L’acte imbécile consistant à s’en prendre au domicile privé d’un élu doit être condamné avec la plus extrême sévérité. Nous l’avons fait de manière immédiate.

Nous demandons toutefois qu’une enquête rigoureuse et approfondie soit diligentée afin de démasquer les auteurs signant d’une croix celtique.

En second lieu nous sommes profondément choqués par les propos du directeur de cabinet du maire, Patrick Pincet dans les DNA.

Celui ci n’hésite pas à faire un amalgame inadmissible entre le débat conduit par des partis républicains sur le nombre de voitures brûlées et un délit sordide réalisé nuitamment par on ne sait qui…Celui la aurait favorisé celui ci.

Si l’on suivait M.Pincet les tags sur la maison de Roland Ries justifieraient le mensonge officiel sur le nombre de voitures brûlées…(il n’aurait pas fallu parler des vrais chiffres-source pompiers…), devraient empêcher l’opposition républicaine de jouer son rôle face au maire PS, ne permettraient plus au débat sur l’identité nationale d’avoir lieu cf Philippe Bies), interdiraient que l’on évoque la question du minaret.

Ces propos permettent de penser que les tags sont venus à point nommé.

Si nous condamnons avec la plus extrême fermeté le badigeonnage de la maison de Roland Ries nous pensons aussi que cet incident délictuel ne peut en aucun cas être le prétexte à une invalidation de tout débat démocratique sensible, national ou local.

Les inscriptions qui visaient le maire de Strasbourg concernaient l’islam et un signe ostentatoire de l’islam à Strasbourg : le minaret.

Or nous ne voyons pas au nom de quel terrorisme intellectuel cette question ne devrait pas faire l’objet d’un débat.

 

Aussi je tiens à rappeler ma position d’ancien président de la CUS et de maire délégué, concernant la grande mosquée.

J’avais, du temps de mes fonctions exécutives, pris la responsabilité de demander aux porteurs du projet de renoncer à un minaret, ce qu’ils avaient accepté. Je l’ai fait DANS LE BUT DE PERMETTRE LA MEILLEURE INTÉGRATION POSSIBLE DE L’ISLAM À STRASBOURG ET D’EN FAIRE PLEINEMENT UN ISLAM FRANÇAIS ET RÉPUBLICAIN.

Je savais bien que des extrémistes étaient toujours aux aguets prêts à entreprendre une lutte raciste et une guerre de religion.

Je savais aussi que ce n’est pas en forçant les choses qu’on les fait accepter de la meilleure manière possible.

Bref mon objectif était de ne fournir aucun argument au réveil des droites extrêmes avec leurs arguments nauséabonds.

Par ailleurs je souscrits pleinement aux analyses de deux jeunes architectes d’origine marocaine : Selma et Salwa MIKOU.

Je souhaite aussi faire référence aux analyses d’Anne-Marie DELCAMBRE, docteur d’état en droit, docteur en islamologie qui a publié une ouvrage « Mahomet, la parole d’Allah chez Gallimard, coll. « Découvertes »

 

L’acte stupide dont a été victime le maire de Strasbourg me conforte hélas dans mes positions et dans ma vison de l’intégration de l’Islam à Strasbourg.

 

Je tiens à renvoyer au texte publié sur mon blog le 30 novembre 2009, qui me semblent n’avoir jamais été d’une aussi grande actualité à Strasbourg.

 

«  J'ai été et je suis pour la bonne intégration des musulmans au sein de la République française;

Je suis pour des lieux de cultes dignes et décents pour les pratiquants de l'Islam

Je suis pour un Islam français et, chez nous, strasbourgeois.

Ma position n'a jamais été électoraliste et j'ai toujours manifesté le plus grand respect à mes partenaires musulmans; à qui ma porte a toujours été ouverte.

En ce sens notre équipe municipale a réellement favorisé la progression du dossier "grande moquée de Strasbourg" en accordant le terrain, en attribuant une subvention de 10% du prix de la construction, en plaidant le dossier auprès de la Région et du Département qui eux aussi accordent une subvention. 

