Samedi 11/02/06 : populisme La France est en faillite dit Le Pen sur I télévision vers vingt trois heures. Il le dit avec sa forte et terrible conviction, avec sa diabolique habileté ! Il fustige, frappe, cogne. Pas la moindre proposition, comme à son habitude. Le fond de ce qu’il nous dit ce soir n’est pas original. Cela a été dit avant lui. Chaque observateur vient ces dernières temps nous expliciter avec force commentaire et à la suite du ministre des finances, le montant astronomique de la dette de la France, insoutenable ! « La rupture » de Nicolas, d'abord rejetée par Villepin et maintenant reprise à son compte est bien la conséquence de ce constat ! Le Pen dénonce et menace mais il s’applique aussi à sourire à faire de bons mots tentant par là même de faire oublier sa profonde nature fasciste.

Le populisme m’inquiète car il peut séduire les fragiles, ceux qui ne se fient qu'à des premières sensations, sans réflexion. C’est du « boutduneztisme » … Voir jusqu’au bout de cet appendice et pas plus loin ! Il consiste à flatter dans le sens du poil. Faire plaisir à la manière primate. Il y faut une condition : l’absence totale de réflexion, d’analyse et de sens critique.

Au conseil municipal de lundi dernier, 6/février, il s’est passé un événement rare et tout à fait populiste. Un conseiller s’est mis à fustiger les frais de transport que la ville prend en charge depuis des décennies en faveur des parlementaires européens. La ville de Strasbourg depuis Pierre Pflimlin déploie de vrais efforts en direction des parlementaires européens. Ceux la même qui, en majorité veulent abandonner Strasbourg au bénéfice de Bruxelles et de son pseudo confort sans âme. Mme Trautmann avait acheté un téléviseur pour chaque bureau de parlementaire européen en guise de cadeau, je ne suis pas sûr que cette dépense ait été des plus utiles. Mais elle a tenu à faire ce geste tout en continuant à régler leurs questions de transport vers Strasbourg. Les populistes disent « ils veulent quitter Strasbourg ? Qu’ils partent ! Leur présence nous encombre ». Le départ des parlementaires serait catastrophique pour notre ville. Je ne veux pas développer tous les arguments politiques, philosophiques et historiques qui militent pour le parlement européen à Strasbourg. C’est sur le plan économique que je souhaite me placer. Je me souviens que le directeur de cabinet du Président du P.E., Pat Coks, avait annoncé que chaque semaine de session drainait vers Strasbourg près de 10.000 personnes, entre les parlementaires eux mêmes et leur environnement direct, collaborateurs, visiteurs, journalistes, huissiers et personnel. Incontestablement la ville profite de ce formidable pôle d’attraction. Le statut même de notre ville se trouve sublimé par ce titre de capitale, siège du parlement. Notre handicap réside dans le fait que nos prédécesseurs n’ont réussi à installer à Strasbourg ni aéroport réellement international, ni TGV à temps, ni contournements routiers suffisants pour faire de Strasbourg une capitale bien desservie. Peut-être n’était ce pas facile mais se sont-ils suffisamment battus ? N’ont-ils pas eu pour habitude de rendre les armes une fois à Paris : garde à vous respectueux devant le premier premier ministre venu ? Nous considérons par conséquent comme un devoir impérieux de pallier ces lacunes et nous finançons des réceptions, des accueils, des transports vers les aéroports de Frankfort et Bâle-Mulhouse afin de sauvegarder ce qui peut l’être en matière de confort des parlementaires. Afin qu’ils se sentent accueillis et heureux à Strasbourg. Nous ne faisons que poursuivre la politique de tous nos prédécesseurs. J’étais dans l’opposition à Mme Trautmann. Il existait alors un pacte non écrit : "ce qui était instinctivement considéré comme l’intérêt de Strasbourg était écarté du champ des querelles récurrentes et de la guéguerre que l’opposition livre de manière permanente à la majorité". C’était toujours le cas pour le statut européen de Strasbourg, c’était aussi le cas, contre le front national présent à l’époque, de la défense de la création contemporaine. Voici qu’aujourd’hui un élu livre à la vindicte les frais de transports des parlementaires. Et la presse lui fait droit. « La ville paye les taxis des parlementaires européens » Une telle info, ainsi produite et formulée ne peut que passionner les contribuables et en exciter certains. Mais disposent-ils de tous les paramètres pour évaluer ? Toute dépense publique peut être combattue et fustigée de la même manière. Pourquoi des expositions coûteuses dans nos musées, pourquoi un opéra, pourquoi un orchestre philharmonique ? Pourquoi un jardin des deux rives ? Pourquoi un centre sportif tout neuf à la Rotonde ? Pourquoi le Tour de France à Strasbourg ? Pourquoi les Victoires de la musique ? J’ai, toute réflexion faite, la conviction que les concitoyens contribuables comprennent que leur ville mérite un statut de capitale internationale et que cela à un prix. Mais cela a aussi des retombées, des retours financiers réels et importants. Commerces, hôtels, restaurants, industrie touristique, recettes indirectes, taxes sont liées aussi aux dépenses consenties par les hôtes de Strasbourg. Que serait l’industrie du tourisme sans l'aura européenne de Strasbourg? Et que dire de l’image de notre ville et de l’attrait général qu’elle peut exercer sur tous les visiteurs et chefs d’entreprises en quête de territoire pour s’implanter ? Oui la ville investit pour fidéliser les parlementaires européens. Les retours sur investissement, comme disent les hommes d'affaires, sont réels et importants.