Le budget est l’acte majeur de la gestion municipale.

Cet acte est politique en ce sens qu’il définit les comportements et les projets de l’équipe au pouvoir, le sort qu’il réserve à ses administrés contribuables.

 Je n’évoquerais que quelques points précis que je trouve emblématiques de votre méthode et de vos ambitions pour Strasbourg, même si leurs lignes budgétaires ne sont pas les plus conséquentes.

Puis  je veux m’attacher au sens général que je discerne dans votre budget.

 L’Opéra. Annonce aux assises de la culture, où personne n’avait rien demandé. Financement bizarre d’une mission confié à l’ancien directeur qui d’ailleurs ne demandait qu’à rester à Strasbourg pour déboucher sur le faire part de naissance le long du Rhin d’un nouvel Opéra. Tergiversations, annulation de l’annonce, retour au point de départ.

Cinq années pour cette non-décision qui n’est qu’une nouvelle annonce, une déclaration verbale de plus. Cinq ans pour cela et, dans le meilleur des cas, une dizaine d’années pour concrétiser s’il n’ y a pas de nouveau changement d’avis.

 L’espace Malraux, Les travaux de l’entrepôt Seegmuller ont commencé, après quatre années de réflexion. Mais, côté culture dont on avait tant parlé, c’est l’imprécision totale. On me dit que jamais il n’y eut une telle prospérité de la réunionite. Réunions, discussions, changements, aller-retours.

Je vous mets au défi de m’expliquer de manière précise et concrète, vous monsieur le maire, ici et maintenant, de quoi il s’agit.

 Les tours, idem : cinq années de valse hésitation, plusieurs annonces aussitôt démenties pour aboutir à une proposition temporairement définitive. Après l’annonce spectaculaire d’une tour de 110 mètres, c’était à psychanalyser, cette volonté de tour, ce furent deux tours, pour finir par trois tours de cinquante mètres d’une étonnante banalité dont on peut toujours dire que c’est de la sobriété noire.

 Le Wacken au sujet duquel vous avez fait des annonces et pris sans doute des décisions qui avaient un petit gout de quasi scandale. Ce site exceptionnel avait été confié intégralement à un seul grand groupe du BTP et ça jasait beaucoup dans le Landernau. Et hop, annulation de la procédure et rebelote pour un nouveau projet. Monsieur le maire, combien de bureaux sont aujourd’hui inoccupés à Strasbourg ? Alors vouloir un quartier d’affaires en cette période de crise est paradoxal car pour un quartier d’affaire, encore faudrait-il qu’il y ait des affaires !

 La maison de l’Europe Kaysersguet. Voilà une nouvelle annonce qui, je ne le répèterais jamais assez constitue une erreur historique et une gabegie.

Vous lancez un lieu d’Europe digne d’une sous préfecture dans la capitale de l’Europe. Pas de souffle, pas d’envergure, pas d’ambition ! Je redis ici que je fais le triste pari qu’aucun de ces visiteurs, qui errent devant le P.E qui leur est fermé et qui aimeraient savoir ce qu’est l’Europe de Strasbourg, aucun ne se rendra spontanément 800 mètres plus loin, traversant route et rails pour se rendre dans une villa. Ce n’est pas à la hauteur et disant cela je me demande si ce n’est pas le subconscient qui s’exprime, car il me revient en mémoire une intervention de l’opposant Roland Ries qui fit à la séance du CM de juin 2006 une intervention pessimiste et, limite funèbre pour Strasbourg, en commençant par dire : «  Strasbourg est une ville moyenne ». Oui, tout est moyen dans cette opération.

Et, mieux vaut ne rien faire que de faire « à coté de la plaque », petit bras et bricolé parce qu’on ne savait pas quoi faire de la villa Kaysersguet !

 L’ancienne douane, autreerreur historique où les fruits et légumes évacuent la culture dans ce qui était justement un haut lieu de culture. « errare humanum est perseverare diabolicum ». De grâce cessez de persévérer !

 Ces quelques exemples ne sont que des effets d’annonces pour lesquels de lourdes sommes ont été englouties dans des études et contre études.

 J’en viens à un poste important, au cœur du fonctionnement du système. Je veux parler la gestion du personnel,  des R.H. Voilà un domaine de dépenses conséquentes avec, si j’en crois la chambre des comptes, une gestion erratique avec dérapages non contrôlés depuis 2008 ! J’en évoque un seul, symbole éloquent de votre train de vie : vos cabinets et leurs couts. Ils ont doublés.

 Dans ces quelques exemples on peut discerner que votre célèbre méthode est tout simplement un habillage communicationnel de l’irrésolution, de l’imprécation, de l’impréparation et au total d’une affligeante vacuité.

 Oui, du vide, qu’au fur et à mesure vous comblez au petit bonheur la chance, au fil de l’eau avec des annonces sans réalisation.

 Voilà pour ce parcours erratique de cinq années d’agréments pour vous, de vide et de palabres pour les strasbourgeois.

 Comme cela découle de mes quelques exemples, il est un domaine dans lequel vous n’êtes pas mauvais, celui des annonces et de la communication.

