L’adjointe au maire vient de faire savoir que, pour le Kaisersguet, la décision était prise. Avec un ton délicieux et quelques arguments réunis à la hâte, à la suite de ma démonstration, elle annonce que tout est ficelé.

D’autres emboitent son pas et pensent que le projet est «  sur les rails » (Monsieur Lutmann) et qu’il n’est plus possible d’imaginer un projet alternatif.

D’autres enfin croient de bonne foi que le Kaisersguet est le bon endroit pour « une maison de l’Europe »

Cette « décision » est-elle vraiment irrévocable sans une plus ample réflexion participative ? Je ne veux pas le croire.

Ma position est fondée sur une profonde conviction c’est pourquoi je ne renonce pas à rompre une nouvelle lance en faveur de ce qui me semble être le bon sens.

 

Que les fervents de l’Europe et ceux qui militent depuis toujours pour un tel lieu  acceptent de réfléchir.

1)   A-t-on défini le projet que l’on veut faire vivre dans un lieu pour l’Europe à Strasbourg ?

2)   A-t-on réfléchi à qui serait destiné ce lieu ?

Il m’a toujours semblé qu’il ne pouvait s’agir que d’un projet ambitieux digne de la défense et de l’illustration de l’Europe à Strasbourg.

A ceux qui, comme madame l’adjointe au maire, douteraient de mon engagement européen ou le croiraient récent je veux rappeler

·      que je suis aller plaider en 2002  l’installation du « musée de l’Europe » à Strasbourg  auprès de la commissaire européenne en charge de la culture, madame Reding, qui m’a longuement écouté pour me dire qu’il serait installé à Bruxelles !!! Qu’avec Fabienne Keller nous avions fait une démarche similaire auprès du président de la commission culture du PE, Michel Rocard, sans succès…

·      que sachant que nous allions déménager la Foire du Wacken, j’ai toujours imaginé qu’un tel lieu aurait sa place, en son temps, tout à coté de l’Immeuble du Parlement (halls 9/19/11 ou ancienne patinoire)

·      que le projet devait avoir une qualité muséale et interactive excitante, réalisée par de grands muséographes afin de capter l’attention, la passion et l’adhésion des visiteurs qui viennent nombreux voir les institutions européennes et qui, au total ne voient pas grand chose aujourd’hui

·      que par conséquent il faut des espaces importants pour : des projections de vidéos ou films, un cyber café, un endroit pour des débats et conférences, des cimaises pour des accrochages et présentation de documents, une boutique cadeaux et souvenirs d’objets européens strasbourgeois

·      ce disant je rappelle en effet que ce lieu est à la fois destiné aux visiteurs venus d’ailleurs tout comme aux strasbourgeois. Mais, à mes concitoyens Strasbourgeois, je rappellerai qu’il existe déjà (de manière trop discrète ?) mais confortablement financé un Centre d’information sur les institutions européennes  (CIIE), avenue de la paix.

En clair je n’imagine un lieu pour l’Europe à Strasbourg que fondé sur une grande ambition et doté d’un projet murement réfléchi et non pas sorti du dernier chapeau ; comme l’évoque Klaus Schumann, « un vaisseau européen »

 

Quant à mes concitoyens Robertsauvien au milieu desquels je vis au quotidien et que je ne cesse de défendre, hier au conseil général, aujourd’hui au conseil municipal, qu’ils  veuillent bien réfléchir à ce que signifie le Kaisersguet et ce qu’il peut devenir demain pour eux.

·      Cette villa est un remarquable symbole de ce faubourg maraîcher à la riche histoire. Il est l’un des beaux exemplaires de ces « campagnes » qui illustraient la Robertsau à l’instar du « Trawitseguet », du domaine Minck, de  tant d’autres dont le plus célèbre est le château de Pourtalès. Il nous rappelle que la Robertsau était aussi le lieu de villégiature privilégié des bourgeois ou patriciens strasbourgeois qui s’y rendaient en calèche pour leurs détentes, cependant que les Steckelburger faisaient de la Robertsau le but de belles promenades à pied depuis la place Broglie jusqu’au Fuchs am Buckel.

·      Le parc du Kaisersguet est une richesse inestimable et caractéristique de notre quartier. Le détruire pour construire des extensions à la villa dont chacun se rend compte maintenant que les espaces sont insuffisants, est une hérésie et une véritable atteinte au patrimoine naturel de notre quartier. Ce parc, ouvert au public est justement destiné au public. Il faut le sauvegarder !

·      Châtelains, bourgeois, maraichers, confréries, dont la Saint Fiacre, orchestres d’harmonie, artistes, peintres, écrivains, clubs de sport, pêcheurs, forestiers, chasseurs, paroissiens protestants et catholiques ont façonné hier la belle histoire de ce quartier unique.

·      Cette histoire mérite d’être contée et devrait avoir son lieu de mémoire vive. Une maison du Laüch où la culture vivante se développerait aux coté de la richesse du patrimoine à montrer.

·      Le Kaisersguet, patrimoine robertsauvien devrait être ce lieu et revenir aux robertsauviens et, naturellement à tous les Strasbourgeois.

Certes j’avais aussi évoqué un Centre régional des lettres qui fait défaut à l’Alsace mais il existe ailleurs à Strasbourg ou à Obernai (Léonardsau) Tout bien réfléchi, il me semble que la destination naturelle et logique du Kaisersguet est de faire vivre l’histoire de ce quartier, de sa belle Mélanie et d’y faire rayonner sa culture d’aujourd’hui.