Quelque chose de malsain est en train de se développer à propos de l’Alsace et des Alsaciens. Certes c’est minime, ce n’est qu’anecdotique et on ne devrait traiter tout cela par la dérision et le mépris si l’occasion n’était pas propice à certains rappels historiques.

Donc le « couple » Merkel-Sarkozy agace et conduit quelques névrosés à convoquer les mânes de Bismarck cependant que la jolie Alsacienne, Delphine Wespiser, est élue miss France. Avec un délicieux sourire elle rappelle à la terre entière qu’elle vénère sa langue maternelle et voilà miss France qui s’exprime dans sa langue régionale… à connotation germanique. La toile s’enflamme et se met à faire couler un bain anti allemand avec assimilation de l’Alsace à l’Allemagne. En résumé rapide, les Alsaciens ne seraient pas des Français…

Bon sang que la mémoire fait défaut. Petit rappel en condensé !

Oui l’Alsace a été allemande. Dans un lointain jadis, terre de l’empire romain germanique. Lorsqu’il a conquis l’Alsace et que « ce beau jardin » l’a séduit, on prête au roi de France, Louis XIV, cette phrase empreinte de bon sens : « Ne touchez pas aux chose d’Alsace » . Napoléon tout aussi politique, lâcha : « Laissez les parler allemand, pourvu qu’ils sabrent en français »

En 1870 c’est Sedan, Frœschwiller, Reichshoffen et Bismarck n’a fait qu’une bouchée de Napoléon III. Résultat des courses l’Alsace est « définitivement » intégrée dans l’Empire de Guillaume II qui en fit une terre d’Empire essentielle. Jamais Strasbourg ne fut plus largement développée et la volonté de la hisser au rang de capitale fut réussi de belle manière, son urbanisme en témoigne.

Vlan…1914 ! L’Alsace une nouvelle fois se situe aux première ligne du conflit il n’ y a aps que le Hartmannswillerkopf (le vieil Armand).

1918. Elle revient à la France dans les liesses populaires, et la France revient en Alsace en ne comprenant plus rien à cette région qui fut allemande, en la brusquant, en la décevant.

Du jour au lendemain tous les fonctionnaires devaient parler français, alors que pendant 45 ans  tout était allemand. On voulut aussi confisquer les biens de l’église, comme à « l’intérieur ». Ce fut difficile et l’incompréhension française favorisa l’épanouissement d’un autonomisme conséquent.

1940 Hitler reconquiert cette Alsace qui, une nouvelle fois serait « définitivement » allemande.

Ni en 1870, ni en 1940 les Alsaciens n’ont demandé à devenir allemands. C’est l’impéritie militaire française qui a conduit aux désastres de ses armes et c’est  l’Alsace qui a trinqué ! Cette province aura changé 5 fois de nationalité en 70 ans, qui dit mieux ?

Alors une Anémone de passage, comédienne en manque de culture, lance « En Alsace on est chez les boches ». Un Thierry Roland : « la coupe quitte la France » à la suite de la victoire du Racing Club de Strasbourg. Combien de fois, d’ailleurs, nos footballeurs se sont-ils fait traiter de boches sur terrain adverse en championnat de France?

Et voilà qu’aujourd’hui les blagues crasses et sordides recommencent à propos de la belle Delphine.

Traduisent-elles un état de l’opinion ? On préfère imaginer qu’elles ne sont générées que par l’incommensurable et impériale bêtise qui règne si puissamment partout, n’est ce pas Gustave Flaubert ?

Aucune autre région de France n’est ainsi moquée, ni dégradée par ce genre de railleries blessantes.

En tant qu’Alsacien je me sens atteint et je ne me console qu’en me souvenant de l’attachement de de Gaulle et Malraux à l’Alsace.

22 novembre 1959 de Gaulle : « Vous tenez, vous Strasbourg, au cœur de tous les Français, une place absolument particulière, une place exceptionnelle ».

Que cela semble loin en lisant, en 2011, certains propos sur Facebook.