Pour un haut lieu pédagogique de l’Europe de Strasbourg

(17h59) 

Robert Grossmann, conseiller municipal et communautaire d’opposition, robertsauvien depuis toujours, critique la décision de Roland Ries de transformer la villa du Kaysersguet en « maison de l’Europe ». Voici sa tribune.

G1

Par Robert Grossmann

"MAUVAISE REPONSE A UNE BONNE DEMANDE". « J’ai l’intime conviction que transformer le Kaisersguet en "maison de l’Europe" est la mauvaise réponse à une bonne demande. En effet, s’il faut un haut lieu pour présenter de manière didactique l’Europe de Strasbourg à ses visiteurs, il doit être à la hauteur de son ambitieuse mission. Avant même de songer à un emplacement et à un bâtiment le bon sens commande qu’un projet crédible soit défini, qu’un programme pertinent soit mis au point. Le contenu, le sens, doivent précéder et définir le contenant et non pas l’inverse. On peut, sans risque de se tromper, imaginer que l’édifice pressenti doit être formaté pour accueillir des projections de films et de vidéos, qu’il doit proposer un cyberespace, des cimaises pour présenter des documents et des œuvres, qu’enfin des conférences et des débats puissent y avoir lieu.

"PAS DE BRICOLAGE POUR UNE CAUSE SI IMPORTANTE". - Sa mission première sera bel et bien de convaincre de la nécessité et du besoin d’Europe à Strasbourg ; que l’Europe de Strasbourg est indispensable car ici bat le cœur de l’Europe de l’humanisme. Oui ce "lieu" doit emporter la conviction de tous ses futurs visiteurs et pour cela il doit être de grande qualité. A qui doit-il s’adresser ? Pour l’essentiel aux groupes de visiteurs qui viennent en car de toute l’Europe pour voir le parlement européen, les nombreux amis du conseil de l’Europe, les Strasbourgeois, les Alsaciens et leurs voisins notamment allemands. Bref ce lieu ne saurait être ni quelconque, ni banal, ni réalisé au rabais dans une sorte d’élan d’opportunisme. Pas de bricolage pour une cause aussi importante ! Mais une réflexion approfondie débouchant sur un projet digne de son enjeu.

POUR "UN CENTRE REGIONAL DES LETTRES". - Or voilà que, par ailleurs, une belle maison de maître de la Robertsau, propriété municipale, se trouve sans affectation. La municipalité souhaite donc à juste titre trouver une destination pour cette villa Kaisersguet. Les idées ne manquent pas : lieu de convivialité associative, maison du Laüch qui raconterait l’histoire passionnante du faubourg maraîcher et résidentiel et de sa châtelaine (il y a tant de documents historique inédits et certains pourraient être offerts à ce lieu). Enfin de manière plus ambitieuse un Centre Régional des Lettres pourrait s’y installer avec bonheur alors que l’Alsace est une des seules régions à ne pas en disposer : rendez-vous littéraires, résidences d’écrivains, discussions, débats, promotion de la lecture et de nos médiathèques bibliothèques … Ce Kaisersguet a fait l’objet d’une attention tout à fait passionnée et vigilante du conservateur en chef des monuments historiques pour l’exceptionnelle qualité de son parc qu’il faudrait conserver dans les meilleures conditions.

"L’EURODOME A LA PLACE DES HALLS 9, 10, 11 DU WACKEN OU DE L’ANCIENNE PATINOIRE". - J’ai la ferme, solide et profonde conviction que cette maison de maître ne saurait être "le lieu" de l’Europe, tel qu’il est souhaitable et souhaité. Une "maison", un "vaisseau", imaginé par des responsables associatifs éminents à Strasbourg sous forme d’Eurodôme ne peut se situer ailleurs que dans l’immédiate proximité du Parlement Européen. Les espaces existent aujourd’hui, soit à la place des vétustes halls 9/10/11, soit dans l’ancienne patinoire.

"JE CONJURE LE MAIRE DE NE PAS CEDER A DES PRESSIONS..."- Je conjure le maire de ne pas céder à des pressions éphémères d’un moment fugitif, de ne pas prendre une décision conjoncturelle dictée par une éventuelle nervosité de certains, je lui demande de prendre le temps de la réflexion. Les enjeux sont trop importants. Par ailleurs il me semble impossible de ne pas associer le Parlement Européen, le conseil de l’Europe, la Région Alsace, le Département, à la fois pour l’élaboration d’un programme aussi bien que pour des cofinancements qui ne sauraient être refusés à une telle cause. Il y a certes une maison de maître à la Robertsau à la recherche de son nouveau destin. Il y a d’autre part la volonté de réaliser un projet qui devra emporter irrésistiblement les convictions en faveur de l’Europe de Strasbourg… Les deux sujets ne peuvent pas avoir destin lié et, en l’espèce, "l’occasion ne doit pas faire le larron". R.G.