on continue à débattre
Par Robert Grossmann le lundi, 27 mars 2006, 17:24 - culture et forum - Lien permanent
En ouvrant le débat sur les politiques publiques culturelles, jétais loin dimaginer quil provoquerait autant de contributions originales, pertinentes, dérangeantes même.(...) Les commentaires postés recouvrent des champs très différents. Je vous propose, afin de poursuivre nos échanges et davancer dans le débat, de tenter dorganiser les différentes propositions de chacun
Je tiens à remercier celles et ceux qui ont pris part à ce débat pour la qualité de leurs interventions. Je me félicite également que la plupart des intervenants aient choisi de poser des questions plutôt que d'apporter des réponses.
Dans ce domaine comme dans bien d'autres, il n'existe aucune réponse toute faite. Et c'est par le débat et la confrontation que nous pouvons imaginer des pistes novatrices.
Les commentaires postés recouvrent des champs très différents. Je vous propose, afin de poursuivre nos échanges et davancer dans le débat, dorganiser un peu les différentes propositions de chacun :
Une première série de commentaires concerne les « politiques culturelles » proprement dites, avec trois axes forts :
- le renoncement actuel (ou limpossibilité ?) de lEtat à mener une politique culturelle forte dans les régions et la centralisation de laction publique essentiellement sur la capitale (« LEtat ne joue plus son rôle correctif »).
- Le rapport, plus global, entre les pouvoirs publics et les acteurs de la vie culturelle, particulièrement les créateurs (est-ce que leur rapport se borne aux subventions ? Est-ce que laction culturelle a un « rôle dintégration républicaine ») ?
- La question de la diversité des domaines concernés par les politiques culturelles (comment trouver le juste équilibre entre le patrimoine et ce que lon appelle, faute de mieux, « la culture vivante » ?)
Une deuxième série de commentaires concerne la question des « financements et des compétences ».
- Est-ce que lEtat peut transférer, sans risque, la gestion de structures de formation artistique aux collectivités locales ? Est-ce que ces dernières ont la légitimité et les moyens pour les gérer ? Faut-il que les collectivités locales et lEtat se partagent clairement les compétences culturelles ? Mais si le transfert est effectué et si les collectivités financent la quasi intégralité, létat est-il toujours fondé à « contrôler »et à « inspecter » ?
- Ne faudrait-il pas mettre de la cohérence dans le paysage des établissements de formation, ceux de létat (UFR) ceux des collectivités (école supérieure dart de Strasbourg pour prendre une exemple concret) ?
- Comment développer le mécénat dans un pays peu enclin à le pratiquer ? Comment permettre un meilleur développement du privé, entreprises ou particuliers, structures diverses, permettant de renforcer le « marché de lart » ?
Une troisième série concerne plus particulièrement les créateurs et la création contemporaine :
Comment rendre lart, lart contemporain en particulier, accessible au plus grand nombre ? Quest-ce qui définit aujourdhui « une uvre dart » : les critiques, les musées, le marché, le regard social, etc. ?
- Comment croiser les publics entre les différentes structurelles culturelles ? Y a-t-il une place, dans la création actuelle, pour des propositions culturelles « populaires » ? Ou est-on nécessairement obligés de passer par lapprentissage de codes culturels spécifiques pour avoir accès à la création contemporaine ? Si oui, comment organiser et généraliser cet apprentissage ?
- Enfin, cest la question du « statut de lartiste » qui fait débat : ses conditions de vie mais aussi la « médiatisation » de son travail (accès aux galeries, aux réseaux de diffusion, etc.).
A travers ces trois grandes catégories (politiques culturelles, financements, créateurs), on voit combien le débat est riche. Je me permets, pour continuer nos échanges, douvrir le débat sur le thème « créateurs et création ».
Au cours des dernières années, cette problématique a scandé la vie culturelle française : des prises de position très polémiques de Jean Clair sur les artistes contemporains, en passant par la question de lintermittence, quelle place ont, à lheure actuelle, les artistes dans la société française ? Qui est artiste?Comment favoriser leur expression ? Comment faire vivre les lieux, privés aussi bien que publics, qui leur permettront de se « déprécariser » ?
Je ne puis être insensible à l'actualité répétitive qui nous donne à voir des actes de casseurs, profitant, aujourd'hui, des manifestations légitimes des étudiants pour se déchaîner. Où est l'uvre de la culture?
Je souhaite que le débat se poursuive et senrichisse et que chacun sexprime, après tout les pseudos sont là pour rassurer.
Cordialement à tous et : bonne culture !
Robert Grossmann
Commentaires
Et ben dis donc... il est actif ce Grossmann !
je suis très agréablement surpris par la tournure que prend ce débat (même ce blog).
la question du « statut de lartiste ».... je réfléchis... et je reviens !
Tout à fait d'accord avec Geronimo (le dernier des Mohicans) ? Quel est cet homme politique qui prend réellement au sérieux ce que disent les blogeurs ? Là je suis baba !!! (même pas au rhum)
Jarrête à linstant ma lucarne en couleurs après avoir regardé avec passion le film relatant « la traversée du désert » du général de Gaulle. Pour une fois je suis heureux de payer ma redevance télévisuelle pour un programme de qualité. Il est vrai que France 2 nest pas à son premier coup dessai et ces expériences méritent dêtre renouvelées.
Aussi, pour alimenter ce débat en jetant immédiatement un rocher dans la mare... , je propose que lon privatise France 2. Pourquoi cette privatisation me direz-vous alors que je viens de saluer un de ses programmes? Est-ce encore une attaque contre le service public ?
Cette privatisation permettrait de dégager une somme importante qui serait à répartir entre, le financement du réseau TNT ainsi que le développement du numérique et les autres chaînes publiques France 3 et France 5. Cela nest bien évidemment pas lessentiel. Cette mesure permettrait surtout de financer correctement France 3 en maintenant ses 11 antennes régionales mais aussi de financer davantage de programmes historiques ou scientifiques pour France 5. La production dune fiction historique coûte cher et lEtat ne peut continuer à financer 3 grandes chaînes hertziennes.
A quoi bon payer une redevance pour Delaru, les Zamours, Derick, Daniela Lombroso et autres ? Basculons les programmes peu rentables (chiffres et les lettres, riposte, ) sur les 2 autres chaînes et profitons-en pour y diminuer la durée des pauses publicitaires.
Quen pensez-vous ? Jai sorti mon gilet par balle ainsi que toutes mes protections pour me parer aux différentes répliques que ne manquera pas de susciter cette intervention
Je commencerais bien en évoquant le mécénat public et privé car je crois que sur ce domaine, comme sur dautres, nous gagnerions à développer des systèmes proches de ce qui se pratique en Suisse ou dans des pays anglo-saxons.
Mis à part, le 1 % art, que peu de Mairies utilisent, le mécénat semble réserver à quelques entreprises, or justement, cest ce clivage quil faut faire sauter. Permettre le soutien à des travaux (à lexemple de ce que fait Vinci pour la galerie des glaces), mais aussi le soutien à des monuments (pourquoi pas le Haut Koenigsbourg demain en Alsace) ou une exposition des musées de Strasbourg.
Il faudrait pour cela une loi permettant un nécessaire retour sur investissement autant pour les entreprises, que pour les privés. Cela peut passer par une défiscalisation accompagnée davantages (visites spéciales, journées offertes à X visiteurs de cette société).
Cela va sans doute faire hurler les « camarades syndiqués » mais je préfère quune entreprise ou un particulier fasse un don pour un musée de proximité que pour un projet lointain sur lequel elle naura pas de prise.
On renforce aussi par ce biais, une implication, un sentiment dappartenance à la communauté des amis de tel ou tel espace culturel.
