèvres de cette jeune femme au regard grave et douloureux. Je me disais :  c’est ça l’art. Aucun photographe ne pourrait offrir ces lèvres là. Elles sont réelles et vivantes et en même temps irréellement fascinantes. Je rêvais de ces lèvres qui symbolisaient l’art et la création pour le lycéen que j’étais… »

La suite de notre conversation le conduisit à rendre hommage au parc de scultures de Pourtalès qu'il connaît bien. "C'est extraordinaire cette idée et cette belle réalisation...avoir installé de l'art en ce lieu...Je me suis fait photographier devant ce lapin. Il est fabuleux, ce lapin!"

"The bowler, de Flanagan rectifiais". Flanagan est un très grand artiste international et Gérar Gromer nous apporta un témoignage de plus sur la pertinence de ce parc de sculptures du CEAAC. Strasbourg, ville de culture, ville d'art contemporain, commence a être réellement reconnue partout...