L’Alsace vote à contre courant observe le subtil Claude Keiflin.

Et si le courant était suicidaire, mortifère ? Et s’il entrainait tout droit vers les chutes d’un Niagara social économique, européen ?

L’avenir seul nous le dirait si le courant « de l’intérieur » se poursuivait dans le même sens le 6 mai.

Plutôt que d’avoir un regard sévère, méchant ou ironique sur le vote de l’Alsace on pourrait au contraire saluer sa clairvoyance et constater que ce vote est fondé sur plusieurs critères.

1)   11) La raison pure plutôt que l’émotion et la passion. Au lieu de régler des comptes avec le président sortant, l’Alsace entr’aperçoit un avenir rude en pleine période de crise de la mondialisation. Elle choisit du solide et ne veut pas que l’on lâche la proie pour l’ombre. L’Alsace a les pieds solidement enracinés dans son terroir et elle pense que la barre sera mieux tenue par le capitaine aux commandes!

2)   22) Plus qu’ailleurs les Alsaciens sont attachés à la valeur travail, effort, tranquillité publique, respect de l’ordre républicain. Elle cherche à poursuivre sa voie dans la sérénité, loin de tout trouble. Elle refuse l’aventure et l’insécurité.

3)   3) Les leçons que l’histoire a infligées à l’Alsace lui font redouter les chimères dessinées sur les nuages, fruits de l’immédiateté. Le courant majoritaire de dimanche 22 avril est alimenté par le « tout tout de suite, sur le champ ! » et alors il ferait soleil pour tous. Telle n’est jamais la réalité. Plutôt que de sacrifier au culte de l’immédiat l’Alsace sait qu’il faut réfléchir et travailler à long terme.

4)   L4) L’Alsace est aux avants postes de l’Europe et s’instruit des leçons de son grand voisin l’Allemagne. En cela ses réactions et ses analyses diffèrent sensiblement de celles des salons, des officines ou des préaux de la facilité où l’on ne voit l’Europe qu’en théorie. Elle sait que la crise ne se résoudra pas par imposition des mains.

On pourrait dès lors aboutir au constat que c’est le contre courant qui est salutaire, qu’il serait sage et bon que ce soit lui que l’on suive. Après tout le régime de la sécurité sociale est aussi à contre courant en Alsace.

Une question demeure. Dans le courant contraire surgissent des mouvements plus violents, plus inquiétants, excessifs aux yeux de l’observateur assis sur la berge.

Il serait salutaire que l’on analyse scientifiquement et calmement ces débordements et ces flots extrêmes, loin de toute hystérie anti fasciste.

Il est en effet impossible d’affirmer que 22% d’Alsaciens seraient gagnés par le fascisme, et de ne voir que racisme et xénophobie dans ce courant vigoureusement « ras le bol », il serait scandaleux de convoquer à ce propos les fantômes de l’historique annexion.

Mais certains n’hésiteront pas !

Oublions les et allons résolument à contre courant