Une politique culturelle pour une Alsace plus juste et plus forte Par Jacques BIGOT
Par Robert Grossmann le mercredi, 3 mars 2010, 16:58 - Lien permanent
Dans le cadre des élections régionales de mars prochain, j’ai souhaité préciser mes engagements en matière de politique culturelle régionale, comme en direction des acteurs et publics régionaux.
Terre de tolérance et de liberté, ouverte aux influences extérieures, notre Région a de tous temps été un lieu de brassage d’hommes et d’idées permettant aux arts de trouver un terreau propice à leur expression. Cependant, aujourd’hui, ces valeurs sont mises à mal par l’individualisme croissant de notre société.
Vouloir construire un nouveau modèle de développement, avec plus de justice et de solidarité entre les territoires et une démocratie régionale et territoriale renforcée, n’est-ce pas aussi donner un sens à une communauté et construire ainsi un projet culturel ? La culture n’est pas seulement un vecteur puissant du lien social, de construction individuelle et sociétale. Elle constitue aussi un élément non négligeable de notre économie – notamment en matière audiovisuelle – et d’attractivité touristique de l’Alsace, grâce au tourisme culturel en plein développement dans toute l’Europe.
Nous entendons redonner un sens concret aux valeurs de justice sociale et de solidarité. Voilà qui participe à façonner l’identité de notre région, son vivre-ensemble et donc sa culture.
Pour revitaliser le lien social, avec le nouveau modèle de développement que nous souhaitons mettre en oeuvre, nous mènerons une politique culturelle forte et volontariste avec l’objectif de faciliter l’accès aux pratiques culturelles. Notre volonté est d’ouvrir la culture au public le plus vaste possible, afin que chacun y trouve son épanouissement, qu’il soit l’un de ses spectateurs ou de ses acteurs, notamment par l’ouverture d’un Centre régional du livre. Il fait aujourd’hui défaut à notre région, l’une des seules de France à ne pas disposer d’un établissement de ce genre.
Le patrimoine historique devra être entretenu et promu, afin de favoriser sa découverte et sa reconnaissance par le plus grand nombre. Les groupes et les festivals de musique régionaux seront soutenus, tout comme les artistes s’investissant dans d’autres champs culturels.
L’Alsace doit se donner les moyens d’une politique culturelle forte et volontariste qui renforce notamment le soutien à la création pour les compagnies et les artistes régionaux et à la diffusion culturelle sur tout le territoire régional, rural comme urbain. Nous proposons dans ce cadre de suivre les lignes directrices suivantes :
• Renforcer le soutien et la valorisation de festivals comme Musica, Ozosphère ou encore Momix pour les jeunes publics entre autres.
• Apporter un soutien actif aux compagnies et artistes régionaux en matière de diffusion et de création.
• Accentuer la politique de la région en faveur des arts numériques et visuels.
• Permettre à notre région d’être un acteur reconnu dans le domaine de l’art contemporain, par un soutien fort aux lieux de diffusion, la mise à disposition d’ateliers et le développement de partenariats transfrontaliers. Il est capital que nous redevenions une région connue et reconnue en matière de création, au même titre que nos voisins suisses ou allemands, ce qui se passe notamment par la mise en réseau et par le soutien appuyé au réseau « Trans – Rhein – Art ».
• Inciter à la mise en place de résidences de longue durée pour les compagnies de spectacle vivant, les artistes ou les plasticiens pour leur permettre de s’ancrer pleinement dans l’espace des villes et des campagnes.
• Favoriser l’accès à la culture en milieu rural par un dispositif adapté de subventions.
• Poursuivre le soutien à la mobilité (au sein comme en dehors de notre région) des compagnies régionales, par exemple dans le cadre de grands festivals comme ceux d’Avignon, d’Edimbourg ou de Berlin.
Concernant le « régionalisme », celui que nous défendons est ouvert ! Il s’agit pour chaque habitant de notre région de pouvoir se sentir Alsacien et de l’être pleinement, à sa manière, avec ou sans dialecte, en ville comme à la campagne, en plaine comme à la montagne, au nord comme au sud de notre territoire. Le « régionalisme » peut simultanément être ancré dans l’histoire de l’Alsace et arrimé à la modernité, en prise avec le mouvement du monde et ses mutations.
Notre position géographique est un atout considérable, notamment pour les jeunes. Pour eux, le bilinguisme est un atout aussi bien dans leur parcours personnel que professionnel. Il constitue également une passerelle vers le multilinguisme.
Valoriser notre dimension rhénane en promouvant notre patrimoine fait aussi parti de notre programme. En effet, l’histoire et la culture rhénane de notre région fondent une part significative de notre identité, inséparable de la diversité actuelle de la société alsacienne, entrée dans le 21ième siècle. Nous souhaitons donc favoriser les projets visant à promouvoir notre patrimoine et notre mémoire en valorisant, par exemple, l’histoire des mines de potasse.
La culture et l’identité de notre territoire sont des éléments structurants du vivre ensemble dans notre région. En l’entretenant et en le développant, tout en étant ouverte sur l’extérieur, notre région sera plus forte. Son rayonnement s’en trouvera accru.
Commentaires
Il faut reconnaître que ce texte est intéressant et constitue une belle analyse en même temps qu'une belle promesse pour la culture. M.Grossmann, merci d'avoir interpellé les candidats et merci à eux d'avoir répondu
Très bon texte, très belle conclusion ... jetzt bin isch stolz das einer fer s'elsass red ... 7 ans en Allemagne ...