On me dira que la loi le permet,
Parrainage : Selon l'article 39-I-7e du Code général des impôts (CGI), le terme de parrainage doit être réservé aux dépenses engagées dans le cadre de manifestations de caractère [...] culturel ou concourant à la mise en valeur du patrimoine artistique [...] ou à la diffusion de la culture [et] de la langue françaises, lorsquelles sont exposées dans lintérêt direct de lexploitation.
Mécénat : Le mécénat, quant à lui, s'applique à des dépenses engagées dans l'intérêt général et est régi par la loi n° 87-571 du 23 juillet 1987 sur le développement du mécénat. L'article 2-I, se référant à l'article 238 bis du CGI sur les dons faits par les entreprises, précise que "les entreprises assujetties à l'impôt sur le revenu ou à l'impôt sur les sociétés sont autorisées à déduire du montant de leur bénéfice imposable [...] les versements qu'elles ont effectués au profit d'uvres ou d'organismes d'intérêt général ayant un caractère [...] culturel ou concourant à la mise en valeur du patrimoine artistique [...] ou à la diffusion de la culture [et] de la langue françaises"
Parrainage et mécénat se distinguent par l'existence ou non de retombées commerciales quantifiables que l'entreprise peut retirer des dépenses engagées.
Mais sans doute faut-il faire évoluer les régimes fiscaux appliqués et oser aussi développer la notion « dacquisition mise à disposition » qui pourrait permettre à ne entreprise dacquérir une uvre pour un musée de son choix tout en amortissant fiscalement une partie de son coût. Jinvite mais pourquoi pas !
PS : la notion d'apprentissage de l'art contemporain m'intrigue, y-aurait-il un bon art que l'on apprendrait ? Je me plonge sur le sujet
À Porthos du Vallon
Concernant Delaru, les Zamours, Derick, Daniela Lombroso et consorts, je partage votre avis même si je ne peux me résoudre à une privatisation tant que la TNT ne sera pas à nos portes et que TF1 sera ce quelle est, une chaîne de !!! De plus, il existe encore quelques bonnes émissions sur France 2 notamment en seconde partie de soirée. Enfin, je pense que l'émission « Des chiffres et des lettres » est très rentable sinon pourquoi serait-elle programmée depuis près de 40 ans même si ce ne sont pas les plus jeunes qui la suivent.
Alsator,
Concernant le mécénat d'entreprise, j'avoue ne pas être très compétent, mais le sujet m'intéresse, mais qui pourrait nous former ? Une nouvelle loi semble d'ailleurs avoir été votée l'année dernière à ce sujet.
Pour ce qui est de votre post-scriptum concernant l'art contemporain, la notion d'apprentissage recouvre évidemment une ouverture à 50 siècles d'histoire et plus si l'on part de Lascaux. Il est rare de pouvoir s'extasier devant un "Carré blanc sur fond blanc" de Malevitch sans avoir de sensibilisation aux différentes formes artistiques qui l'ont précédé.
Pour les autres thèmes rapportés par Robert Grossmann, ils méritent des questionnements de fonds dont je ne suis pas certain que le blog* soit la meilleure façon les aborder. Mais j'essayerais !
(*Ce mot m'exaspère et nos amis Québécois proposent blogue)
Je crois que certains ne se sont pas aperçus que le billet ouvert ici par Robert Grossmann concerne la « création et les créateurs » (et pas le statut de la télévision publique, même si celle-ci fait appel à de très nombreux intermittents, au lieu dembaucher du monde : ce qui est un vrai scandale).
Le grand problème de la « création et des créateurs » me semble être lié, comme le souligne Marie, à ce quest lart aujourdhui : nous avons vécu au XXe siècle, avec labstraction notamment, de profonds bouleversements. Julien le dit : sextasier devant un Malevitch (ou même un Rothko) nest pas donné à tout le monde, comme il nest pas évident de sextasier en écoutant une uvre dAperghis ou en allant regarder au Maillon une pièce de Copi. Il faut un minimum de « formation ».
Quelques questions se posent. Les créateurs nauraient-ils pas avancé plus vite que la musique, en créant des uvres qui ne sont pas compréhensibles par la plupart de leurs contemporains ? Ne se seraient-ils pas coupé, du même coup, du « grand public » ? Je ne sais pas si lon peut répondre oui ou non à ces deux questions.
Le fait est que, en France, le marché de lart nest pas globalement ce qui fait vivre les artistes. Quand le marché fait vivre un artiste, celui-ci sadapte et ses uvres sont réalisées avec un certain écho à la société. Or, il me semble que, trop souvent, les artistes vivent en vase clos : leurs uvres ne sadressent pas à un public dacheteurs privés mais à des institutions (musées, Frac, etc.) ainsi quaux critiques dart.
Le principe qui me semble prédominer est celui de « lart pour lart » : lartiste réalise son uvre non pas en fonction du public à laquelle elle est destinée, mais dans une perspective toute autre : un questionnement formel, historique, etc. Il y a quelque part comme une dérive élitiste des pratiques artistiques contemporaines.
Cette dérive nest pas uniquement le fait des artistes eux-mêmes. Elle est aussi le fruit de la « crispation culturelle » actuelle : dun côté, on a les dérives dune culture de masse de plus en plus commerciale et infecte ; de lautre côté, on a la dérive dun art de plus en plus élitiste On pourrait parler, ici, dun phénomène non pas de « fracture sociale » mais de « fracture culturelle » inhérent au fonctionnement même de nos sociétés de consommation.
Je suis conscient que je caricature la situation et quon a dressé des bûchers à Jean Clair pour moins que ça. Mais je suis convaincu que si lon pouvait faire la part des choses entre lart commercial (cest-à-dire destiné à être vu, regardé, lu, entendu par un public) et la doctrine de lart pour lart (peu importe le public, ce qui compte cest la démarche esthétique proprement dite), on aurait fait, je crois, un grand pas.
« Où est luvre de la culture face à la violence ? » Cest une terrible question ! Cétait le désespoir de gens comme Primo Levi qui se sont aperçus que la création, lart ou le niveau culturel dune société entière ne pouvaient rien du tout face à la barbarie. Faut-il rappeler que cest dans le pays certainement le plus cultivé dEurope que le nazisme est apparu, comme lécrit George Steiner dans Le Château de Barbe Bleue Faut-il rappeler, plus près de nous, que ce sont des professeurs duniversité serbes qui ont rédigé le manifeste de purification ethnique en ex-Yougoslavie. Cest un étonnement sans limite : la culture nont pas de prise sur la violence. Au mieux, lart joue comme la catharsis aristotélicienne : en mettant en scène les passions humaines, il dégonfle leur violence. Au pire, lart est renvoyé au statut de simple divertissement. Mais nous navons pas le droit dêtre pessimiste. Et même irrationnellement, nous avons le devoir de croire que lart peut rendre les hommes meilleurs. Car nous avons le devoir de croire en lhomme.
Le développement de la pratique culturelle et donc par voie de conséquence de l'éducation artistique, est selon moi en train de se perdre quelque peu en raison de la multitude de propositions qui se présentent à tous. En premier lieu, je pense que les terminologies utilisées nous renvoient de plus en plus à une définition que nous voulons propre, éloignant peut-être de l'essence de l'art. Qu'est ce que l'art contemporain? Pour évoquer un domaine qui m'est plus proche, que sont les musiques actuelles? Je constate que chacun y mettra sa définition selon son vécu, sa pratique de spectateur ou d'artiste.
Au final, pour qu'il y est "art", faut-il être "spécialiste"? Ne pouvons-nous pas ressentir, aimer ou détester sans cela? Ne faudrait-il pas développer davantage le sens de la curiosité du spectateur, et l'encourager à se faire son opinion?
Quant à l'artiste, à partir de quel moment dans son apprentissage le devient-il?
