La délibération sur 21 modifications du Plan d'Occupation des Sols marque de manière spectaculaire le sabordage et la ruine de votre politique de votre démocratie participative. Les Strasbourgeois avaient quelque peu répondu à votre appel ill y a deux ans lorsque vous leur avez dit en langue régionale: «  yes you can » Beaucoup ont dit qu’ils « pouvaient » Aujourd’hui c’est vous qui ne pouvez plus : « no I can no more » Ich kann’s nemi !

 

Le minaret qui n’a pas dit son nom

Cette délibération, de plus n’était pas explicite sur le sens des modifications puisque pour la mosquée il n’est question que de « hauteur ». Aujourd’hui, en séance, l’adjoint Jund précise qu’il s’agit d’un minaret et d’un lieu de culte.

Je tiens donc à expliquer ma position qui a consisté en 2002 à recommander à  l'association de la grande mosquée de Strasbourg de réduire son projet et de renoncer à un minaret et contrairement à ce que vous prétendez monsieur Ries, le minaret n'est pas un simple problème urbanistique, c'est un problème sociétal et religieux

J'ai été et je suis pour la bonne intégration des musulmans au sein de la République française et je ne permettrai à personne de mettre en doute cette affirmation.

Mais je suis pour un Islam européen, français et, chez nous, alsacien.

En ce sens c’est notre équipe qui a réellement favorisé la progression du dossier "grande moquée de Strasbourg" en accordant le terrain, en attribuant une subvention de 10% du prix de la construction, en plaidant le dossier auprès de la Région et du Département qui eux aussi accordent une subvention de 10%. 

Nous avons posé la première pierre de la mosquée.

Mais pour ne donner aucun argument aux extrémistes et aux populistes qui jouent sur l'islamophobie, j'ai souhaité que les porteurs du projet renoncent à en faire "la plus grande mosquée d'Europe" comme cela avait été souhaité à une époque. Je leur ai recommandé de ne pas ériger de minaret.

Petite parenthèse. Je voudrais savoir comment il se fait qu’après tant de temps aucune autorité n’ait trouvé les responsables des profanations de tombes musulmanes et de domiciles de certains concitoyens musulmans ou juifs…

En ce qui concerne les lieux « culturels » que vous favorisez autour de la mosquée, j’ai personnellement toute confiance dans les dirigeants musulmans et les porteurs de projets que je connais et avec qui j’ai souvent et longuement négocié. Mais qui nous garanti de ce que peuvent faire ceux qui seront là dans 20 ans ou dans 50 ans. Avec ce qui circule comme information sur internet concernant certaines écoles coraniques ont peut être inquiet. 5enseignement de la charia en Angleterre)

Ma position était et demeure que le processus d'intégration soit pleinement accepté par la plus grande majorité possible de Strasbourgeois et pour cela il faut donner du temps au temps. Peut-être les esprits ne sont-ils pas tous mûrs aujourd’hui.

J'ai été très vigoureusement conforté dans mes positions par celles de deux jeunes et très brillantes architectes d'origine marocaine Selma MIKOU et Salwa MIKOU qui ont publié un article dans le journal Libération en décembre 2004 dont je fais mien l'ensemble de l'argumentation. Il s'agit d'argument architecturaux en même temps que sociétaux et religieux.

Voici quelques extraits de leur tribune:

« (…) Peut-on envisager aujourd'hui de voir enfin les mosquées de France s'affranchir du joug identitaire qui impose une expression régionaliste récurrente du lieu de culte, invariablement affublé d'attributs formels anachroniques du Xe siècle (arcades, coupoles...) et de leur cortège de matériaux pittoresques décontextualisés (tuiles, mosaïques...)?

N’est-ce pas le moment de s'interroger sur leur sens et leurs fonctions, pour inventer un langage symbolique moderne qui permettrait un renouveau sémantique et installerait un nouvel imaginaire en phase avec les valeurs de la société actuelle ?

Au de là d'une question de minaret, il faut réfléchir à réinventer chaque lieu en fonction de son contexte social et culturel

 Mettre en place une fondation pour l'islam de France, un système de financement transparent, former des imams à la culture française pour finalement construire des mosquées pastiches, creuses et stériles, inaptes à revivifier le processus de production de sens propre à tout espace de culte, est pour le moins paradoxal.

 L'enjeu architectural et urbain des mosquées est fondamental. Il ne s'agit pas d'une simple question de forme, de remplacer un style par un autre, de mettre ou non un minaret, mais plutôt d'une réflexion qualitative et programmatique qui réinventerait chaque lieu en fonction de son contexte social et culturel. L'objectif étant, en enrichissant le programme, en superposant les fonctions, d'ouvrir des interfaces d'échange, de tisser du lien et de lutter contre les revendications identitaires qui enferment les communautés et isolent le lieu de culte. »

Donner du temps au temps

Je regrette que vous ne donniez pas du temps au temps qui seul permet aux esprits de murir car tous nos concitoyens n’ont ni les connaissances que nous avons de ce dossier important ni peut-être la culture pour s’ouvrir aux autres

  

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