Palabres avec affiches placardées sur les portes d’entrées des immeubles d’habitation, (quelle méthode !), conseils de quartiers malmenés et journaux en abondance.

À ce propos une parenthèse, vous avez lancé un numéro de Strasbourg magazine, spécial  sans y inclure comme la loi vous le demande, de tribune de l’opposition. Nous nous réservons le droit de saisir le T.A.

 Et voilà comment votre programme électoral pour 20014 sera un catalogue d’annonces.

Peut-être même verrons nous surgir à nouveau le site olympique mondial près du Zénith, pourquoi pas un Eurostadium et des championnats du monde de football.

 Tout ça fait assez Alphonse Daudet : « sous préfet aux champs » :

« Le sous-préfet hausse les épaules et veut continuer son discours ; mais le pivert l’interrompt et lui crie de loin : « À quoi bon ? -

 Je veux m’attacher à ce qui est aujourd’hui un phénomène nouveau, sérieux et grave !

Monsieur le maire ceci est votre 5ème budget et il s’inscrit globalement dans la ligne de vos budgets précédents. Aucun changement structurel notoire !

 Or ce qui est nouveau, c’est qu’en 5 ans la vie pour nos concitoyens a changé, comme jamais.

Les difficultés se sont accrues, le chômage a augmenté, la pauvreté a progressé, ceux qu’on catalogue dans les classes moyennes peinent et connaissent, eux aussi, des problèmes de fins de mois. Beaucoup de retraités sont à la peine alors qu’ils sont dans le collimateur du gouvernement.

Ce gouvernement qui, dans une curieuse incohérence s’emmêle dans des dépenses non financées et procède à quelques économies-sanctions dont Strasbourg fait les frais avec, notamment, le contrat triennal.

Ce signal envoyé à notre ville devrait sonner comme un avertissement et, constatant ces baisses de l’Etat, ces régressions, vous faites plutôt l’autruche. Une autruche dépensière.

Monsieur le maire, il faut sortir la tête du sable et prendre conscience de la situation du pays réel.

Vous ne pouvez plus suivre la même ligne de conduite budgétaire, section dépenses, comme c’était encore possible en 2008. J’ai noté qu’aucun investissement concret n’a été réalisé et maintenant il est trop tard.

Il faut réduire drastiquement les dépenses, qui résident essentiellement dans le niveau de vie de votre municipalité !

 Il faut que vous songiez à ce que représentent les taxes d’habitations, les taxes foncières à payer aujourd’hui, en 2013 !

 Faisant fi des réalités économiques et sociales vous nous présentez un budget d’inconsciente opulence là où il fallait une salutaire prise de conscience.

Vous suivez la pente des dépenses là où il fallait marquer un effort d’économies fort et retentissant.

Si l’état donne le ton des restrictions et des économies notre collectivité locale doit suivre ces efforts et ne pas emprunter le chemin inverse.

Nous vivons une période de rigueur, cette rigueur doit s’appliquer aussi à la ville.

Dans cette maison on n’a pas la culture de l’économie et de la rigueur.

Si chaque élu en charge des responsabilités acceptait d’imaginer que les sommes qu’il dépense proviennent de sa poche,  - en clair « en bon père de famille » - peut-être aurait-il des reflexes différents. Pour eux cet argent est anonyme.

Et vous cautionnez, vous encouragez  cet autisme municipal!

Vous êtes le patron, un patron qui veut ignorer les difficultés sociales.

Il fallait poser aujourd’hui un acte de courage civique et fiscal.

Il fallait un sursaut !

En ce sens que ce soit ici où à la CUS d’où vous dirigez toutes les affaires de Strasbourg

je vous demande de mettre en œuvre à titre d’exemple visible l’arrêt de ce chantier non prioritaire du PMC, ce d’autant plus que l’état vous lâche sur ce chantier précis !

 Comme je l’ai suggéré en débat d’orientations budgétaires : mettez en œuvre une procédure de contrainte à vos services en exigeant 10% d’économies à trouver pour chacun.

C’est possible et je sais que la Ville continuerait à tourner…

Car ce qui est singulier c’est qu’en 5 années de gestion municipale on n’a vu aucune réalisation concrète.

Je veux rappeler qu’à la même période la municipalité que j’ai eu l’honneur de diriger aux côtés du maire Fabienne Keller, avait créé

le Rhénus sport,

aménagé la place Kléber,

la place de la gare,

refait à neuf et construit des écoles,

créé l’Iceberg,

le Zénith,

le musée Tomi Ungerer,

terminé le musée historique,

mis en chantier le centre culturel Django Reinhart

quasiment achevé la médiathèque Malraux,

ainsi que 12,5 kilomètres de tram

et j’en passe.

 Vous avez loupé le coche et, ce qui constitue par conséquent le principal de vos dépenses c’est bien le train de vie, votre fonctionnement ! C’est là où il faut trouver les économies.

Mais, au total, je sais que, fidèle à votre démocratie participative toute particulière, vous ne m’écouterez pas, vous n’écoutez jamais votre opposition, vous ne participez qu’avec vous même !