L'exigence "spécialite à tout prix" n'est selon moi pas la meilleure approche, elle reste nécessaire, mais ne concerne qu'une minorité de personnes. Le jugement catégorique tant du spectateur vers l'artiste, que des artistes entre eux, ou encore entre spectateurs, peut avoir un effet castrateur sur les plus sensibles qui ne renouvèleraient pas leur gout pour l'art. Après tout, tout le monde s'accorde à penser qu'un artiste est un être doté d'une sensibilité à fleur de peau.
Je ne pense pas que l'ensemble de ces critères entrent en considération pour l'Etat.
Pour ma part, je rejoins (modestement) les différents intervenants, en particulier sur le divorce entre culture dite savante et culture dite populaire. Réduire la distance sera un travail de longue haleine, car il faut d'une part recréer un flux descendant qui ne perde pas en qualité entre l'émetteur et le récepteur, mais en évitant le gargarisme intello, ou l'enluminure d'un travail vide, voire obscène pour "choquer le bourgeois", dans un discours de justification qui, face au mépris du public, finirait par un comminatoire "de toute façon, vous ne pouvez pas comprendre". Parfois, le grand public peut, à juste titre selon moi (et pour cause, étant moi-même estampillé vulgum pecus), avoir l'impression que le discours fait l'oeuvre, laquelle n'aurait plus de valeur intrinsèque. Par ailleurs, que faut-il penser du Festival d'Avignon 2005, et des "oeuvres" de son résident Jan Fabre?
D'autre part, un flux ascendant doit être créé. Vous parliez à juste titre d'éducation à la culture. Mais que faire concrètement contre le nivellement généralisé par le bas?
Je me veux étonner lorsque l'on parle de formation du spectateur et formation de l'artiste. Parle-t-on technique ou ressenti ?
Autant un artiste ne se laissera pas formé autrement que techniquement et dénoncera la tentative dirigsite sur son "moi", autant la formation du public sonne mal chez moi. Je suis partisan d'une liberté totale et le "carré blanc sur fond blanc" m'inspire moins qu'un Klimt, Kokoscka ou même certaines toiles croisées Place Broglie lors de la Place des Arts.
A Roméo et aux autres, je pensais à ce fossé que l'on a entre culture contemporaine et art tout court. Peut-on et doit-on en vouloir si certaines oeuvres ne parlent pas. Doit-on formater les esprits ? Je ne crois pas, par contre, je pense que le beau, lorsqu'il est, parle à tous ...
N'en deplaise à certains ici, je conseille la dessu un lecture de certains, comme Huygue ou Dali, voir Ben pour comprendre mes propos.
N'a-t-on justement pas laissé s'installer une culture officiel, contemporaine que l'on aimerait imposer à tous ? Doit-on s'extasier devant une oeuvre parce qu'un microcosme la valorise .... Je suis assez surpris d'ailleurs, de ces artistes, qui sont si souvent épris de liberté et autres valeurs, sont très matérialistes lorsqu'il s'agit de coller une étiquette de prix à leurs réalisation
Je suis tout à fait d'accord avec Roméo. Il y a vraiment une vraie question : le nivellement par le bas, le fait que la majorité des Français n'aient comme "pratique culturelle" que la télévision. Que faire pour développer une véritable culture populaire, favoriser l'accès à la lecture, à la musique, au théâtre, aux musées, etc. ?
Est-ce que, d'ailleurs, on peut faire quelque chose ? Est-ce que la télévision n'est pas trop puissante contre toutes les tentatives qui pourraient être menées ?
Il y a un fossé énorme entre le divertissement et la culture, ce que l'on consomme et ce qui "élève"... Je suis personnellement très pessimiste sur ce sujet : c'est tellement plus facile de consommer des émissions de télé, plutôt que d'aller au spectacle, au cinéma, d'ouvrir un livre, etc.
Quelle est la place des artistes et de tous ceux qui se préoccupent de "choses culturelles" dans une société comme la nôtre ? Est-ce que tout le problème ne vient pas de là ? Cela fait 40 ans que les Situs publiaient à Strasbourg : "De la misère en milieu étudiant..." Aujourd'hui, il faudrait quasiment écrire un livre : "De la misère en milieu culturel..." Et encore, je crains bien que nous ne soyons même plus dans la Société du Spectacle...
Marie Burckel... vous me faites peur... vous vous justifiez à travers Duchamp, mais savez-vous que certains le considère comme le bourreau de l'art ! Quand les "intellectuels" se mêlent de l'art... et bien il le tue ! le nivellement par le bas, c'est l'art conceptuel ! le rendre exclusivement dépendant de la pensée, du contexte c'est le réduire. Aujourd'hui tout le monde peu faire du conceptuel ! et je soupçonne d'ailleurs les "intellectuels" de le faire volontairement. Les intellectuels veulent aussi être des artistes, alors ils conceptualisent lart... c'est facile non ? Mais voyez-vous, face aux peintures rupestres, face à Rubens, face à Michel-Ange, face à Klimt ou Schielle, face à Rodko... pas besoin de définition kantienne, pas besoins de discours... il y a l'évidence !
Je crois que les « écoles dart » sont aussi responsables de la faiblesse du tissu artistique français. On y apprend plus à se justifier quà créer. Cest encore une fois un excès dintellectualisation !
Pourquoi aurions-nous un besoin impérieux de discours face à luvre ? Si je vous suis bien, Marie Burckel, tous les publicitaires sont des artistes, et leurs publicités des uvres dart ?
J'applaudis Karim des deux mains. Lorsqu'il faut explication pour une oeuvre, c'est qu'elle est muette. Les beaux discours n'y feront rien, et le temps l'effacera des mémoires.
L'explication confirme le sens et l'instinct du beau ( je sais que cela va hurler) ....
Si la lumière de l'émotion artistique marque aussi durablement notre être de son empreinte, c'est bien sûr par la grâce des grands créateurs qui savent nous toucher avec la profondeur humaine de leurs chefs-d'oeuvre, avec leur génie...
Spect-acteurs ou artistes, nous puisons dans l'art, consciemment ou non, ce qui nourrit cette interrogation fondamentale, ce questionnement apparemment sans réponse. Quelle est cette condition humaine que nous avons reçue en partage? D'où vient-elle?
