Je tiens à remercier celles et ceux qui ont pris part à ce débat pour la qualité de leurs interventions. Je me félicite également que la plupart des intervenants aient choisi de poser des questions plutôt que d'apporter des réponses.

Dans ce domaine comme dans bien d'autres, il n'existe aucune réponse toute faite. Et c'est par le débat et la confrontation que nous pouvons imaginer des pistes novatrices.

Les commentaires postés recouvrent des champs très différents. Je vous propose, afin de poursuivre nos échanges et d’avancer dans le débat, d’organiser un peu les différentes propositions de chacun :

Une première série de commentaires concerne les « politiques culturelles » proprement dites, avec trois axes forts :

  1. le renoncement actuel (ou l’impossibilité ?) de l’Etat à mener une politique culturelle forte dans les régions et la centralisation de l’action publique essentiellement sur la capitale (« L’Etat ne joue plus son rôle correctif »).
  2. Le rapport, plus global, entre les pouvoirs publics et les acteurs de la vie culturelle, particulièrement les créateurs (est-ce que leur rapport se borne aux subventions ? Est-ce que l’action culturelle a un « rôle d’intégration républicaine ») ?
  3. La question de la diversité des domaines concernés par les politiques culturelles (comment trouver le juste équilibre entre le patrimoine et ce que l’on appelle, faute de mieux, « la culture vivante » ?)

Une deuxième série de commentaires concerne la question des « financements et des compétences ».

  1. Est-ce que l’Etat peut transférer, sans risque, la gestion de structures de formation artistique aux collectivités locales ? Est-ce que ces dernières ont la légitimité et les moyens pour les gérer ? Faut-il que les collectivités locales et l’Etat se partagent clairement les compétences culturelles ? Mais si le transfert est effectué et si les collectivités financent la quasi intégralité, l’état est-il toujours fondé à « contrôler »et à « inspecter » ?
  2. Ne faudrait-il pas mettre de la cohérence dans le paysage des établissements de formation, ceux de l’état (UFR) ceux des collectivités (école supérieure d’art de Strasbourg pour prendre une exemple concret) ?
  3. Comment développer le mécénat dans un pays peu enclin à le pratiquer ? Comment permettre un meilleur développement du privé, entreprises ou particuliers, structures diverses, permettant de renforcer le « marché de l’art » ?

Une troisième série concerne plus particulièrement les créateurs et la création contemporaine :

Comment rendre l’art, l’art contemporain en particulier, accessible au plus grand nombre ? Qu’est-ce qui définit aujourd’hui « une œuvre d’art » : les critiques, les musées, le marché, le regard social, etc. ?

  1. Comment croiser les publics entre les différentes structurelles culturelles ? Y a-t-il une place, dans la création actuelle, pour des propositions culturelles « populaires » ? Ou est-on nécessairement obligés de passer par l’apprentissage de codes culturels spécifiques pour avoir accès à la création contemporaine ? Si oui, comment organiser et généraliser cet apprentissage ?
  2. Enfin, c’est la question du « statut de l’artiste » qui fait débat : ses conditions de vie mais aussi la « médiatisation » de son travail (accès aux galeries, aux réseaux de diffusion, etc.).

A travers ces trois grandes catégories (politiques culturelles, financements, créateurs), on voit combien le débat est riche. Je me permets, pour continuer nos échanges, d’ouvrir le débat sur le thème « créateurs et création ».

Au cours des dernières années, cette problématique a scandé la vie culturelle française : des prises de position très polémiques de Jean Clair sur les artistes contemporains, en passant par la question de l’intermittence, quelle place ont, à l’heure actuelle, les artistes dans la société française ? Qui est artiste?Comment favoriser leur expression ? Comment faire vivre les lieux, privés aussi bien que publics, qui leur permettront de se « déprécariser » ?

Je ne puis être insensible à l'actualité répétitive qui nous donne à voir des actes de casseurs, profitant, aujourd'hui, des manifestations légitimes des étudiants pour se déchaîner. Où est l'œuvre de la culture?

Je souhaite que le débat se poursuive et s’enrichisse et que chacun s’exprime, après tout les pseudos sont là pour rassurer.

Cordialement à tous et : bonne culture !

Robert Grossmann