Nous avons posé la première pierre de la mosquée.

Mais pour ne donner aucun argument aux partis extrêmes ni aux extrémistes qui jouaient sur l'islamophobie, j'ai souhaité que les porteurs du projet renoncent à en faire "la plus grande mosquée d'Europe" comme Catherine Trautmann l'avait souhaité. Je leur ai demandé aussi de ne pas ériger de minaret.

 J'ajoute que le coût de la très grande mosquée semblait, à l'époque, tout à fait éloigné des possibilités financières de nos interlocuteurs et nous tenions à ce que les financements soient clairs.

Ma position était et demeure que le processus d'intégration soit pleinement accepté par la plus grande majorité possible de Strasbourgeois.

J'ai été très vigoureusement conforté dans mes positions par celles de deux jeunes et très brillantes architectes d'origine marocaine qui ont publié un article dans le journal Libération en décembre 2004 dont je fais mien l'ensemble de l'argumentation. Il s'agit d'argument architecturaux en même temps que sociétaux et religieux. »

Voici leur tribune:

L'image des mosquées de France   

 Date: le 22 décembre 2004 à 09h00 :  Libération

Par Selma et Salwa MIKOU

 ll nous semble que le débat contemporain autour du lieu de culte musulman doit également poser la question de sa représentation. Peut-on envisager aujourd'hui de voir enfin les mosquées de France s'affranchir du joug identitaire qui impose une expression régionaliste récurrente du lieu de culte, invariablement affublé d'attributs formels anachroniques du Xe siècle (arcades, coupoles...) et de leur cortège de matériaux pittoresques décontextualisés (tuiles, mosaïques...)?

 Dans la société actuelle dominée par l'image comme support de communication (image de ville, de marque), il est dangereux et réducteur de recourir à l'analogie systématique et aux citations formelles univoques qui perpétuent l'image (fausse et) conventionnelle d'un islam unitaire et authentique. Alors même qu'elles s'affirment enfin comme de vrais bâtiments dans la ville (ni caves ni hangars), n'est-ce pas le moment de s'interroger sur leur sens et leurs fonctions, pour inventer un langage symbolique moderne qui permettrait un renouveau sémantique et installerait un nouvel imaginaire en phase avec les valeurs de la société actuelle ?

Au de là d'une question de minaret, il faut réfléchir à réinventer chaque lieu 

en fonction de son contexte social et culturel

 Mettre en place une fondation pour l'islam de France, un système de financement transparent, former des imams à la culture française pour finalement construire des mosquées pastiches, creuses et stériles, inaptes à revivifier le processus de production de sens propre à tout espace de culte, est pour le moins paradoxal.

 L'enjeu architectural et urbain des mosquées est fondamental. Il ne s'agit pas d'une simple question de forme, de remplacer un style par un autre, de mettre ou non un minaret, mais plutôt d'une réflexion qualitative et programmatique qui réinventerait chaque lieu en fonction de son contexte social et culturel. L'objectif étant, en enrichissant le programme, en superposant les fonctions, d'ouvrir des interfaces d'échange, de tisser du lien et de lutter contre les revendications identitaires qui enferment les communautés et isolent le lieu de culte.

 La mosquée est une institution humaine donc intimement liée à un processus d'évolution sociale et historique ; son défi est de rester un lieu d'expression qui interroge, signifie, traduit les valeurs d'une communauté de pensée en réintroduisant ce qui fait le propre du langage religieux et poétique : l'évocation. On oublie trop souvent qu'un espace de culte est aussi le lieu de l'émotion, de la vibration, de l'indicible et de l'immatériel.

 Les mosquées ottomanes, d'Ispahan ou hypostyles (grande mosquée de Cordoue) sont des lieux extraordinaires d'émotion et de beauté, de portée universelle ; il est urgent de réintroduire ces qualités dans les édifices contemporains afin qu'ils participent à l'enrichissement du patrimoine culturel de leur cité.

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