N'ayant pas encore abordé ce sujet et comme le débat continue, je m'immisce dans les échanges et vais tenter de le faire selon mon ressenti bien personnel. En lisant vos commentaires aux uns et aux autres,je reprendrais notamment les questions relatives à finalement de mettre des contours à ce qu'on appelle "l'art". Ce mot est tellement usité pour tout, qu'on peut se demander s'il a encore une signification pour les gens? Tout aujourd'hui, ou presque, est qualifié d'oeuvre d'art. Le phénomène aboutit donc à une parfaite confusion dans l'esprit des gens. Il y a des arts majeurs, puis un 7eme puis un 8eme et depuis peu un 9eme (je veux parler de la bande dessinée et pas de l'étage où se trouve le bureau de notre cher M. Grossmann :) ) Ces classifications ont été créées pour faciliter le cloisonnement et l'analyse. Moi personnellement je n'y crois pas et tant qu'on attribuera au mot "art" une nature si prothéiforme, il ne cessera de perdre de l'intérêt. La critique y est pour beaucoup car on paye ces gens pour analyser, voire décrier, une création X ou Y. Les mots qui sont mis derrière peuvent être meurtriers et défaire une carrière. Et les gens ont ce besoin naturel qu'on pense à leur place, c'est si facile de répéter des lieux communs : la critique a donc encore de nombreuses années à vivre et ce n'est pas forcément un bien. L'art ce sont des multitudes d'émotions et la culture c'est cet ensemble d'émotions qu'on ressent le besoin de partager. Je me souviens de ma première fois au Louvre comme de mon premier amour. Cette ambiance, ce foisonnement d'objets, ces odeurs! Tous n'étaient pas considérés comme des oeuvres d'art ou des chefs d'oeuvre; ils le sont devenus avec le temps. Et malheureusement à l'heure actuelle nous ne laissons pas le temps à ces créations de vivre, nous les consommons comme tout le reste. Waydelich enterre des objets communs dans le sous-sol pour qu'on les redécouvrent dans 200 ans, soit mais peut-on parler d'art? (même si sa démarche est très drôle et finalement très lucide)Oui sans doute pour certains et pas pour d'autres. Vous voulez éduquer nos générations à venir à l'art et à la culture? Il y a un rôle des décideurs c'est vrai, de l'état en particulier au niveau des écoles mais n'y a t-il pas avant tout un rôle des parents surtout. Comment connaître Michel Ange si l'on a jamais pu contempler un de ces tableaux? La plupart des gens sont à des années lumière de penser à se cultiver quand ils doivent d'abord penser à survivre (je suis désolé si cette réflexion peut paraître triviale). Des moyens sont mis en oeuvre pour permettre à nos enfants d'avoir accès à la culture et c'est une grande avancée par rapport aux temps plus reculés. Nous pouvons en être fiers. Mais ce n'est pas encore suffisant. Je pose une question toute naïve : doit-on aller vers la gratuité des musées nationaux et édifices culturels? Doit-on faire venir les oeuvres dans des endroits où elles ne sont pas exposées d'habitude? (pourquoi ne pas faire venir des oeuvres dans les quartiers par exemple en réalisant un travail préalable avec les écoles?)J'avais été admiratif devant le concert du philarmonique à la Meinau et ce genre d'initiatives est à multiplier. Ca c'est une véritable politique culturelle selon moi, proche des gens!
Je constate également l'importance du rôle de l'éducation nationale sur ce sujet, il en va de même pour l'éducation parentale qui malheureusement semble être de plus en plus démissionnaire.
En ce qui concerne la gratuité, je n'abonde pas dans ce sens et pour plusieurs raisons. Je pense que de demander une participation aussi minime soit-elle, est important. Elle acte la volonté d'aller vers l'art, de se diriger vers l'univers des artistes choisis. Elle renforce ce chemin en va et vient indispensable entre la personne et l'art.
JP Simon parlait précédemment de "nivellement vers le bas". Je constate que cette expression est souvent associée à une approche commerciale de l'art. Je dois avouer que je ne comprend pas le sens de cette association car tout artiste a besoin de vendre son art pour le pratiquer en toute liberté, et surtout en vivre.
En outre, je pense qu'il convient de distinger les actions portées par les collectivités et/ou l'Etat, des initiatives indépendantes. Ceci dit, dans les deux cas les notions d'investissements et de rentabilités interviennent. Dans le premier cas , on mesure l'impact et le rayonnement, dans le second on y ajoute la notion d'amortissement. Qu'on le veuille ou non, l'art tient compte des données économiques. D'ailleurs, je ne suis pas certains qu'il y ait de si grandes différences de budgets entre les initiatives privées et celles des collectivités. Ainsi, si'l'on constate que les initiatives "commerciales" drainent plus de monde que les autres, pourquoi ne pas s'en servir comme levier pour amener le plus grand nombre à une approche plus fine de l'art? La culture "haut de gamme" est-elle absolument incompatible avec la culture "bas de gamme", que l'on qualifiait encore il y a peu, et de façon très irrévérencieuse, de populiste? N'est-ce pas comme de valoriser exclusivement les pratiques professionnelles, alors que l'ensemble des professionnels passent par des structures amateurs en ordre de marche, volontaires et surtout qui croient en l'artiste? Ne peut-on pas d'ailleurs se demander dans quelles mesures elles influent sur la carrière de l'artiste?
En vrac (il y a trop de bonnes choses écrites ici, cela devient compliqué pour rebondir sur les propos de chacun!):
Autant le prix de certains concepts (puisque, comme cela a été confirmé ici, c'est souvent de cela qu'il s'agit depuis une quarantaine d'années) me choque, autant je suis contre la gratuité: l'art est-il sans valeur, l'art est-il un bien public au même titre que l'eau de la mer et les cailloux? Certes non!
L'éducation à l'art? En fait l'expression est laide, maladroite. Eduquer suppose l'existence de référentiels, de prérequis, établis selon quel modèle, par qui? La piste de réflexion ouverte par Karim sur les écoles d'art mérite attention à ce sujet.
Parlons plutôt d'ouvrir les enfants à l'art, de leur donner le goût de la découverte, de l'étonnement. Donnons-leur les outils, et qu'ensuite chacun fasse son chemin librement.
Je n'envisageais pas l'idée de nivellement par le bas d'un strict point de vue marchand. Pour moi, il s'agissait plutôt de déplorer la standardisation à outrance (même si, par économies d'échelle, est rentable et génère du profit) et, oui, le bas de gamme culturel, fermé au spectacle vivant et à la création artistique comme aux grands classiques, symbolisé par la musique des radios généralistes et, surtout, par la suprématie de la télévision. La télévision pourrait être un superbe vecteur de la culture, sous toutes ses formes; elle n'en est souvent que l'encéphalogramme plat. Sait-on que, il y a quelques années, pendant une journée de grève du service public, la mire de France 3 -oui, la MIRE!!!- a atteint l'audience de 400 000 téléspectateurs? Plus que certains thema d'Arte!
La disparition de l'art en tant que création effective est-elle une bonne chose? Est-ce parce que l'art conceptuel a essaimé depuis quarante ans qu'il faut s'en réjouir, et en faire un paradigme, alors que, d'une certaine façon, il nie la création puisque l'objet n'est rien en-dehors de la valeur que lui attribue fictivement son auteur? Prenons un exemple absurde (quoique...): je pourrais parfaitement mettre une feuille blanche dans un cadre, et intituler la chose, au choix: "Le Paradis" ou "Chat blanc mangeant des oeufs à la neige au pôle Nord", avec un argumentaire digne d'un discours de Fidel Castro, ce n'est pas un problème. Valeur artistique? Zéro. Valeur de mon discours? A voir, mais sans doute pas zéro dès lors que l'on place toute chose à prétention artistique dans un contexte. Un contexte c'est comme un prétexte, cela se trouve, cela s'invente...
Pour autant, je ne rejetterai pas en bloc ces démarches intellectuelles. Pour que l'art se renouvelle et s'enrichisse, il faut accepter des dérives, des perversions d'une idée innovante au départ. C'est d'ailleurs tout le dilemme, et Robert Grossmann est bien placé pour en parler, de l'aide à la création apportée par les collectivités locales: combien de hauts cris dans les assemblées à chaque commande d'une sculpture? Le décideur public qui aide les artistes et les créateurs doit prendre le risque de se tromper. L'utopie de Corbu a échoué, mais elle a apporté beaucoup à la pensée et à la création architecturale.
A propos: en ce début de troisième millénaire, peut-on vraiment parler de courants artistiques innovants, d'utopies?
Au risque de me faire engueuler, je souhaiterais savoir s'il est encore possible, Monsieur Grossmann de discuter avec vous de d'autres sujets que la Culture à travers votre blog ou au contraire vous souhaitez vous cantonner à ce sujet. Je pose la question, car le dernier billet appelé "culture" est le même depuis un moment maintenant. Non pas que la culture m'ennuie, bien au contraire mais j'aimerais par ce billet représenter des personnes qui souhaitent partager vos idées sans pour autant se focaliser sur des sujets qui ne font que tourner autour de la culture.
Je pose juste la question... car je sais aussi que vous vous interessez à d'autres domaines comme le sport par exemple, certe plus léger que la culture où malgré votre forte implication passée et présente dans le domaine sportif à Strasbourg on ne vous a pas encore entendu sur ce sujet dans votre blog.