Je suis fier de porter l'Alsace au coeur ... et le coeur de l'Alsace bat ...simple anecdote d'un ami Alsacien à New-York " La France n'a pas toujours bonne image dans le monde, aujourd'hui lorsque je voyage me dit-il ... et que l'on me demande d'ou je suis ... je ds que je suis ALSACIEN " ... tout est dit ... simple non ?
Bien...un tel texte me laisse un peu perplexe car "qui trop embrasse mal étreint" et une fois que l'on a ôté les poncifs déclamatoires et plein de bonnes intentions que l'on retrouve dans tous les discours sur la culture, il ne reste que quelques généralités... rien de véritablement saillant ou innovant et un peu de tout pour que chacun s'y retrouve un peu (pas culturellement, électoralement, j'entends)... heureux malgré tout que la culture soit considérée comme un pan de l'économie et j'adhère à la vision du régionalisme de Jacques Bigot...
Dernier point... je sais que ça fait "in" de dire qu'il faut soutenir "Ososphère" puisque Jacques Cordonnier et Jacques Bigot y vont tous les deux chaque année (à partir de 2010) mais ça sécrit sans z...
Ce qui s’est pratiqué en France, cette éradication de nos héritages culturels,
> est à l’encontre des valeurs élémentaires des Droits de l’Homme que la France
> dit représenter et défendre.
> La France est le seul pays en Europe à placer son organisation administrative
> au-dessus ou avant ces valeurs, et ce qui est scandaleux au nom de ces valeurs.
> (quelle hypocrisie !)
> Je vous donne la précision qu’après la Première Guerre Mondiale ce principe de
> mise en pratique du respect des héritages culturels locaux fut imposé dans
> toutes l’Europe ! sauf en France, et en particulier en Alsace où la France, au
> nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité aurait du commencer par
> mettre en application ces valeurs pour faire mieux que l’Allemagne ! (tout comme
> alors aussi dans nos autres régions qui font la France)
>
> En France, l’Etat n’est donc ni en phase avec le respect de ces valeurs, ni en
> phase avec le respect de ce qui fait aussi l’identité de la France : nos
> héritages de nos régions qui font la France. (gastronomiques, architecturaux,
> écologiques, linguistiques…)
> Le gros problème avec le maintien de ces erreurs et fautes d’éradication de nos
> héritages culturels de France c’est que la seule « identité » qui resterait
> serait la Constitution qui, à travers le principe de respect de tout culte –
> dont un particulier qui n’est pas d’origine territoriale -, ouvre précisément la
> porte à la substitution de notre culture, de nos cultures, par une autre puisque
> une religion correspondant aussi à une manière de vivre, et donc à une culture,
> (et aussi à une autre langue puisque la langue de référence de la culture «
> musulmane » n’est pas une langue « locale » nationale ou régionale)
>
> Pour revenir à l’importance et aux utilités de nos langues et cultures
> régionales, qui ne sont pour la plupart pas que locales et même internationales,
> c’est précisément leur éradication progressive que la monarchie absolue et
> ensuite la république ont autorisé et favorisé depuis toujours, mais voilà on
> est aussi respectueux de toute croyance, et par conséquent à cette conséquence !
> et la démocratie étant l’imposition des choix par une majorité… et la République
> ne protégeant même pas ses héritages régionaux qui ont aussi leurs utilités,
> tout ce qui correspond à l’identité française n’a vraiment plus de sens, de
> valeur. (et cela n’a pas forcément de lien avec la religion et la laîcité)
>
> Notre identité, nos identités, notre Devise, n’ont aucune valeur sans le mot
> respect.
> Pour ce qui concerne l’Alsace, les élus ont tous toujours voulu le respect et le
> maintien de l’héritage alémanique, ce respect qui est à la base de l’attachement
> de l’Alsace à la France.
> Lorsque la majorité des élus (tous) localement n’arrive pas à appliquer le
> choix de la population, où se trouve la démocratie par le peuple pour le peuple
> Le Président ZELLER n’a pas par hasard relevé que les élus en France n’ont pas
> la même latitude d’action que ceux du Bade-Wurtemberg !
> Que proposez vous, et notre Gouvernement pour que la France protège, comme les
> autres Pays partenaires de l’UE, nos héritages culturels pour l’égalité des
> chances de nos régions à pouvoir s’intégrer aux contextes européens locaux ?
> Comme pour l’Alsace où l’alémanique a été l’outil économique qui avait permis à
> l’Alsace d’être le carrefour de l’Europe, nos langues régionales ont aussi ces
> rôles.
>
> L’ouverture sur l’intégration à ces valeurs pourrait être la solution à
> l’intégration réelle de toute personne s’installant sur l’un de nos territoires
> français, quelle que soit son origine, ainsi qu’à l’intégration aux rôles et
> devoirs locaux que chacun devrait pouvoir tenir et jouer : tout ce qui n’est pas
> le cas aujourd’hui, dans le pays qui se veut être celui du Droit de l’Homme.
Point complémentaire pour Monsieur Bigot : votre position par l'intermédiaire de votre texte n'est pas crédible pour la simple raison qu'il n'est pas possible à la fois de vouloir une chose, et le maintien de la réunion de conditions ou de possibilités allant à l'encontre de ces choses. Le respect de ces choses n'est pas normalement et logiquement à sens unique, bien que cela subsiste dans notre Région (nos Régions de France) qui devrait être l'Exemple pour l'Europe : elle ne l'est vraiment pas, plus.
Les réponses et le solutions doivent être pour tous, pour tout, concernant tous car touchant tous, elles ne peuvent plus être partielles!
le point complémentaire est aussi valable pour vous, Monsieur Grossmann.
J'espère aussi que vous permettrez la parution de mon autre texte fait spécialement pour vous.
ALLES GUETE