Au moment où vous célébrez le troisième anniversaire de votre victoire, alors que la « restauration ( !) de la démocratie locale »  semble être la clé de voute de votre projet, et que vous qualifiez Strasbourg de « capitale de la démocratie participative » (DNA du 6/4/2011), permettez moi de vous recommander de ne pas oublier la démocratie municipale tout court.

 

S’il y a des instances qui sont clairement et officiellement les lieux de la démocratie locale ce sont bien le Conseil Municipal et le Conseil de Communauté Urbain où siègent les élus du peuple.

Celui de la CUS est célèbre pour la manière autoritariste avec laquelle son président bâillonne toute volonté d’expression qui ne lui convient pas et met en cause personnellement les conseillers qui osent exprimer un avis diffèrent du sien. A la CUS sous bénéfice de changements profonds du comportement de son président, la démocratie locale est malmenée. Là il serait bon qu’elle soit « restaurée » et peut-être son président est-il en train de s’en rendre compte.

 

Au conseil municipal la démocratie se porte comparativement mieux mais elle est loin d’être pleinement épanouie. Dans un passé récent trop d’invectives, de mises en cause personnelles, d’incidents divers issus de tous bords, n’ont pas permis de véhiculer sa meilleure image.

La toute récente séance du lundi 11 avril en fut à nouveau une triste illustration. Ce sont bien les adjoints au maire, toujours les mêmes, qui ont commencé par allumer des incendies en mettant en cause les élus de la minorité.

Bien évidemment, n’ayant pas vocation à mimer Saint Sébastien criblé de flèches, la minorité réplique aux scuds qui lui sont envoyés. Au total c’est alors l’affrontement et les invectives répondent aux invectives

 

Je souhaite donc vous proposer d’améliorer les choses et, dans ce but, de réfléchir et de travailler à l’élaboration d’une Charte du Respect de la Démocratie Municipale.

 

           

Exposé des motifs

Nous représentons ensemble cette démocratie municipale. Vous êtes la majorité, nous sommes la minorité. Nous sommes tous issu du suffrage universel, nous avons tous des électeurs qui nous ont accordé leur confiance. Chacun d’eux attend que l’intérêt général soit défendu et que la démocratie municipale fonctionne positivement.

 

Vous avez vos objectifs. Nous avons les nôtres. Vous avez le pouvoir, nous avons le devoir de contrôler ce pouvoir et de représenter ceux qui nous ont élus.

Or jusqu’à ce jour force est de constater que notre enceinte s’assimile trop souvent à une arène ou à un ring. Fréquemment surgissent des dérapages, de part et d’autre, qui façonnent la spirale d’un affrontement sans fin.

 

Il faut constater aussi qu’à aucun moment, le pouvoir municipal majoritaire ne consulte la minorité avant de soumettre ses projets à la décision du conseil. Toutes les délibérations sont ficelées.

            Pourtant si l’on prend en compte le fait que la minorité vote favorablement près de 90% des délibérations que vous proposez il faut constater qu’elle est largement constructive.Toutefois ce qui semble prédominer ce sont des impressions d’agressivité. Il est donc nécessaire de dispenser une meilleure image de nos réunions et débats.

           

            Le postulat de base consiste à instaurer et à pratiquer le respect réciproque de chaque élu quelle que soit son appartenance et ce n’est pas parce que l’on est assis en haut d’une tribune, à vos côtés que l’on a pour mission d’agonir les membres de la minorité

            Cela suppose l’établissement et l’observation de certaines règles simples :

Proposition de règles à définir et à mettre en œuvre.

-            Aucune intervention d’un élu ne devrait plus comporter de mises en cause personnelles, d’attaques ad hominem, d’insultes. Toute invective devrait être bannie.

            Les débats du conseil municipal devraient être des débats d’idées autour de projets concernant Strasbourg et les Strasbourgeois.

            Toute introduction d’éléments de politique nationale, partisane et politicienne devrait être exclue.

            L’évocation du passé peut avoir son utilité pour éclairer la compréhension d’un projet, elle devrait être totalement exclue si c’est pour se lancer réciproquement des accusations. Le passé est révolu. La majorité exerce le pouvoir depuis trois ans ; interpeller la minorité sur sa gestion passée ne peut en aucun cas l’exonérer de responsabilités.

            Le pouvoir municipal devrait accepter d’écouter la minorité et lui témoigner lerespect du aux électeurs qu’elle représente. La réciproque est naturellement s’impose.

 

            Le principe sur lequel devrait reposer ce comportement nouveau est que personne n’a jamais tout à fait tord ni tout à fait raison.

Il n’y a pas d’un coté la lumière de l’autre les ténèbres.

Pas de manichéisme donc.

            Le pouvoir municipal pourrait donc prendre l’avis de la minorité et l’entendre, en amont, sur les projets qu’il veut mettre en œuvre pour tous les strasbourgeois.

            A titre d’exemples :

            Pourquoi ne pas avoir associé un membre de la minorité aux réflexions et au cahier des charges de la presqu’île Malraux et des projets de tours ?

            Pourquoi ne pas associer la minorité aux réflexions sur l’axe est ouest appelé hier Viaropa et aujourd’hui débaptisé…sur le Port du Rhin, le terrain starlette, l’avenir des terrains Coop etc?

            De même pour d’autres projets comme les lignes du tram à venir, le Parc des expositions, le futur Opéra, le Racing ou la SIG, le projet de « 30 à l’heure » généralisé à Strasbourg.

            De manière plus symbolique encore pourquoi ne pas tenir compte de l’avis de la minorité sur le « Lieu » d’Europe comme vous l’avez fait partiellement pour le Palais des Fêtes?

            Sans vouloir polémiquer et en observant simplement les faits on peut constater que vous avez lancé un projet de tour de plus de 100 mètres de haut. Puis devant les observations de certains ce furent deux tours, puis devant d’autres observations et oppositions ce sont finalement des immeubles différents.            

            Serait-ce le dernier qui parle qui a raison alors que jamais vous n’avez recueilli l’avis d’élus de la minorité dont certains ont à la fois une expérience et un expertise.

            Bref écouter plutôt qu’agresser, associer plutôt qu’ignorer, prendre en compte plutôt que rejeter serait des règles qui feraient incontestablement gagner la démocratie locale.

 

            Enfin un progrès considérable pourrait se réaliser avec la création d’unecommission participative qui réunirait tous les mois, autour du maire et des représentants de la majorité, les responsables de la minorité afin d’évoquer les projets municipaux.

La conférence des présidents, dont ce n’est pas l’objet aujourd’hui, pourrait s’ouvrir à ces questions.

Une telle initiative permettrait à coup sûr, de vous situer comme un novateur en matière de démocratie participative.

 

Constatons enfin qu’il demeure constant que l’expérimentation de cette « charte du respect démocratique » qui devrait être approuvée par tous

-ne conduit aucun élu à renier ses engagements ni ses convictions

-ne handicape en rien le pouvoir municipal dans sa volonté d’agir car en tout état de cause il conserve la majorité dans tous les votes et garde tous les moyens de mettre en œuvre sa politique.

 

Monsieur le maire je vous soumets ce projet de charte du respect démocratique dans le but de jeter les bases d’un chantier. Travailler ensemble à parfaire ce texte et ces analyses ferait gagner notre conseil municipal aussi je vous remercie de l’accueillir positivement.