Je partage tout à fait l'idée de Karim sur les "écoles d'art", mais je pense que le modèle anglo-saxon d'enseignement devrait plus nous influencer. Je pense que le plus important en terme d'éducation à l'art, c'est d'inviter à pratiquer, à goûter à la création et à se laisser guider par son inspiration, et quelque soit le niveau de technicité. Ceux qui prendront goût, développeront leur talent jusqu'à peut-être une reconnaissance publique et donc jusqu'à devenir professionnel; les autres mesureront davantage la complexité de l'idée de création artistique puis de la réalisation. Ils pourront par la suite parfaire leurs connaissances et leur approche. Par contre, si on fait ressentir à ces derniers du dédain et une forme de rejet, il est fort à parier qu'ils cesseront toute démarche, et bien sur toute volonté de transmission. Ce qui est dommageable.Peut-être commençons-nous d'ailleurs à payer aujourd'hui les conséquences d'une telle approche.
En résumé, si l'on développe le nombre de praticiens, le goût à l'art et à la culture ne se verra-t-il pas développé et affiné? N'y aurait-il pas plus d'artistes qui pourraient sortir du lot, et voir même s'expatrier?
Je trouve ce débat particulièrement attractif.
Je partage le "malaise artistique" que vous évoquez. Je trouve que la création française souffre du même mal que celui qui traverse la jeunesse de ce pays : l'assistanat systématique. L'assistanat culturel annihile la puissance créative. C'est une plasticienne d'origine polonaise qui vous le dit
ROMEO
Tout à fait d'accord avec vous,plus-tôt que l'éducation, l'éveil à l'art serait plus approprié pour les jeunes enfants.
Sortant d'un milieu pas trés aisé c'est l'éducation national qui m'a permis de connaitre Verdi,Mozart,nos grands peintres etc...et m'a donné comme vous le dites, le goût pour telle ou telle forme d'art,en nous faisant d'écouvrir l'opéra,le théatre,les musées.j'ai ensuite fait moi même mes choix.Aujourd'hui ce sont les classes vertes, les classes de neige,j'entends rarement parler les enfants autour de moi de découverte culturelle dans l'éducation et c'est dommage.
Au XVIè se croisaient à Rome Michel-Ange, Raphaël et Léonard de Vinci, pour ne citer que ces 3 Au XXIè, Natacha St Pierre fait un duo avec Garou et Sharon Stone, de passage à Paris rejette le CPE
Sommes-nous une génération maudite ?
Que Raymond se rassure : la Rome du XVIe siècle devait bien compter, elle aussi, son lot de Natacha Saint Piètre et de Garou ! Seulement, le temps « aux plus bellex choses se plaît à faire un affront » : il a effacé leur nom, comme il effacera certainement celui de nombreuses « stars » actuelles. La postérité download qui elle veut !
On se demande, par exemple, aujourdhui : où sont les grands écrivains et les grands romanciers français ? Et lon songe avec nostalgie au Paris des années 1850 où coexistaient Hugo, Balzac, Stendhal, Flaubert, etc. On pense beaucoup moins, dailleurs, aux années 1900, où lon se posait les mêmes questions quaujourdhui et où lon semblait appartenir à une génération maudite, incapable de donner le jour à de grands talents littéraires. A lépoque Proust ne faisait pas des succès de librairie. Cest Paul Bourget qui en faisait ! Qui aujourdhui lit encore Paul Bourget ?
Cher Raymond, non, nous ne sommes pas une génération maudite : nous sommes une génération qui donnera au monde de grands artistes. Chaque génération en produit. Mais rien nest plus délicat ni difficile à déceler.
Le phénomène saccentue avec les nouvelles technologies et les nouveaux modes de production culturelle : dans lhistoire de lhumanité, nous navons jamais connu un flot aussi incessant et gigantesque dinformations, décrits, de publications et de créations mêmes. Jamais autant de livres nont paru en France quaujourdhui. Jamais il ny a eu autant dartistes et de créateurs dans notre pays. Cette masse impressionnante rend le repérage des Michel Ange actuels plus difficile que jamais. Cest au temps quil faut faire confiance et se remettre.
Bonjour.
Hélas Raymond, il n'y a et n'y aura jamais qu'un seul Michel-Ange. Dieu avait touché du doigt l'Italie. Certains disent que la Renaissance italienne restera un miracle inégalable... Mais depuis... l'homme a tué Dieu !
Un peu d'humour
Je connais Miche-Ange Raphaël De Vinci
C'est qui SHARON STONE ?
M. Grossmann, vous posez la question du rapport entre culture et violence : « Où est luvre de la culture ? » Cela me paraît être lune des questions les plus fondamentales qui soient.
Quelques images, des lieux communs de la mentalité collective, me viennent en tête : celle un peu « péplum » de Néron jouant de la lyre devant Rome quil vient dincendier ; celle de la prodigieuse Florence suivant Savonarole et ses bûchers de vanité ; celle beaucoup plus dramatique des totalitarismes au XXe siècle : le nazisme est apparu dans le pays qui était certainement le plus avancé et le plus fécond culturellement ; quant à lUnion soviétique, léducation culturelle de lhomo sovieticus était lune des plus poussées au monde.
Lart nest quun frêle rempart contre la barbarie. La musique na aucunement retenu la plume de Wagner lorsquil écrivait ses textes antisémites. Leur maestria philosophique na épargné ni à Heidegger ni à Schmidt leur compromission avec le nazisme.
Lun des plus terribles pogroms du Moyen Age, le massacre de la Saint-Valentin saccomplit en 1349 à Strasbourg, cité alors florissante pour les arts et pour lhumanisme. Les seuls qui tentèrent de sy opposer et de rompre le déchaînement de la violence contre les juifs furent lAmmeister, Pierre Schwarber, et les deux Stettmeister, Sturm et Kuntz de Winterthur.
On pourrait multiplier les exemples à linfini, qui nous montreraient que lart et la culture sont indéterminés éthiquement et moralement. Loin de nous élever, de nous rendre meilleurs moralement, lart et la culture ne seraient-ils pas alors que des « divertissements » au sens pascalien du terme ? Dans le fragment 168-134 des "Pensées", Pascal écrit : « Les hommes nayant pu guérir la mort, la misère, lignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de ny point penser. »
Cette idée, selon laquelle les « pratiques culturelles » comme les émotions esthétiques nous détourneraient de notre responsabilité et de notre condition humaine, nest pas au goût du jour. Elle pourrait même être taxée de ringarde et de réactionnaire. Instinctivement, cest ce que je pense. Mais comment rendre compte du fait que la culture et la production artistique na pas prise sur la violence ? La culture, pour paraphraser Marx, a-t-elle remplacé la religion et nest-elle pas devenue lopium du peuple ?
Je crois, avec René Girard, quil y a un rapport beaucoup plus tenu quon voudrait bien le croire au premier abord, entre « religion » et « culture ». Et cest Kant qui me semble formuler le mieux les choses dans ses "Réflexions sur léducation" : « La religion, sans la conscience morale n'est qu'un culte superstitieux. On croit servir Dieu lorsque, par exemple, on le loue ou célèbre sa puissance, sa sagesse, sans penser à la manière d'obéir aux lois divines, sans même connaître et étudier cette sagesse et cette puissance. Pour certaines gens, les cantiques sont un opium pour la conscience et un oreiller sur lequel on peut tranquillement dormir. »
Nen est-il pas de même pour lart et la culture ? Que sont-ils sans cette « conscience morale » dont parle le philosophe ? Comment concevoir un art qui éveillerait la conscience morale plutôt que de lendormir ?
