Philippe Richert s'engage en faveur de la culture
Par Robert Grossmann le vendredi, 26 février 2010, 16:53 - Lien permanent
Je veux commencer cette réponse en vous remerciant de me donner l’occasion, avec votre lettre ouverte, d’évoquer la place de la culture dans le projet que mes colistiers et moi-même portons pour l’Alsace.
Certes, notre priorité c’est l’emploi, mais d’emblée je veux dire que l’approche que j’ai de l’action culturelle de la Région participe totalement d’une bonne définition de cette priorité. Non pas que nous soyons dans l’utilitarisme le plus immédiat et, encore moins s’agit-il de la subordonner à la loi du marché. Mais je crois sincèrement qu’une politique culturelle doit prendre en compte les fonctions sociales et économiques qui sont totalement consubstantielles à la place même de la culture dans nos sociétés.
Ce n’est pas à l’ancien président de la commission culture du Conseil régional, qui a marqué de son empreinte les orientations encore aujourd’hui à l’œuvre, ni à l’ancien président de la CUS qui a mené une politique exemplaire durant son mandat, que je vais rappeler la diversité de notre patrimoine culturel, la qualité de nos grandes institutions et la richesse des initiatives culturelles qui existent sur tout le territoire régional.
La Région a une responsabilité réelle à cet égard et, d’ores et déjà, elle l’assume. Le soutien aux lieux de spectacle, la professionnalisation des filières, la valorisation du patrimoine, l’aide à la création, la politique du livre sont autant d’axes bien identifiés qui placent la Région comme un interlocuteur important des acteurs culturels.
Vous évoquez l’Agence Culturelle d’Alsace comme « maître d’ouvrage de tant d’initiatives rayonnantes », vous savez mieux que quiconque le rôle qu’occupe la Région Alsace dans cette structure.
Demain, bien entendu, il n’est pas question de faire moins, bien au contraire. L’action culturelle contribue effectivement à l’épanouissement de chacun et, même si l’expression peut paraître un peu galvaudée, elle participe véritablement au rayonnement de la région.
Demain, prenant en compte les contraintes qui pèsent sur les budgets de toutes les collectivités publiques, je souhaite que la Région joue un rôle d’animation plus net de l’ensemble des collectivités parce que je crois profondément que l’échelle régionale est particulièrement adaptée à la définition d’une action culturelle qui à la fois s’exprime sur tout un territoire et rayonne au-delà de nos frontières régionales.
Il ne s’agit pas d’imposer l’échelle régionale aux collectivités locales qui sont les contributeurs et financeurs les plus forts en matière culturelle. Mais ce qui doit aujourd’hui présider, c’est la lisibilité de nos actions. Je reprends votre exemple de la politique, déjà engagée, du livre ; il faut en effet la compléter et mieux fédérer les riches initiatives qui existent en la matière. Un travail de concertation approfondi est à mener avec les collectivités comme avec les acteurs culturels sur toutes ces questions.
Mon approche de la culture consiste également à valoriser la place de nos fondamentaux et, au titre de ceux-là, notre langue et culture régionales. Le renforcement de l’Office pour la Langue et la Culture Régionale (OLCA) doit lui permettre de promouvoir de manière plus ambitieuse notre langue et nos traditions dans une approche résolument non passéiste.
Enfin, je veux insister sur une thématique qui doit être chère à l’amateur d’art contemporain que vous êtes, à savoir celle de modernité, qui irrigue d’ailleurs tout notre projet. L’action culturelle de la Région doit effectivement être plus ouverte à l’architecture contemporaine, aux arts numériques, à l’image et aux nouveaux médiats, à l’événementiel. Je souhaite également que la Région prenne le leadership dans la création d’un événement culturel qui fasse sens à l’échelle de nos ambitions. J’ose dire ici que la culture doit être moderne et postmoderne à la fois.
Mais pour moi la modernité passe également par l’affirmation d’une politique culturelle à l’échelle du Rhin Supérieur. Je suis bien conscient que cette modernité là, certains la trouveront déjà chez Maître Eckhart ou chez Goethe et ce n’est pas contradictoire. L’Alsace, c’est l’Europe dans ce qu’elle a de meilleur. Si nous sommes le berceau de toute la construction européenne, c’est parce que les territoires du Rhin Supérieur partagent des valeurs et une culture communes. Il me semble impensable de construire une action culturelle en-dehors de cela.
