Culture en Alsace, Robert Grossmann, un "politique" culturel !


images (3).jpgRobert Grossmann
 est "un politique culturel" ! Il cultive une approche de la vie publique qui lui est propre, héritée de ses rencontres (Malraux, De Gaulle), il cultive aussi une approche libre de l’appartenance politique, un tantinet libertaire, au sens noble du terme.

La culture est au cœur de ses engagements, une culture pour laquelle il agit. On peut ne pas être d’accord avec Robert Grossmann sur tous les sujets, mais lorsque Robert Grossmann évoque la culture ou écrit sur le sujet, il faut lire, analyser, méditer. La parution de « Culture en Alsace, la panne ? » est une occasion de parler culture avec l’homme et d'humanités avec une personne cultivée. 

On n’entend quasiment plus prononcer le mot « Culture »

Robert Grossmann, vous écrivez un livre intitulé « Culture en Alsace, la panne ? ». Alors, panne des sens, panne mécanique ou abandon ?                                                                     

Robert Grossmann : J’adore vos jeux de mots mais l’affaire est plus sérieuse que ça. Pour faire très court, résumer mes analyses et les dire en un mot (sans jeu celui-là) : dans assemblées d’Alsace, tous conseils confondus on n’entend quasiment plus prononcer le mot « Culture » ni par conséquent « Politique Culturelle ». Elle est reléguée au rang des accessoires alors qu’elle devrait occuper une place centrale. Certes la vie culturelle se poursuit mais de manière un peu blasée alors qu’il y faudrait de l’enthousiasme. J’écris que « rien ne va mal mais rien ne va bien ».Tout est une question de volonté politique.

La culture n’est ni de droite ni de gauche elle est « fille de la liberté » 

Vous n’épargnez personne. Nous « on » nous avait habitué à penser que la culture était de gauche ! La droite est-elle excusée d’office, la gauche a-t-elle failli ?        

Robert Grossmann : Je n’agresse personne. Je fais un état des lieux, je formule des propositions. J’ai une conviction : la culture n’est ni de droite ni de gauche elle est « fille de la liberté » et ne peut se réduire à des équations politiciennes. On peut cependant remarquer qu’en Alsace la Ville de Strasbourg de gauche ou le conseil régional, de droite n’ont pas placé, ni l’une ni l’autre, la culture au cœur de leurs préoccupations. C’est elle pourtant qui donne sens à tous les secteurs de l’action publique puisque selon moi tout est culture : l’urbanisme, le paysage, l’écologie, l’enseignement, le sport et tant d’autres

Malraux auquel on vous sait attaché affirmait : « La culture... ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers ». Aujourd’hui, quels conseils donneriez-vous à un ado, fraichement issu de la génération Y, qui passe son temps entre ordinateur, mobile, console de jeux ?

« révéler la grandeur qu’il ignore en lui »

Robert Grossmann : Je chercherais les moyens de lui dérouler un fil rouge qu’il suivrait de lui même une fois la démarche engagée.

Peut-être commencerais je par lui conseiller, de manière ludique, de chercher sur le net cette page où Rabelais expose « les mille manières de se torcher le cul ». Il constaterait que les grands écrivains savent rire tout en philosophant sérieusement. Il aurait dès lors une autre manière d’approcher la littérature. Puis de télécharger « La princesse de Clèves » et de lire sur son ordinateur ou son Iphone (car celui que vous me décrivez en aurait un, naturellement) cet admirable roman d’amour du XVIIème siècle, il y retrouverait des sentiments forts que l’on éprouve ado.

Je l’inviterais à lire sur son écran « le Petit Prince » ou un polar de R. J. Ellory…Peut-être aura-t-il alors le gout d’aller emprunter un livre à la médiathèque Malraux et d’éprouver le plaisir de caresser des pages en annotant une phrase qui lui parlera dans « La peste » de Camus.

Je l’inciterais à cliquer sur le site du Louvre et à le visiter, et aussi pour le Centre Pompidou, le MOMA ou le Prado…de regarder des œuvres de Keith Haring ou de Roy Lichtenstein roi du pop art.

Il chercherait aussi, selon mes indications, des photos de « l’armée de terre cuite de l’Empereur Qin Shi Huangdi » et je n’imagine pas qu’il ne s’en trouve pas interpellé.

Enfin, je lui demanderais de chercher l’image de ce tableau effrayant de Goya « Saturne » et de méditer... en constatant que l’art est « un anti destin » et qu’il peut lui « révéler la grandeur qu’il ignore en lui ».

Merci Robert Grossmann.

Pour en savoir plus, rendez-vous, Samedi 15 octobre 2011 à la Librairie Kléber, 17 h.

 « Culture en Alsace, la panne ? »