Ce quécrit Philippe Lanier minterpelle et quelque part me révolte aussi. Je suis convaincue que la culture et lart permettent de limiter chez les êtres humains les accès de violence. Lémotion que procure une uvre vaut mieux que les effusions de sang. De même, les artistes aujourdhui ont intégré la question de la violence au sein même de leur démarche esthétique (sans aller jusquà parler, pour autant, dartistes engagés).
Ce qui ma posé récemment problème, en revanche, ce sont les inscriptions que jai lues sur certains murs de Strasbourg au cours de la grève du CPE : « UFR de sciences historiques en grève. Pour défendre la culture gratuite ! »
Je ne vois pas très bien ce que veut dire le terme « culture gratuite » : est-ce que cest la gratuité de laccès aux spectacles, la non-rémunération des artistes et des uvres ? Ce que je ressens, cest que la culture est devenue une revendication sociale et même une sorte de gri-gri moral que lon agite à nimporte quelle occasion.
Est-ce que la culture aujourdhui nest pas un moyen utilisé pour se donner bonne conscience et pour éviter daborder les vrais problèmes ? Il y a quelques années, quand il y avait des troubles dans certaines banlieues, on dépêchait sur place des « artistes » On leur prêtait le pouvoir dapaiser voire de guérir les maux dont souffre la société. Cétait là une sorte de « nouvelle religion » de la culture. Le problème est que les artistes ne sont pas des intervenants sociaux et lart ne peut pas être tenu pour un ersatz de décision politique.
Bonjour,
La culture... les artistes... on met ces mots à toutes les sauces... à un tel point qu'ils ne veulent plus rien dire ! Il n'y a qu'à faire un casting et être sélectionné pour la Star'Ac et hop, en un coup de baguette médiatico-magique on devient artiste, on fait partie du milieu. C'est affligeant ! l'exigence culturelle française est tombée bien bas.
Mais en plus de ça, après l'adoubement mediatico-magique, on est obligé de subir les opinions... Et lon demande à l'"artiste" ce qu'il pense de ci ou de ça... Navrant !
Malraux, quon peut entendre ici-même (merci) aurait dit (ce n'est pas vrai mais bon...) "le XXI siècle sera religieux, ou ne sera pas" et bien si seulement il avait eu raison ! La réalité est autre : le XXI siècle sera médiatique ou ne sera pas !
Bravo à toutes ces contributions qui sont passionnantes à lire.Je crois qu'une bonne synthèse à ce qui est dit figure dans la conclusion du livre de Jean Hurstel "Réenchanter la ville". Mais d'abord quelques remarques: oui, l'art ça s'apprend, et celui qui croit apprécier Michel-Ange sans commentaire se trompe. J'en veux pour preuve les découvertes que chacun peut faire en lisant ou écoutant une analyse d'oeuvre; la vision d'une statue pourtant sous nos yeux en est transformée.
Non, l'art n'éradique pas la violence: les officiers SS écoutaient Bach et Schubert après avoir "travaillé" dans les camps.
Par contre la création et l'ouverture...J. Hurstel:"Quand les élus,les bureaucraties politiques et le corps sans fin des techniciens aura compris, et surtout admis dans leurs pratiques, que chaque ville dispose d'un réservoir infini de potentialités créatives, celui des habitants, et d'un savoir-faire, celui des artistes- et que les deux réunis provoquent cette conjonction, cette fusion des atomes urbains qui réenchantent la ville, lui donnent force, sens, cohésion-,célèbrera-t-on de nouvelles noces urbaines? Quand les "élites" admettront que la culture ne se limite pas à la fréquentation des manifestations artistiques, mais que les cultures, les représentations,les valeurs, les manières de dire et de faire des représentations urbaines dépassent largement le cadre étriqué de la culture patrimoniale ou de ce que l'on désigne par création contemporaine, peut-être pourra-t-on enfin élargir l'horizon et ouvrir les portes de ces forces imaginaires et symboliques qui conjuguent si bien le mot diversité." Excusez-moi de cette longue citation, mais je crois qu'elle fait avancer le débat, non?
Cher Philippe,
Vous avez raison, la culture ne peut lutter ni prospérer très longtemps quand il ny a plus de raison, quand l'ordre appelle à la vindicte, quand la peste pousse à la déraison, quand un peuple est poussé par humiliation ou par la faim à oublier son humanité, à adorer la bête immonde.
Ainsi, j'aimerais rappeler que la Culture finit toujours et rapidement par payer très chèrement ses rêves simplistes : les constructivistes en URSS, les razionalistes en Italie, certains artistes allemands comme Emil Nolde qui fut un des premier à s'inscrire au parti nazi et à affirmer comme d'autres son antisémitisme, ...
En effet, l'ensemble de ces mouvements, de ces artistes proches du régime se sont fait taxer de dégénérés, bannir en Sibérie, exécuter ou expulser par les sociétés qu'ils servaient.
Pourquoi, parce que la culture dérange, même quand elle ne questionne que l'espace ou la couleur. Les fascismes ont besoin de pouvoir s'inventer des mythologies parfaites comme le raconte très bien Eric Michaud dans son livre "Un art de l'éternité".
Je pense que comme pour tout, léclectisme des pensées, des productions, des genres garantis la bonne santé dune démocratie. Encore faut-il que nous nous intéressions et nous lisons de moins en moins de textes à contenu, notre cinéma dart et dessai chancelle, les grandes enseignes remplacent les échoppes, Coca-Cola et TF1 sont là, à nous offrir des plaisirs frais toujours plus forts !
Un forum sur la culture??? Voici un thème plutot pertinent sur le site d'un homme qui a instauré un régime totalitaire dans ce domaine!!!
Comme je m'en doutais mon intervention ne sera pas publié, elle doit certainement d'abord passé le filtre séléctif. Est-ce cela la démocratie? Quelle honte...
Mon dieu, il suffit de porter le moindre petit jugement négatif pour que les cerbères de Robert Grossmann vous sautent aussitôt à la gorge.... Mix, vous me parlez d'injures mais est-ce moi qui vous ai traité de fasciste, d'illétré ou d'inculte??? Pouvez-vous m'expliquer se qu'il y a de fasciste dans le fait d'oser critiquer le pouvoir politique? je pense que d'expliquations il ne peut y avoir, car l'existence d'un contre-pouvoir est tout le contraire du fascisme...
Ce que je connais de la culture et de l'action de Robert Grossmann??? je travaille dedans!!! je la connais donc un peu.
Que penser d'un homme qui a fait mourir tant d'actions culturels car elles ne contenaient pas d'amis politiques, tel que Roger Siffer et son festival de Babel?
Que penser d'un homme qui exige que tout les projets culturels transitent par son bureau, et qui par la même enterre ceux qui ne lui conviennent pas?
Que penser encore d'un homme qui porte une double casquette, en étant président du CEAAC, pouvant ainsi très facilement s'attribuer une énorme partie du budjet municipal, et autre, déstinnée à la culture des arts plastiques?
Je m'arreterai là car j'ai une famille à nourrir, et tiens à conserver mon poste...(l'adresse IP vous connaissez?)
A bon entendeur au revoir Mix, ou plutot devrai-je vous appeler Robert, vu votre agressivité et votre tutoiement.
Sourire, ma conception de l'art n'est pas foircément la même que celle de RG, je ne reprendrais pas ici le débat, mais les propos de Max m'amusent car concernant Babel, il aurait sans doute été interessant de publier salaires, subventions, reçues etc et de les donner vraiment au grand public dans une perestroika salvatrice.
Lorsque l'on voit que des festivals bretons ou autres en arrivent à restreindre l'appel au public, on en sourit !
Mais Max, si vous aimez ce qu'il y a dans babel, vous adorerez Summerlied, à moins que cela ne soit pas suffisament "branché" strasbourgeois
Tu as raison Max quitte la culture,tu n'as rien a y faire vu ton texte.
Bonjour à tous,
Je découvre avec intérêt ce blogue, et le débat fort riche et intéressant sur culture, arts et politique culturelle.