L’image internationale, économique et touristique de l’Alsace ne peut que gagner à compléter ce qui la caractérise déjà sur ces bases.
Je terminerai en disant un mot de ma conception du rapport entre le politique et l’artiste. Je ne suis pas insensible à certains échos, venus du monde culturel, qui disent craindre les rapprochements annoncés entre les collectivités ou la notion de guichet unique qui les soumettrait au risque de fait du prince. A cela, je réponds que la création artistique doit être une liberté qui n’est pas soumise à l’appréciation du politique, les pouvoirs publics doivent uniquement offrir des conditions de création. Et en ce sens, je souhaite que la collectivité régionale puisse soutenir la création artistique et, entre autres actions, nous encourageons très directement des résidences d’artistes et pourquoi pas l’aide à l’installation de jeunes artistes comme cela peut se faire pour les artisans ou les PME. Un fonds sera constitué pour ce type d’actions et les modalités d’utilisation en seront définies par des personnalités aux compétences effectives.
J’espère, mon Cher Robert Grossmann, que ces éléments sont de nature à vous rassurer sur ma volonté de donner à la culture la place éminente qu’elle mérite.
Amitiés.
Commentaires
Voila une très belle contribution au débat et moi je suis assez séduit par ces propositions
Voilà au moins un texte qui montre que l'équipe Richert connaît les méandres techniques des arcanes culturelles !
Une question peut se poser, pourquoi en Alsace le mécénat est-il si peu présent même (et on l'a vu dans le cadre du chantier des vitraux de la Cathédrale) s'il se développe au fur et à mesure mais dans une proportion encore faible. Il existe pourtant des entreprises qui pourraient être interrogées à ce sujet, des fortunes privées qui pourraient irriguer des projets d'envergure ? C'est une piste qui n'est pas encore assez exploitée et on le voit (par exemple avec le Musée Würth d'Erstein ou le musée Burda à Baden baden) qui est souvent fort intéressante.
En 1992 le Ministère de l'Education nationale et de la Culture, de plus la Direction des Ecoles, a pris position pour la réunion des conditions pour l'avenir de notre Région et de ses habitants!
Il a précisé que la parfaite maîtrise du français et de l'allemand est un Droit qui ne saurait être dénié aux enfants de l'Alsace, notamment en prenant en compte les enjeux européens.
En tant qu'électeur Alsacien et Français, vous me permettrez de relever qu'il est quand même froissant de constater qu'en 18 ans il n'ait jamais été organisé une réunion avec l'ensemble des Maires d'Alsace pour finaliser pour toutes les écoles ce Droit au savoir nécessaire pour que notre Région, et ses habitants, puissent continuer à jouer l'ensemble de leurs rôles de trait d'union dans notre région européenne du Rhin supérieur (cette compétence nos parents et grands parents l'avaient - ce qui a permis à notre région d'avoir le titre de carrefour de l'Europe)
et que notre Pays, la France, n'ait toujours pas ratifié la Charte des langues régionales ou minoritaires pour protéger nos héritages et atouts de communication naturels : ce qui pourrait ancrer nos régions dans les différents contextes européens locaux - une véritable ouverture naturelle puisque nos régions ne sont que les prolongements d'autres.
A travers ce constat, il faut aussi savoir reconnaitre que si les élus ne pouvaientt pas mettre en pratique des choix impératifs localement, ou parce qu'ils ne le pouvaient pas à cause d'une Constitution ne permettant pas la latitude d'action locale, c'est qu'il y aurait déficit démocratique (ou pas définition de démocratie)
Les réponses et solutions que les Alsaciens attendent, sont aussi celles dont les Français et la France a besoin : non seulement maintenant, mais depuis longtemps (les mauvaises conséquences et mauvais résultats sont là, visibles, insoutenables!!!)
La situation culturelle en France étant identique à celle qu'à connue sous Franco, avec le rappel des Valeurs que la France veut représenter je pense que les élus sont aussi capables que ceux d'Espagne pour hisser et faire de notre pays un pays de démocratie responsable, et donc majeur!
J'y crois parce que cela n'est pas un problème de parti, mais de mise en pratique de Valeurs communes à tous les partis de France.
Notre langue et culture régionales d'Alsace ont, comme par le passé, une importance inestimable parce qu'il y a une utilité, des utilités qui permettent et facilitent les réussites. (non seulement du point de vue local, mais aussi pour le pays en entier! et cela est réciproquement aussi le cas pour nos régions!)
