En allant acheter le livre posthume de Philippe Muray, « Roues carrées » je trouve en librairie un autre petit fascicule de 38 pages, 3 euros, que j’emporte aussitôt : « Le sourire à visage humain » sous titré Ségolène. Il s’agit d’un extrait se son « moderne contre moderne » écrit en septembre 2004. Quelle perçante lucidité, quelle prémonition ! Mais quelle drôlerie aussi et l’ironie mordante de Philippe Muray touche juste. Aujourd’hui qui nous abreuve quotidiennement du sourire de Ségolène véhiculé par sa démarche extatique on ne peut qu’être frappé par ces pages. Que nous dirait-il aujourd’hui Philippe Muray devant cette débauche de sourire à laquelle il est quasiment impossible d’échapper, qui envahit tous les écrans, qui s’échappe des propos du poste de radio pour nous héler ? Faisons-nous plaisir et citons P.M. « (…) le sourire de Ségolène Royal (…) est un spectacle de sciences fiction que de le voir flotter en triomphe, les soirs électoraux, chaque fois que la gauche, par la grâce des biens votants se trouve rétablie dans sa légitimité transcendantale. On en reste longtemps halluciné, comme Alice devant le sourire en lévitation du Chat de Chester(…) On tourne autour, on cherche derrière, il n’y a jamais eu personne. Il n’y a que ce sourire qui boit du petit lait, très au dessus des affaires du temps, indivisé en lui même, autosuffisant, autosatisfait, imprononçable comme Dieu, mais vers qui tous se pressent et se presseront de plus en plus comme vers la fin suprême.