Je suis auteur compositeur interprète dans la catégorie de ce que lon nomme musiques actuelles. Loin de lauto proclamation, dun certain élitisme artistico carriériste, je voulais partager avec vous quelques remarques, que jespère pertinentes.
La démarche décrire des textes, de les mettre en musique, trouve ses racines, dans ce qui nous a été transmis, ce que nous avons lu, ce que nous avons écouté aussi, et qui ont été sources dexaltation, délévation, de sublimation. Lémulation « créatrice », la démarche de passer aussi ce témoin, en y apportant sa contribution accompagne la volonté de transmission, à un public le plus large possible.
Je ne parle pas seulement de divertissement, mais aussi de tendre vers quelque chose de juste, sincère et beau (ou tout au moins dessayer humblement).
Aujourdhui cette rencontre avec un public, est difficile (cest ainsi, et je ne passerai pas des heures à men plaindre ou men offusquer ).
Alternative et complément aux réseaux des maisons de disques, des organisateurs de concert, la politique culturelle apporte des moyens supplémentaires, daide à la diffusion (discographique et scénique).
Pourtant on entend souvent que la scène locale à Strasbourg a du mal à sexporter pourquoi ?
Ny a-t-il pas des améliorations à apporter dans le soutien des groupes en termes qualitatifs sentend (locaux de répétitions décents, résidences permettant lélaboration et la finalisation de spectacles dans un esprit tourné vers le spectateur (oui il existe des concerts dédiés aux groupes locaux mais dans quelles conditions ?).
Aujourdhui la professionnalisation doit être un moyen et non une fin (cest le public qui décide), et lorsque nous sommes soutenus par la ville, ou dautres institutions, parce que nous sommes aussi des contribuables, nous navons de cesse den être fiers reconnaissants et dignes.
(Qui a dit que la beauté sauvera le monde ?...cest maintenant !)
Je lis le texte de Robert Grossmann sur sa soirée au Maillon, puis je lis celui de Patrick au TJP. Si je comprends bien il y avait là deux très bonnes représentations théâtrales à Strasbourg. Mais je crois savoir qu'il y a aussi le Scala et la Laiterie avec ses deux salles et le CREPS avec le cube noir et je vois de temps en temps d'autres représentations dans d'autres salles. Est ce que ce n'est pas de trop? Est ce que toutes ce représentations sont subventionnées? Est ce que ce n'est pas du gaspillage? mieux vaudrait peut-être avoir un ou deux bons théâtres toujours remplis plutôt que ce grand nombre qui naturellement disperse les efforts financiers. Au fond ii y a trop d'offre par rapport la demande. Qu'en pensez vous, messieurs les cultureux? Ou si j'étais méchant, messieur sles gaspilleurs, je pense à Grossmann comme à ceux qui demendent en permanence de l'argent
J'ai lu beaucoup d'articles su l'exposition, La force de l'Art à Paris qui commence par un portait de Villepin peint par le peintre de Mao!!!
Je lis en même temps que la place de Paris est foutue pour les arts plastiques et que si on n'est pas présent, pris en main par un galleriste, ou dans une salle des ventes NEWYORKAISE on peut reter à la maison. Tout se passe aux Etats Unis comme tout se passait à Paris il y a 60 ans. Alors que dire de Strasbourg! J'ai donc une question : cette expo à Paris, ces artistes parisiens, toute cette agitation française est entièrement financée par de l'argent public. Le marché, si humble soit-il ne joue pas son rôle. Tout fonctionne par subventionnement en France est-ce que cela ne va pas faire couler complètement la création chez nous?
Quel fonctionnaire de la culture acceptera de me répondre ici?
Le ministère de la culture ne cesse d'affirmer qu'il n'y a pas d'art officiel en France. Monsieur Renaud de Vabres a dit cela dans le Figaro à propos de cette expo dont parle Euloges. Mais j'ai lu la liste des centres d'art pris en considération par les officiels. ppoint de CEAAC. On y parle de toute une liste de centres d'art plus ou moins réputés et rien à Strasbourg. pourtant le CEAAC existe et expose. En ce moment il y a une très bonne exposition et le ministère ne prend pas en considération le CEAAC. Pourquoi sinon qu'il n'entre pas dans les critères de l'Art Officiel de tous les ministres de gauche ou de droite qui se succèdent et obéissent à leurs fonctionnaires. Ceux la sont tous sortis du même moule et imposent ce moule à la France entière, d'où cette désaffection envers nos artistes. Hélas je vois qu'il y a bien chez nous un art officiel émanant des officines de la rue de Valois et annexes. Ou bien on obéit au ministère ou bien on est rejeté. Le CEAAC obéit-il au minsitère? Pourquoi n'est-il pas considéré comme centre d'art "officiel"
Cet art officiel et subventionné selon les canons des fonctionnaires va nous faire tout perdre. Je crois, selon mon expérience de plasticienne qu'il faudrait une révolution culturelle rue de Valois
Marie Madeleine,
je comprends votre raisonnement mais je dois à la vérité de dire que la DRAC a signé avec le CEAAC une convention triennale dans laquelle l'état est présent aux côtés de la région, du département et de la ville. En ce sens l'état reconnaît bien le travail du CEAAC même si celui ci ne figure peut-être pas encore sur tous les listings de la Délgation aux Arts plastiques (DAP)
Afin dâ??éclaircir et dâ??assainir le débat au sujet des subventionnements des structures culturelles strasbourgeoises et dâ??éliminer toute élucubration ou fantasme, ne serait-il pas souhaitable dâ??annoncer clairement les sommes allouées pour chaque structure, ainsi que la répartition de lâ??investissement de chaque collectivité (ville, département, région et Etat). Cela permettrait aussi de mieux comprendre les enjeux de la décentralisation.
Afin d'éclaircir et d'assainir .... J'adore quand cela commence comme cela. Moi même, lorsque je veux plomber quelque chose, je commence comme cela. Cela jette un froid et avec calme et sérenité, je peux laisser tomber la masse sur le sujet.
Plus sérieusement, oui soyons transparent sur l'art, mais Monsieur Haller, je ne suis pas certain que ceux que vous souhaitez défendre en sorte gagnants.
Outre le fait que certaines collectivités investissent dans l'art et la culture alors que rien ne les y obligent, cela poserait rapidement la notion de rentabilité voir de retour sur investissement.
Dans l'ambiance libérale du moment, certaines sommes désesperaient Schwindratzheim autant que Billancourt. D'autres, populistes, pourraient alors dénoncer l'argent dépensé en le comparant aux manques éventuels dans d'autres domaines de compétences.
La boite de pandore que vous proposait d'ouvrir pourrait ainsi prendre la forme d'un boomerang, ce que je pense, vous ne souhaitez pas.
Par contre, il est clair qu'il devrait être permis de déduire de ses impôts d'eventuels dons ou prêts à des initiatives culturels, cela impliquerait le public et le relierait ainsi aux créateurs pour peu qu'ils soient ouverts sur la vox populi.
cela permettrait au moins de constater que les "musiques actuelles", qui avec le cinéma doivent être les pratiques artistiques qui rapportent le plus de revenus aux collectivités (taxes et emplois dans le cadre des concerts et celui de l'industrie du disque, notamment cette injustifiée TVA à 19,6 sur le disque!!!), restent les parents pauvres au niveau des aides de ces mêmes collectivités...
Ce forum pue du cul-ture...L'art ne devrait pas être une arme éléctorale.
Et bien dite donc, ça m'a l'air d'être un sacré intellectuel ce MIX MAX. Moi je pense que la vision de l'art, ou la vision sur l'art doit être un facteur de choix électoral. En cela je suis charmé par Grossmann, j'aurai donc tendance à voter pour le tandem.