Dans notre région qui a aussi pour Patronne Sainte Odile, puissiez-vous élus, et ceux qui ne peuvent pas siéger dans une assemblée, voir et reconnaitre les véritables enjeux, les chances avec les développements possibles, dans tous les domaines, et ouvrir les yeux à ceux qu'il existe la Liberté, l'Egalité et la Fraternité mais à travers des mises en pratique qui sont aux antipodes du centralisme que la France a toujours subi et qui rend aveugle.
Il me faut aussi ajouter qu'étant dans un pays qui se réclame de la liberté, et puisque il n'y a pas de liberté sans respect, il est logique qu'il soit exigé une mise en pratique rapide de ces solutions.
Il serait quand même scandaleux qu'un pays démocratique, (par le peuple POUR le peuple, avec des élus qui ont de tous temps voulu le respect de la pratique de notre alémanique) ne puisse pas corriger cette situation handicapant l'avenir des enjeux : les nazis avaient re-former les enseignants en 3 mois et l'on mettrait encore des années...
Je concède que les erreurs et fautes commises rendent les choses pas pareilles, mais à erreurs et fautes exceptionnelles il y aussi des solutions et des possibilités exceptionnelles : ne serait-ce que pour lancer ce Droit dans l'ensemble de nos communes.
Que ceux qui auraient un niveau suffisant (à définir) et qui ont la maitrise de la définition de notre langue régionale aient et puissent avoir la chance d'obtenir un tel emploi utile, ne serait-ce qu'en reconnaissance des parents qui ont eu l'intelligence de voir plus loin que leur carte d'identité.
Telles sont mes opinions. Je les pense juste.
Inutile de préciser que je ne partage en aucun cas des comparaisons aussi scandaleuses et graves que celles contenues dans le billet de "jimili" sur, je cite, "la situation culturelle de la France qui serait identique à celle qu'a connue sous Franco..."
De même je crois bien comprendre le plaidoyer en faveur du bilinguisme intégral que propose "jimil" mais son développement me semble bien complexe.
Néanmoins je ne le censure pas, à chacun de se faire une opinion
... Je vous remercie de votre réponse partielle, mais rapide.
Ce n'est pas la comparaison qui scandaleuse et grave, mais la réalité franco-française puisque elle est bien comparable à la politique culturelle qu'avait imposé Franco à l'Espagne, et c'est cette réalité franco-française qui m'attriste vraiment car les mauvaises conséquences ne sont plus seulement visibles mais nous fait aussi aboutir aux mauvais résultats que vous connaissez!
Je vous remercie, bien, de ne pas avoir censuré ces informations et opinions : ce qui est possible partout en Europe nos élus le peuvent aussi.
Je les crois tout aussi capables et compétents que ceux d'autres régions européennes.
Je vous le concède pas individuellement ou seuls : d'où votre "entrevue" de complexité.
Dans les régions d'Espagne où les élus ont voulu la pratique de l'enseignement du bilinguisme intégral pour la pratique du respect de leurs atouts la question ne se pose déjà plus : il n'y a plus a développer, qu'à partiquer les Valeurs dont nous, nous nous réclamons.
…(petit complément) à ma réponse que je viens juste d’envoyer, j’ai aussi relu l’autre donnée sur « pas venir de programme à j-24 ».
Puisque le point de comparaison de la réalité franco-française avec celle qui existait en Espagne vous semble injuste, je vous concède que nos langues régionales ont quand même été inscrites dans la Constitution : mais en pratique, dans la vie, la situation est la même !
Pour que chacun puisse se faire une opinion, il vous est possible de prendre vos informations auprès de Monsieur le Consul Général d’Espagne qui m’a simplement répondu que l’Espagne est devenu le pays le plus décentralisé d’Europe.
Je ne suis ni élu, ni candidat, mais je n’émets pas simplement une opinion ou une critique ! j’avance aussi des propositions qui pourraient être des solutions.
A travers mes réponses, je crois aussi que vous y avez vu ma confiance en votre personne, pour cela, pour tout cela.
La France a voulu avoir l'Alsace pour faire mieux que l'Allemagne pour tout ce qui concerne ce respect, ces respects! Non? (c'est ce qui a été mis en pratique en Europe, dès la fin de la Première Guerre Mondiale : tant de morts! et pas pour les habitants de nos régions?)