Cher Hubrecht,
Et sâ??il sâ??agissait tout simplement de la bêtise militante et non militaire ? Pourquoi associer lâ??armée ou les consommateurs de boissons alcoolisées à cette intervention ? Bonaparte, de Gaulle, Leclerc, et bien dâ??autres aimaient la culture et les artistes.
Pour la boisson, il me semble que, Picasso, Manet, Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Hugo, Verlaine, Rimbaud, Hemingway étaient des amateurs dâ??absinthe. Gainsbourg, Bécaud, Piaf, Barbara, Ferré,â?¦ ont également consommé de la boisson alcoolisée sans modération y compris des substances toujours illicites en France ou sur le point de le devenir. Ces consommations régulières nâ??ont pas empêché ces artistes dâ??exercer. Au contraire, elles ont stimulé leur créativité.
Mix-Max doit être dépourvu de ces énergies fondatrices. Je lui propose donc de quitter ses amis et de rejoindre un nouveau mentor, en lâ??occurrence monsieur Vélo. Il pourra ainsi stimuler son imagination en consommant sans modération. Ces interventions futures ne pourront donc que se bonifier!
Une autre explication reste possible; la bêtise. Avec ou sans alcool, à lâ??armée ou dans des organisations pacifistes, elle reste présente. Malheureusement, lâ??institut Pasteur nâ??a toujours pas trouvé le remèdeâ?¦
Sans doute avez-vous lu cet article, mais je vais mettre le lien pour tous ceux que cela intéresse.
www.lemonde.fr/web/articl...
La démarche me paraît vraiment intéressante et audacieuse. Je passais encore récemment par Delme, village qui ne me paraît certes pas aussi triste que ne le dit le journaliste, au contraire, mais qui a surtout le "tort" de se trouver un peu au milieu de nulle part, sur la route entre Strasbourg et Metz, après Château-Salins. A aucun moment je n'aurais soupçonné l'existence d'un lieu de création dans un endroit pareil! Mais, tout bien réfléchi, cette initiative, poursuivie sur la durée apparemment, pourrait donner, je l'espère, un véritable rayonnement à la commune, et elle démontre qu'après tout, il n'y a pas de raison pour que l'art soit l'apanage de quelques grands pôles urbains. Dans un autre registre, regardez Marciac, dans le Gers, pas moins isolé que Delme. A l'origine, il ne s'y passait rien non plus, il paraissait même improbable qu'il puisse un jour s'y passer quelque chose, et l'audace a payé!
A propos de culture je vous livre une page de mes carnets de voyage :
MANTOUE (MANTOVA) et les Gonzague.
Vis-à-vis du Palazzo del Capitano, se trouve le Palazzo Ducale. En 1328 les Gonzague intriguèrent contre les Bonacolsi et prirent le pouvoir pour quatre siècles. Tout dabord avec le titre de Capitano del Popolo, puis Marquis et enfin Ducs. Au cours de la seconde moitié du quinzième siècle, Ludovico devint le deuxième Marquis de Mantoue.
Le peintre Andrea Mantegna a réalisé une scène de la famille Gonzague dans le palais ducal. On y voit des courtisans accueillant les nouveaux tenants du pouvoir de Mantoue, et dans un espace somptueux, la famille, le Marquis et sa compagne, Barbara de Brandebourg, les fils, les filles et le secrétaire. Une nouvelle importante vient darriver. On peut voir cette fresque dans la Camera degli Sposi (Chambre nuptiale) où elle fait partie dun cycle pictural du peintre. La marquise Barbara De Brandebourg et Ludovico se sont mariés en 1579. Une naine faisait partie de leur Cour, elle était à leur service. La fille de Barbara et sa gouvernante sont visibles sur la fresque. Sur un deuxième mur, Mantegna nous montre la rencontre entre le marquis et son fils, le Cardinal Francesco. Il se retrouvèrent près de Mantoue, se saluèrent avec emphase et cette rencontre fut cérémonieuse. Des angelots brandissent un tableau rappelant cet événement mémorable. Tout lespace vante la dynastie des Gonzague, leur rang historique, leur conscience de soi. Au plafond, en guise de décor on voit des Césars et au-dessus souvre le ciel. Cest un Chef-doeuvre de lart en trompe-loeil de Mantegna.
Le château San Giorgio se trouve à la partie la plus externe du palais ducal. Il sagit en réalité dune douzaine de palais rajoutés et imbriqués au fil des ans. Chaque nouvelle génération des Gonzague fit construire un nouvel édifice. Au milieu du quinzième siècle lélève de Raphaël, Giulio Romano devint peintre et architecte de la Cour de Mantoue. Cest lui qui créa lallée aux arcades avec vue sur le Mincio et sur la cour de la Galleria della Mostra. Dans cette dernière se trouvent dantiques statues et bustes rappelant les intentions fondatrices des seigneurs de Mantoue : une Renaissance des classiques antiques. Cette salle contenait des oeuvres de Mantegna, du Titien et bien dautres, mais aujourdhui elles se trouvent à Londres, Paris, Madrid. Aux palais correspond également un jardin de vergers et potagers avec des plantes médicinales et aromatiques. Sciences naturelles et astrologie étaient alors les sciences principales. Lhoroscope avait un impact essentiel sur la vie quotidienne, les affaires dEtat et était aussi un thème favori des arts de lépoque. Les Gonzague entretenaient un rapport privilégié avec lart, tous les arts. Cétait leur programme affiché et cela était nettement le cas chez Federico. Ils voulaient faire de Mantoue une deuxième Rome.
Le Giardino Pensiole était une attraction de renommée européenne, un jardin suspendu, carré, paré de plantes dornement et darcades.
Cest dans la salle des réceptions du Palazzo Ducale, quen 1600, Claudio Monteverdi, fêta ses débuts de Maître de Chapelle au service des Gonzague. En février 1607, il y créa la Fable dOrphée, un nouvel art était né : lopéra.
La grandeur de Mantoue dura jusquau dix-septième siècle et coïncida avec le règne des Gonzague. Mais ils sendettèrent et de nombreuses oeuvres peintes furent vendues en Angleterre.
En 1630 des lansquenets envahirent la ville et pillèrent le Palazzo Ducale. Ce fut la fin dune brillante époque.
Aujourdhui, les Mantouans possèdent la culture de la rue et de la place comme à la Renaissance. Cela fait partie de leur art de vivre, de leur sociabilité. Les places sont des lieux ouverts aux échanges de la vie sociale.
Le compositeur Antonio Vivaldi venait fréquemment de Venise à Mantoue pour y diriger ses oeuvres. Larchitecte Antonio Gallibibiena construisit le teatro scientifico. Mantoue, ville des Gonzague devint possession autrichienne en 1717.
Mantoue est essentiellement une ville de la Renaissance. Dans ce contexte, léglise romane, La Rotonda San Lorenzo, disparaît quelque peu. Elle fut commandée par la très influente marquise Matilda De Canossa. Remise au jour récemment, au début du 20ème siècle, elle avait été, en 1579, fermée au culte en raison du vacarme de la place du marché sur laquelle elle ouvrait. Après cette fermeture la partie supérieure fut démolie et la partie inférieure fut enveloppée dans un groupement de maisons qui fut érigé à sa place.
La suite à bientôt.....bonne lecture....
soyons sérieux! il faut une certaine humilité pour parler culture. Il faut aussi une grande écoute, une écoute de qualité! puis il faut des idées et une volonté. En ce moment sur un autre blog on tente de politiser, d'électolariser la culture et par l'intermédiare de qui??? Cherchons à savoir comment le sympathique "lanceur de débat électoro-culturel" s'exprime associativement et gestionnairement; et aujourd'hui sur le blog en question ce qu'il cherche en se manifestant ainsi, pris au sérieux oh miracle par le blogmaster en question.